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Sylvain Kerspern - dhistoire-et-dart.com | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Les Stella |
L'héritage de Stella. Notes sur la famille de Masso Mise en ligne le 27 septembre 2021 |
En 1974, le spécialiste de Poussin qu'était Anthony Blunt a publié une étude consacrée aux falsifications opérées par la famille de Masso afin de faire passer des ouvrages de Stella pour des Poussin. C'est sans doute la connaissance de documents londoniens, notamment celle de la vente d'un dénommé Peter de Masso qui l'y a incité. La suite de la Passion est la principale - mais non unique - opération frauduleuse orchestrée par ce dernier, perceptible par l'effacement du nom de Stella sur les gravures de Claudine au profit de Poussin, par exemple sur l'exemplaire de celle ci-contre. Son étude m'a ramené sur cette piste, restée jusque là largement inexplorée. La découverte de nouveaux documents m'incite à y revenir pour éclaircir un peu plus les mystères entourant la succession des Stella. |
Claudine Bouzonnet Stella d'après Jacques Stella (et non Poussin), Le Christ revêtu de la robe des fous. Gravure. Env. 45 x 35 cm. Lyon, Musée des Beaux-Arts |
Nota : Grâce aux documents mis en ligne, à la disponibilité de Benoît Faure-Jarrosson, Julie Sage-Cheynet et Jean-François Viel, j'ai pu disposer de pièces inédites et réviser certaines manifestement mal lues. Sans prétendre à l'exhaustivité, je crois avoir fait un balayage suffisant pour clarifier le fil partant d'Antoine de Masso, notaire de l'Arbresle, pour aboutir au Londonien d'adoption que fut Pierre de Masso. J'ai eu le bonheur, en suivant cette trace, de retrouver l'ami Jacques Stella dans sa prime jeunesse.
Je n'aime guère multiplier les notes, on m'en a fait grief sur la considération que leur absence ôterait tout caractère scientifique au texte. La plupart des études sur ce site en sont dépourvues pour garder à la lecture sa fluidité et je laisse le loisir de décider si elles en sont peu scientifiques. Cette règle, dans nombre d'articles, sert principalement et parfois uniquement à préciser une référence bibliographique que je préfère indiquer en abrégé (nom de l'auteur et date de publication entre parenthèses), le lecteur pouvant la retrouver dans la bibliographie à la suite; en outre, un certain nombre de références peuvent, sur Internet, faire l'objet de liens. J'ai toujours pensé, à la suite d'un de mes professeurs, qu'y ajouter un commentaire de quelque ampleur n'avait pas lieu d'être : soit elle éclaire le corps principal de l'étude, et elle doit en faire partie; soit elle distrait de son propos, et elle lui nuit. Pour cette fois, et pour que ce site atteigne enfin à la grandeur scientifique - enfin surtout pour éviter de multiplier des références d'archives peu lisibles en soi -, on trouvera en marge de quoi satisfaire un tel appétit. |
Les cousins de Claudine Bouzonnet Stella et leur ascendants |
Tout commence donc, dans la part prise par les de Masso à la perpétuation du fonds Stella, avec les legs faits par Claudine Bouzonnet Stella en 1693, confirmés en 1695, et exécutés en 1697, à ses cousins germains Michel, graveur, et Simon, peintre. On peut nettement amplifier les informations les concernant, et corriger certaines d'entre elles. |
