Mise en ligne le 17 juillet 2017
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Sylvain Kerspern - dhistoire-et-dart.com
Parcours historique de Melun :
Notre-Dame
L'église Notre-Dame figure parmi les rescapés des nombreux monuments qui jalonnaient l'antique cité de Melun. L'édifice est à la fois l'héritier et le témoin de la situation géopolitique particulière de la ville. Elle porte aussi l'empreinte des arts romans, gothiques et renaissants correspondants à certains des temps forts de l'histoire melunaise, de Robert le Pieux à François 1er en passant par Agnès Sorel et Étienne Chevalier.
Ci-contre : Israël Silvestre (1621 - 1691), - Vue de Notre-Dame de Melun, gravure. - Vue de Melun, dessin, Louvre.
Parcours historiques - Autour de Melun - Table générale
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Extérieur
- implantation de l'ancienne église Saint-Étienne et de l'hypothétique ensemble épiscopal, ainsi que de l'aménagement en collégiale;
- élévation, portail renaissance et empreinte royale sur les tours;
Intérieur
- l'architecture : base romane et ornements d'origine;
- l'architecture : l'apport gothique;
- objets mobiliers et monuments subsistants (cf. documentation Ministère de l'Inventaire Général);
- un chef-d'oeuvre dispersé : le diptyque de Melun.
Sylvain Kerspern, Melun, 2017
Jean Fouquet (v. 1420 - v. 1480), Autoportrait. Émail, 7,5 cm de diamètre. Louvre
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De g. à dr., Notre-Dame, Saint-Étienne et Saint-Laurent (?), traces possibles d'un ensemble épiscopal dans le dessin de Silvestre. Louvre
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Relevé d'après Gilson, architecte de la ville des chiffres en bas-relief de la tour sud Melun, BM
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Les deux principaux panneaux du Diptyque de Melun de Jean Fouquet (v. 1420 - v. 1480).
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Jean Fouquet, Heures d'Étienne Chevallier, f°4v. Chantilly.
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Jean Fouquet, Heures d'Étienne Chevallier, f°5r. Chantilly.
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Chronologie abrégée
Cathédrale?
511 : mort de Clovis; le partage issu de sa succession occasionne des troubles affectant particulièrement Melun (voir Discussion Succession Clovis); le pagus melodunensis échoit à Childebert 1er, roi de Paris (511-558), dOrléans (524-532), et de Bourgogne (534-558, en indivision avec Théodebert, son neveu, et Clotaire, son frère), tandis que la civitas senoneni est attribué à Clodomir , roi dOrléans (+524), puis à Théodebert roi dAustrasie (534-548) (Claire Mabire-Lacaille in Art et architecture..., 2000).
538 env.? : Childebert 1er favorise lérection de Melun en siège épiscopal, à quoi soppose Léon, archevêque de Sens (+549) (Yves Gallet, Childebert 1er et le groupe épiscopal de Melun au VIè siècle, Art et architecture..., 2000; voir aussi Discussion Succession Clovis).
561 : mort de Clotaire 1er, frère de Childebert, qui avait réunifié le royaume de Clovis en 558; le pagus melodunensis échoit à Caribert, roi de Paris (561-567),
567 : le pagus melodunensis échoit à Gontran, roi de Bourgogne et dOrléans (567-593);
593 : le pagus melodunensis échoit à Childebert II roi dAustrasie (593-595); son fils Théodebert II, déjà gouverneur de Melun, lui succède au trône dAustrasie.
612 : capture de Théodebert par Thierry II, roi de Bourgogne; la victoire lannée suivante sur ce dernier de Clotaire II, roi de Neustrie, opère une nouvelle réunfication; Melun aura pâti des troubles de la succession de Clovis en 557-558 et 582-583 (Claire Mabire-Lacaille in Art et architecture..., 2000).
Abbatiale ou collégiale?
826, 9 mai : Louis le Pieux/le Débonnaire prend deux églises sous les vocables de Notre-Dame et St-Étienne à Melun sous sa protection (Gallet 1998, p. 250, n.1).
901, 21 août : don de la petite abbaye Notre-Dame du castrum de Melun par Charles III le Simple à Téry (Ph. Lauer, Recueil des actes de Charles III, Paris, 1940, p. 82-83).
991, avant le 14 ou 15 septembre : date du siège de Melun par le roi selon Richer (voir discussion sur le siège de Melun à la fin du Xè siècle); la ville avait été prise par la ruse par Eudes, comte de Blois, qui ambitionnait, par une manoeuvre dencerclement du domaine royal franc (autour de Paris), de détrôner Hugues Capet, roi de France depuis 987, fondateur de la dynastie des Capétiens ayant remplacé celle des Carolingiens.