1. A.M. Lyon, 1GG30, f°67r. Les registres paroissiaux de Lyon subsistants peuvent être consultés ici.
2. A.M. Lyon, 1GG31, p. 200. 3. A.M. Lyon, 1GG32, 189 pour Anne; 1GG32, 584 et 1GG33, 21 pour André en 1664; 1GG34, 363 pour Françoise en 1667; 1GG36, 114 pour une fille ondoyée le 8 octobre; 1GG36, 433 (belle signature du père) pour Jeanne en avril 1672, inhumée le 29 juillet 1674 (1GG143, n°1916). 4. A.M. Lyon, 1GG143, p. 89 pour la sépulture; A.D. 69, 10GG1, n°175 pour le baptême en 1618. Les archives paroissiales de L'Arbresle sont en ligne ici. 5. A.D. 69, 10GG1, n°116 (année 1624 des mariages); n°663 (année 1628 des baptêmes). |
Michel, ou Michel-François est baptisé à Lyon (St-Nizier) le 9 août 16541, Simon, le 8 juillet 16582. Ils sont tous deux fils de François, marchand libraire. Il faut corriger la notice de l'ouvrage de Sylvie Martin-de Vesvrotte et Henriette Pommier (2002) consacrée à ce dernier. Elle ne mentionne qu'un autre enfant du couple avec Catherine Savary, Anne en 1662, alors que j'en ai trouvé quatre de plus3. S'il meurt bien en 1676, et est inhumé le 25 septembre avec pour titre « imprimeur d'image », il faut faire remonter la date de naissance donnée dans la notice de dix ans, puisqu'il est baptisé le 21 janvier 1618, non 1628, à L'Arbresle4.
Le père de François, « Domino de Masso » époux de Claudia Jacquier, est prénommé Jean aux baptêmes dans la même paroisse d'autres enfants du couple : Michel le 26 mars 1608 -le père est dit notaire royal à L'Arbresle -, Jean le 19 octobre 1616 et un second Jean le 25 février 1621. Le libraire François est donc le fils d'un notaire prénommé Jean, non François. S'il se forme au métier de libraire auprès du père de sa future épouse, son installation en 1640 auprès de lui a lieu non à 12 mais à 22 ans. Il est établi comme marchand libraire au plus tard en 1649, année mentionnée dans une de ses premières publications, Les récréations litérales et mystérieuses d'Antoine Dobert. Il semble que la mère de François, Michel et des deux Jean n'ait guère survécu à l'accouchement de ce dernier, et le notaire se remarie avec Jeanne Desgouttes, de Lyon, le 8 juillet 1624; des enfants qui s'ensuivent, nous aurons à reparler de Guillaume, baptisé le 24 novembre 16285. |
Baptême de François, fils du notaire Jean de Masso en 1618. |
Baptême de Michel, fils du notaire Jean de Masso en 1608. |
6. A. D. 69, 1 J 458; documents vérifiés grâce au précieux concours de Julie Sage-Cheynet. Adeline Chanellière (2020, p. 46) restitue approximativement le nom du notaire donateur en 1572.
6bis. A. D. 69, BP3676, 10 janvier 1563. 6ter. A. D. 69, BP3669, 7 février 1572. |
Il fallait compléter les dépouillements pour établir le lien que la mère de Jacques Stella, Claudine de Masso, pouvait avoir avec lui. Qui était le père de Jean, celui de Claudine s'il était différent?
Les archives du Rhône conservent le contrat de mariage d'un Antoine de Masso, notaire à l'Arbresle, avec Magdeleine Valad, veuve de Jean Chenevières en 1547. La même liasse le mentionne encore en juillet 1572 comme Antoine l'aîné, qui suppose un Antoine le jeune son fils, pour une donation en faveur de sa fille Marguerite, épouse d'Antoine Chenevier (ou Chenevière), deux ans avant la naissance supposée de Claudine selon le dessin de Jacques Stella, qui donne à sa mère 80 ans en 16546.
Marguerite s'était mariée en 15636bis, accentuant l'écart éventuel d'avec Claudine dont le lien sororal devient improbable. Le futur est dit fils de Madeleine Vallard, la seconde épouse d'Antoine de Masso dont Marguerite était la fille de son premier mariage.
En 1572 encore, le 7 février, Antoine le père fait donation à sa femme, Madeleine Valla, au cas ou, après son décès, elle ne pourrait ou voudrait résider avec son héritier6ter. L'acte fait certainement suite à un autre du 4 février mentionné sur le site Geneanet, dans lequel ledit héritier, Antoine de Masso le jeune, doit se marier avec Jeanne Megret. Je ne l'ai pas encore consulté, mais il n'importe qu'à demi car il n'apporterait rien au propos de cette étude. En revanche, les archives en ligne ont délivré un certain nombre d'actes de baptême à rapporter à cette union que semble ignorer l'auteur de ladite page généalogique, ce qui va m'amener à discuter l'ordonnancement qu'il prête aux enfants successifs d'Antoine et Jeanne, dont une certaine Claudine. |
7. AD 69, BP 3756.
8. Ces actes paroissiaux pour L'Arbresle sont sous la cote 10GG1 aux Archives départementales du Rhône, consultables en ligne ici. |
Les insinuations conservent le testament du 16 octobre 1584 et le codicille du 3 mai 1590 par devant Michel Talebard 7. Le premier mentionne les légataires, Antoine, Pierre, un autre Antoine, Claudine, Madeleine, Marguerite et Marie, et Jean, héritier universel, aucun d'eux n'ayant encore atteint l'âge de vingt ans; à quoi le second ajoute en 1590 Laurent, Henry et Jeanne, nés depuis. Les lacunes des registres paroissiaux sont nombreuses, notamment avant septembre 1573 et de 1586 à 1593 ou en 1595, sachant que nous n'avons plus pour toute cette période que les actes de baptême et que certains feuillets manquent manifestement dans ce qui est conservé. Pourtant, ce qui reste rencontre les informations du testament, qui nomme également la femme du notaire, Jeanne Megret, et son frère Pierre de Masso.
Le premier enfant retrouvé est Jean, baptisé le 1er mai 1575 8 (ci-contre). Est-ce l'héritier universel de 1584, parce que premier mâle, non nécessairement premier des enfants? C'est vraisemblable même s'il n'est pas impossible qu'un autre Jean soit né entre la fin de 1572 et l'été 1574, l'un des deux étant mort en 1584. Puis vient dans les registres conservés Madeleine, le 24 août 1579 (ci-contre). Une des marraines, Madeleine Valad, porte nom et prénom de l'épouse d'Antoine le père; il doit s'agir de la grand'mère de l'enfant. L'autre marraine, Madeleine Cheneviere, doit être de la famille de l'époux de Marguerite de Masso, la donataire de 1572, et du premier époux de Madeleine Valad. Le parrain est « son frère Pierre », frère du notaire, vraisemblablement : parmi les héritiers de 1584, Pierre, dont le baptême nous manque, est nommé après Antoine et a fortiori Jean. Quand bien même le Jean de 1575 ne serait qu'un second enfant de même prénom, ce que je ne crois pas, et en respectant l'ordre de l'inventaire, Pierre ne pourrait avoir plus de trois ans. Troisième enfant retrouvé dans les archives, Marie a pour parrain en 1583 « Pierre de Masso son frère »(ci-contre). Ce dernier doit encore être l'oncle de la fillette. Un nouvel enfant, Antoine est baptisé le 4 septembre 1584, quelques semaines avant le testament qui doit le citer comme le second Antoine et dernier des enfants mâles alors. Ceci implique qu'il ne faut pas considérer l'énumération des enfants dans les documents de 1584 et 1590 comme suivant prioritairement la chronologie des naissances. En réalité, l'ordre se comprend selon les intentions testamentaires d'Antoine, différenciant garçons et filles avant de les classer suivant leur âge, l'héritier universel, Jean, étant l'aîné mâle. Leur père, Antoine de Masso notaire royal, apparemment rétabli, est parrain le 18 mai 1585. Après une lacune de plusieurs années, les actes révèlent un fils de « dame Marguerite de Masso » dont le parrain est Antoine de Masso le jeune, fils de feu me Antoine de Masso, baptisé le 12 octobre 1596 (ci-contre). Le notaire est donc mort entre le 3 mai 1590, date du codicille, et le 12 octobre 1596. Cette dernière année est celle du baptême de Jacques Stella, fils de Claudine, dont le premier