991, 14 ou 15 septembre : diplôme Hugues Capet et Robert le Pieux en faveur de labbaye de Saint-Père de Melun (Melun. Une île, une ville..., 2006, p. 244, n. 44).
996, octobre : mort d'Hugues Capet auquel succède Robert le Pieux, son fils qui lui était associé depuis 987.
1007 : mort de Bourchard, comte de Melun (Bourel de la Roncière 1892).
Collégiale
1016 (ou 1020?) : mort de Renauld, fils de Bourchard, comte de Melun; le comté revenant dans le domaine royal, on suppose que c'est alors que Robert le Pieux (972-1031), prenant en charge la construction de l'église Notre-Dame - dont il est traditionnellement fait fondateur dans la Vie de Helgaud de Fleury -, aura doté l'édifice d'un collège de douze chanoines dont tout roi de France fait automatiquement partie, ainsi que l'archevêque de Sens, chef du diocèse dont Melun dépend (Yves Gallet in Melun. Une île, une ville..., 2006, p. 56); sur la composition du chapitre, voire Bernard de la Fortelle, Histoire et description de Notre-Dame de Melun, Melun, 1848, p. 51 et suiv.
1031, 20 juillet : mort de Robert le Pieux à Melun.
1161 : mort d'Étienne, archidiacre et abbé, gouvernant le chapitre, lequel présente ses doléances à Louis VII (1120-1180), roi de France à qui la collégiale revient; celui-ci entreprend de financer la reconstruction du choeur et du chevet et le voûtement d'ogives de la nef (Yves Gallet in Melun. Une île, une ville..., 2006, p. 58); le testament d'Étienne mentionne une église Saint-Laurent à côté de celle Saint-Étienne, qui pourrait correspondre avec le bâtiment en ruine sur les gravures de Chastillon et Silvestre (Yves Gallet, id., p. 55).
1183 : bulle de Lucius III, pape levant l'interdit imposé par l'archevêque de Sens sur les églises de Melun, suite à une querelle de préséance - consécutive à la mort de Louis VII? (Yves Gallet in Melun. Une île, une ville..., 2006, p. 58).
1198 : consécration du nouveau choeur par Michel de Corbeil, archevêque de Sens, sans doute en présence de Philippe-Auguste (1165-1223), qui signe des actes de Melun cette année-là (Yves Gallet in Melun. Une île, une ville..., 2006, p. 58).
1261, novembre : mort d'Alix de Corbeil, dont la pierre tombale aurait été autrefois dans l'église, selon le dessin de la collection Gaignières; elle était femme de Ferry de Corbeil, lui-même frère de Michel et Pierre, successivement archevêque de Sens de 1194 à 1220. Toutefois, une pierre tombale similaire - sinon semblable - est signalé par Jean de la Barre en 1647 dans son livre Les antiquitez de la ville, comte et chatelenie de Corbeil (p. 171) dans l'église Saint-Spire de Corbeil. On peut donc se demander s'il n'y a pas eu erreur dans la légende du dessin.
1464 : mort de Denis de Chailly, conseiller et chambellan du roi Charles VII, l'un des principaux protagonistes de la guerre contre les Anglo-Bourguignons en Brie entre 1420 et 1440, inhumé dans la chapelle de la Vierge de l'église avec Denise Pisdoë sa première femme, morte le 6 mars 1442; ( Notice Mérimée; la date de mort, donnée sur cette base du ministère de la Culture comme 1450, est ici rectifiée sur les documents mentionnés dans l'Histoire génélogique de la maison d'Harcourt de Gilles-André de La Roque de La Lontière, Paris, 1662, I, p. 772-774).
1474, septembre : mort d'Étienne Chevallier, conseiller du roi, nommé Trésorier de France en 1452 par Charles VII, inhumé derrière le maître-autel de l'église avec Catherine Budé sa femme, morte en 1452; le monument, disparu, est connu par le relevé pour Gaignières (Bnf); le ministre, ami d'Agnès Sorel, maîtresse du roi, aura, comme elle, contribué à l'enrichissement et la décoration des églises de la ville; Étienne, en particulier, aura donné le Dyptique avec saint Étienne présentant Chevallier à la Vierge et l'Enfant de Jean Fouquet au chapitre de Notre-Dame, que ce dernier a vendu avant la Révolution et dont les éléments subsistants sont partagés par les musés d'Anvers, de Berlin et du Louvre.