enfant d'avec François Stella est baptisé le 31 décembre 1593, avec pour parrain et marraine Pierre et Jeanne Demasso. Tout cela cadre avec l'énumération du testament de 1584 si l'on tient bien compte de la priorité donnée au genre dans l'ordonnancement des enfants, listant les garçons avant les filles. Toutefois, cela ne permet pas de dire avec assurance la place prise par Claudine de Masso, mère de Stella, dans la succession des enfants du notaire. Où situer sa naissance? Entre Jean né en 1575 et Madeleine, baptisée en 1579, puisque Claudine est nommée avant elle dans le testament de 1584? Ou en 1573-1574, ce qui, en fonction de la naissance de Jean en mai 1575, ferait d'elle l'aînée des enfants d'Antoine et Jeanne Mégret? Le registre de 1573-1575 s'ouvre sur le baptême d'un enfant dans les semaines avant septembre 1573 dont le nom ne peut être connu mais dont la marraine a pour nom de Masso. Quoiqu'il en soit, que Claudine soit la fille du notaire Antoine, et la sœur de son successeur en cet office Jean, est donc très vraisemblable. Un nouveau document, inespéré voire inattendu, va en administrer la preuve irréfutable. |
Baptême de Jean, fils du notaire Antoine de Masso en 1575. |
Baptême de Madeleine, fille du notaire Antoine de Masso en 1579. |
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Baptême de Marie, fille du notaire Antoine de Masso en 1583. |
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Baptême d'Antoine, fils du notaire Antoine de Masso en 1584. |
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Baptême d'un fils de Marguerite, fille de feu le notaire Antoine de Masso, 1596. |
9. A. D. 69, 10GG1, 25 décembre 1615 (consultation août 2021). | En ouvrant mon enquête sur les de Masso après la disparition de Jacques Stella, je ne m'attendais pas à le voir réapparaître dans sa prime jeunesse, qui plus est... à Noël. C'est en effet en ce jour de 1615 qu'il endosse à 19 ans le rôle de parrain dans la paroisse de sa mère et de son grand'père9. L'acte est reproduit, transcrit et traduit ci-contre. L'officiant souligne l'estime des de Masso - dont témoignera encore Félibien - en donnant à Stella un titre et en le situant comme neveu du notaire du lieu; plus encore, il présente Marguerite Demasso comme sa tante et non en relation avec le baptisé ou sa famille. Il pouvait y avoir un doute sur la traduction de nepos, neveu ou petit-fils, mais la connaissance des autres actes, en particulier celui du baptême du fils de la même Marguerite en 1596 cité juste avant, qui dit le notaire Antoine mort, impose Jean pour prénom au notaire cité en 1615. Il ne peut donc plus faire de doute que Claudine de Masso, mère de Jacques, est la sœur du notaire Jean, et la fille de son prédécesseur dans cet office Antoine. Le marchand libraire François de Masso (1618-1676), pour sa part, sera le neveu de Claudine et le cousin de notre peintre. |
Die 25 mensis decembris 1615 Ego baptizavi unum filium Claudio DECUREL genero LARGE et uxori ejus Claudiae GANTILLION Arbrellae alias LARGE. Patrinus Dominus Jacobus STELLA pictor et nepos domini DEMASSO notarii Arbrellae, matrina amitta ejus Ma(r)garita DEMASSO et Francisca DURAND, filia domini DURAND, notarii regalis Arbrellae, nominatus Jacobus, natus 24 hujus, in cujus rei testimonium fidem facio his praesentibus literis. Le 25 du mois de décembre 1615 J'ai baptisé un fils à Claude DECUREL, gendre LARGE, et à sa femme Claude GANTILLION, autrement LARGE, d'Arbresle. Le parrain maître Jacques STELLA, peintre et neveu de Me DEMASSO, notaire d'Arbresle, la marraine sa tante Marguerite DEMASSO et Françoise DURAND, fille de Me DURAND, notaire royal d'Arbresle, nommé Jacques, né le 24 de ce mois, en foi de quoi je l'atteste par ces présentes lettres. (Transcription et traduction facilitée par le concours de Jean-François Viel) |
Claude Decurel, le père du filleul de Stella, qualifié en 1619 d'agricola (cultivateur, fermier), avait apparemment sollicité les notaires du lieu, de Masso et Durand, et le premier aura suggéré son neveu. Jacques séjournait-il dans la paroisse berceau de sa mère? Vint-on le chercher à Lyon? Le cas ne me semble pas si fréquent que de voir sollicité en dehors du cercle familial un si jeune homme. Faut-il lire dans sa présentation faite par le curé le reflet de l'impression avantageuse, déjà, par l'allure plus que par le physique, qu'il pouvait donner et qui lui vaudra, par la suite, d'être si favorablement reçu y compris dans les cercles les plus relevés? C'est peut-être trop extrapoler mais cela augure, tout du moins, d'un tempérament sociable assumé, en même temps que d'une première formation de peintre achevée, à quelques mois de son départ pour l'Italie, où il doit se retrouver durant l'hiver 1616-1617. |
Autour de Michel et Simon, sans oublier Guillaume. |
10. A.M. Lyon, paroisse St-Nizier, 1GG31, p. 33, n°265 (Anne, 25 mai 1657); 1GG32, p. 109 (Claudine, 29 septembre 1661); 1GG33, p. 126 (Françoise, janvier 1665); 1GG34, p. 301 (Anne, juin 1667); 1GG35, p. 117 (Antoine, 1er mai 1668); 1GG37, p. 150 (Fleury, 22 janvier 1673).
11. A.M. Lyon, paroisse St-Nizier, 1GG53, p. 34 (remise du mariage de 1699 dans une autre paroisse); 1GG55, f° 4 (Catherine, 13 janvier 1700, Guillaume, maître relieur); 1GG58, f° 94 (Jean-Jacques, 20 juin 1704, marraine Françoise fille de sieur Guillaume D., bourgeois). 12. Martin-de Vesvrotte et Pommier 2002, p. 60. 13. A. D. 69, 112G2, Lentilly (30 avril 1666; 18 juin 1667; 12 mai 1679). 14. A. D. 69, 3E1412, 29 juin 1707 (en ligne ici). |
Cet article ne vise pas à constituer une généalogie des De Masso mais souhaite les aborder dans leur rapport à Stella. On me permettra donc de négliger certains des noms qui vont être avancés pour me concentrer sur Michel, Simon, Claudine et Guillaume, héritiers de Claudine Bouzonnet Stella, le dernier désigné comme marchand libraire.
On connaît un Guillaume de Masso, nous l'avons vu, demi-frère de François de Masso, père de Michel et Simon, baptisé en 1628. Mes recherches n'ont, à ce jour, livré aucun autre homme pareillement nommé et prénommé, et de cette profession à Lyon et aux environs, sur la période qui nous occupe. Il figure parmi les signataires des nouveaux statuts des marchands libraires et relieurs de livres de Lyon en mars 1656. Il baptise un certain nombre d'enfants de son union avec Jeanne Joannon entre mai 1657 et janvier 1673 (au moins)10. Le 22 de ce dernier mois, il présente Fleury, qui se marie le 4 mars 1699 avec Marie Troussière. Leur premier enfant, Catherine, a pour enfant son grand'père Guillaume, encore mentionné au baptême d'un autre petit-enfant en 1704 11. C'est donc très vraisemblablement lui le légataire de Claudine, qui lui transmit partie de sa bibliothèque. À la mort de son demi-frère François, en 1676, il avait assumé la charge de tuteur de ses enfants12. On trouve mentionnées les sépultures de certains de ses propres enfants à Lentilly, où il avait une maison de campagne13 - on la retrouvera plus loin. Il est donné pour mort lorsque Marie, sa fille, se marie à L'Arbresle, proche de Lentilly, suivant le contrat du 29 juin 1707 chez le notaire Challamel14, passé aux Mollières, dans une maison des de Masso où pourrait bien être venu Stella en 1615, puisque c'est déjà là que le notaire Antoine de Masso avait dicté son testament en 1584. C'est pourtant surtout à Lentilly, non loin de là, et plus précisément à Monsouvre, que nous allons retrouver les de Masso. Retournons d'abord à Lyon auprès des enfants de François de Masso. |
Françoise, fille de Guillaume de Masso, marraine en 1704 |
Contrat de mariage de Marie de Masso, fille légitime de deffunct sr. Guillaume de Masso, bourgeois de Lyon et dame Jeanne Jouanon avec Jean Farge, extrait (AD69, 3E1412, 29 juin 1707) |
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fait et passé aux Mollieres paroisse de Larbrelle maison dudit feu sr. de Masso où ladite épouse habite il y a longtemps... (autre extrait du même contrat) |