1475, 1er décembre : Jean, fils de Denis de Chailly et Denise Pisdoë, en remerciement du fait que ses parents soient inhumés dans l'église, transporte au chapitre, comme don irrévocable, les dîmes qu'en tant que seigneur de Chailly il percevait sur son territoire et la grange y affectée, sous condition de restitution d'une prébende héréditaire dont il serait bénéficiaire (Bernard de La Fortelle, 1843, p. 35).
1515/1524 : dans cet intervalle, François 1er aurait fait procéder à des modifications sur le bâtiment, ainsi datables par les chiffres monumentaux apposés sur la face occidentale de la tour sud, le sien, une salamandre, et celui de la reine Claude de France (1499-1524), mais cette dernière interprétation a été contestée; les portails Renaissance doivent faire partie du même chantier; sa venue à Melun est du moins attestée, pour cette période, à la Fête-Dieu 1518 (Bernard de La Fortelle, 1843, p. 22).
1773, 29 mars : décision du chapitre de supprimer les huit chapelles des doubles bas-côtés de l'église, remontant apparemment au XIIIè siècle, pour « la rendre plus saine, plus claire, plus solide » (Bernard de La Fortelle, 1843, p. 116).
Paroissiale
1790, 18 novembre : le curé de Saint-Étienne et les marguilliers de la paroisse demandent à transférer le service divin paroissial à Notre-Dame, le plafond de leur église menaçant ruine (Notice Inventaire Saint-Étienne).
1790, 13 décembre : inventaire révolutionnaire du mobilier de l'église (Bernard de La Fortelle, 1843, p. 92-93), consécutif, notamment, à la suppression des chapitres en août; elle est rendue au culte en 1796.
1792, 24 septembre : adjudictation des travaux de démolition de l'église Saint-Étienne, effective en 1793 (Notice Inventaire Général IdF Saint-Étienne).
1808, 16 juin : décret prévoyant la création d'une maison centrale de détention en Seine-et-Marne, qui s'installe dans un premier temps dans les bâtiments de l'ancien hôtel-Dieu Saint-Nicolas, flanquant Notre-Dame.(Notice Mérimée Saint-Nicolas).
1816 : projet de réhabilitation du prieuré Saint-Sauveur pour remplacer l'église Notre-Dame dont la destruction est envisagée suite aux travaux d'agrandissement de la maison centrale (Arch. Dép. 77, 4 Op288/1).
1819 : Keramingant, serrurier, réalise la grille du scantuaire ou appui de communion (Bernard de La Fortelle, 1843, p. 65).
1824 : Keramingant réalise les grilles du choeur et des côtés, sur les plans de l'architecte Solente (Bernard de La Fortelle, 1843, p. 65).
1827, 7 juillet : le menuisier Boudet, de Paris, met en place la chaire à prêcher qu'il a faite en bois de chêne (Bernard de La Fortelle, 1843, p. 65).
1840 : Notre-Dame est classée Monument Historique (Arch. Dép. 77, 4 Op288/1).
1844 : l'état des tours de Notre-Dame suscite des inquiétudes, d'autant que les administrateurs de la prison n'ont pas renoncé à empiéter encore sur l'édifice, selon une lettre de l'évêque de Meaux adressée aux membres du Comité historique des arts et monuments (Bulletin Archéologique, séance du 13 mars 1844, p. 100-101).
1853-1859 : importante restauration sous la direction de l'architecte diocésain d'Eugène Millet, restituant notamment les flèches (Yves Gallet in Melun. Une île, une ville..., 2006, p. 56-58).
1948 : Henri Charlier, Notre-Dame des pauvres, 1948, pierre taillée.
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Plan de l'extrémité orientale de l'île situant Notre-Dame, Saint-Étienne, Saint-Nicolas et un « ancien temple », peut-être Saint-Laurent; fin XVIIIè ? Melun, BM.
Chapiteau aux sirènes, 2è pilier nord de la nef, vers 1170-1180.
Dalle funéraire de Denis de Chailly et Denise Pisdoë
Jean Fouquet (v. 1420 - v. 1480), La Vierge et l'Enfant. Huile sur bois. Anvers, Musée royal des Beaux-Arts. Détail du reflet dans la boule du fauteuil du panneau de droite du diptyque de Melun
Jean Fouquet (v. 1420 - v. 1480), Autoportrait. Émail, 7,5 cm de diamètre. Louvre
Documents montrant l'extension progressive de la prison enserrant Notre-Dame puis l'isolant
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