15. A.M. Lyon, paroisse St-Nizier, 1GG34, 363 (23 septembre 1667).
16. A. D. 69, 112 GG 4, Lentilly (16 août 1740). 17. A.M. Lyon, paroisse St-Nizier, 1GG145, n°3019. 18. A.M. Lyon, paroisse St-Nizier, 1GG43, 227 (1686); 1GG44, (1687), 261 (1688); 1GG46, 107 (1692); 1GG47, 52 (1693); 1GG49, 15 (1695); 1GG52, f°64 (1698) . 19. A.D.69, 3 E 2718 (4 octobre 1733); A.D.69, 3 E 6790 (29 juillet 1737). Voir aussi Lesley Ellis Miller 2015, p. 132. 20. Notices Demasso par Sylvie de Vesvrotte (2009) dans ce dictionnaire en ligne ici; avec l'aimable secours de Vladimir Nestorov. 21. A. D. 69, 112 GG 4, Lentilly (années 1731 et 1748). 22. A. D. 69, 3 E 7861 (24 octobre 1748). |
Il faut dire, avant tout, un mot de Claudine, que la nièce de Jacques Stella dit, en 1693, sa filleule. S'agit-il de la fille de François baptisée le 23 septembre 1667, même si l'acte ne la dit pas marraine15? Je ne peux écarter une naissance m'ayant échappé, même si elle ne pourrait apparemment prendre place que vers 1673-1674, après la naissance de Jeanne en avril 1672, dernière fille du couple de François et Catherine Savary. Elle est inhumée le 16 août 1740 à Lentilly. Le curé la dit « de la ville de Lyon résidente de cette paroisse depuis plusieurs années » et mentionne pour témoin Pierre de Masso son neveu16. Ce qui ne se comprend qu'en revenant à Simon, père de ce dernier.
Le fils cadet de François, peintre de son état, est celui pour lequel les documents sont les plus abondants. Marié le 29 octobre 168417 avec Claudine Garinot, il baptise plusieurs enfants à Saint-Nizier de 1686 à 1698, Jeanne le 28 mars 1686, Michel le 8 mars 1687 (dont l'oncle Michel graveur est parrain), Étienne le 5 juin 1688, Pierre le 28 juillet 1692 (dont la marraine est la fille du peintre Germain Panthot, et que l'on peut identifier avec le neveu de Claudine en 1740), un second Michel le 11 décembre 1693 (dont l'oncle Michel, graveur, est témoin), Claudine-Françoise le 13 mai 1695 et Catherine, le 21 avril 169818. Simon figure comme signataire des statuts des marchands libraires et relieurs de livres de Lyon en 1717, comme Guillaume, le demi-frère de son père en 1657. Grâce à la grande disponibilité de Julie Sage-Cheynet, j'ai pu consulter les deux testaments de l'héritier de Claudine Stella, de 1733 et 173719. À quatre ans d'intervalle, de profonds changements interviennent. Le premier égrène les legs particuliers à Étienne, Pierre et Catherine avant d'instituer Michel, l'aîné des enfants survivants (donc le Michel baptisé en 1687), son héritier universel, le priant de prendre soin de son épouse tout en prévoyant une éventuelle difficulté de cohabitation. Il exprime la volonté qu'aucun inventaire « en justice ni autrement » ne soit fait estimant que ses biens mobiliers, outils, dettes actives et autres effets mobiliers « ne sont de valeur que de la somme de deux mille livres à laquelle il les a justement apréciés par son présent testament ». La volonté de dissimulation est évidente, quelqu'en soit la raison. Si elle ne fut pas respectée puisqu'un inventaire fut insinué à la sénéchaussée du Lyonnais en janvier 1738, le document est malheureusement aujourd'hui manquant. Le second testament pourrait bien entériner la difficulté pressentie à vivre sous le même toit de son épouse et de son fils aîné, même s'il évoque « ce qu'il peut (...) avoir payé ou fourny cy-devant de quelque manière que ce soit ». Simon destine explicitement à la première le domaine de Lentilly, « venant de lhoirie de Sr François Demasso son père située à Lentilly en Lyonnais », sans doute la maison de Monsouvre, mais aussi ses effets mobiliaires estimés cette fois à hauteur de quinze-cents livres, parmi lesquels « les ouvrages de pinture, planches de cuivre, estampes »; il ne prévoit plus pour Michel que deux-cents livres, comme à Étienne et Catherine. L'héritier universel, pour le surplus, est désormais Pierre. Simon meurt à Lyon le 7 janvier 1738. Je reviens plus loin sur le peu d'information que cela peut donner sur la transmission de l'héritage des Stella. Michel, frère de Simon et héritier de Claudine Bouzonnet, est beaucoup moins documenté, y compris sur sa mort : j'ignore d'où provient la date donnée par Sylvie de Vesvrotte dans le dictionnaire Allgemeines Künstlerlexikon Online « vers le 8 janvier 172520. Je vais en proposer une autre, bien plus vraisemblable. Michel ne semble pas s'être marié. Or les registres paroissiaux de Lentilly nous délivrent deux Michel de Masso enterrés dans son église, le 29 décembre 1731 et le 24 octobre 174821(ci-contre). Une certaine logique fait du premier le graveur légataire de Claudine Stella, le second, qualifié de peintre, le fils de Simon dont il aura repris le métier. Ce dernier avait passé un ultime testament le jour même de sa mort, apparemment - le contrat semble contredire la mention du curé qui le dit mort la veille de son inhumation le 2422 (reproduit ci-contre). Le document mentionne son frère Pierre et sa sœur Catherine, ainsi que « son cher et bien aimé neveu » Pierre, qu'il fait son légataire universel. Ceci concorde avec les testaments de Simon, leur père, de 1733 et 1737. Attardons-nous sur Michel(-François) (1654-1731). J'ai réuni en annexe un catalogue de ce que l'on peut trouver en ligne de ses productions pour l'édition, de 1685 à 1714. Le graveur aura demandé à son frère Simon le dessin de Stella pour l'Annonciation insérée dans le Missale romanum de Lyon, de 1707 (ci-dessous). Placer sa disparition en 1731 implique de voir en lui le vendeur auprès d'un marchand de Lyon en 1725 des planches de la Passion par Stella évoqué par Mariette. Il avait également reçu l'ensemble des trente peintures qu'elles traduisaient en partie et la Vie de la Vierge en 22 dessins, soit les deux suites passées ensuite sous le nom de Poussin, sur lesquelles je vais revenir. |
Sépulture à Lentilly de Claudine de Masso en présence de son neveu Pierre, 16 août 1740 |
Testament de Simon Demasso de 1733, deux premières pages (sur trois). A.D.69, 3 E 2718 (4 octobre 1733) |
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Testament de Simon Demasso de 1737, deux premières pages (sur trois). A.D.69, 3 E 6790 (29 juillet 1737) |
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Sépulture à Lentilly de Michel de Masso, « bourgeois de Lyon décédé hier dans cette paroisse » en présence, notamment, de Jean Farge, certainement l'époux de Marie Demasso en 1707, 29 décembre 1731 (la date ajoutée après coup donne pour année 1732 mais peut être corrigée grâce à l'acte suivant, du 3 janvier 1732) (AD69, 112G4, 1731) |
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Testament de Michel de Masso, 24 octobre 1748, passé chez le contractant à Monsouvre, paroisse de Lentilly (AD69, 3 E 7861). (Clichés pris et aimablement transmis par Julie Sage-Cheynet) (...)Fut présent Michel Demasso peintre demeurant à Lyon actuellement à la maison de campagne située au territoire de Monsouvre (...) Donne et lègue ledit testateur à sr Pierre Demasso son frère et demoiselle Catherine Demasso sa sœur à chacun la somme de cinq livres pour tous droits de prétentions qu'ils pourroient avoir l'un et l'autre dans sa succession (...) Et quant au surplus (...), il veut et ordonne que le tout appartienne aussitôt... ... après son décès au sieur Pierre Demasso son cher et bien aimé neveu lequel il institue pour cet effet son légataire universel (...). |
Deux Pierre comme point d'orgue |
23. A.M. Lyon, paroisse Notre-Dame de Platière, 1GG324 (29 octobre 1724).
24. A.M. Lyon, paroisse Notre-Dame de Platière, 1GG324 (17 février 1726). 25. A.M. Lyon, paroisse Notre-Dame de Platière, 1GG324 (19 mai 1728). 26. A.M. Lyon, paroisse Saint-Nizier, 1GG158, p. 226 (mariage du père d'Horace Coignet, 1727); 1GG145, n°3785 (mariage du grand'père maternel d'Horace Coignet avec Antoinette Garinot en 1689). 27. A.M. Lyon, paroisse Notre-Dame de Platière, 1GG331 (20 février 1753). 28. A.D.69, 3 E 7864A (2 octobre 1757); A.M. Lyon, paroisse St-Pierre-Saint-Saturnin, 1GG625, 192 (1er novembre 1757). 29. A.M. Lyon, paroisse St-Pierre-Saint-Saturnin, 1GG623, p. 202 n°1053 (19 novembre 1753); 1GG625, p. 24 n°116 (9 février 1756). 30. A.M. Lyon, paroisse St-Pierre-Saint-Saturnin, 1GG628, f°86r/55 (10 mai 1763). 31. A. D. 69, 3 E 7867, Sanseigne notaire (25 octobre 1768). 32. A.D. 69, 4 E 1886. 33. A. D. 69, 2 B 267, 24 mars 1773. |
Notre voyage à travers la généalogie des Demasso a pour point d'orgues le cas des Pierre père et fils, évoqué par le testament de Michel (le peintre), comme pour revenir à la source de ce qui a motivé cette étude : la transcription et l'analyse du testament et de l'inventaire parisiens de Pierre de Masso de 1787. Le document donne quelques pistes permettant de remonter dans le XVIIIè siècle. Des documents complémentaires cernent plus nettement le cours de leur lignée.
Commençons par le mariage de Pierre père, peintre, avec Jeanne-Marie Gabrilla(t) (ou Grabrillan, ou Gabria) dans le registre de Notre-Dame de Platière de Lyon en ligne le 29 octobre 172423(ci-contre en haut). Il peut être identifié avec le fils de Simon baptisé le 28 juillet 1692 indiqué plus haut. La cérémonie se fait en présence de son père et de deux frères, Michel et un Pierre inconnu par ailleurs dont on peut soupçonner qu'il ait été confondu avec Étienne par le curé. L'orthographe de l'épouse pose problème aux officiants, au point que lors du baptême de leur premier enfant, Suzanne, le 17 février 172624(ci-contre ensuite), le curé se croit obligé de corriger le nom donné par Pierre Demasso sur la foi de l'acte de mariage. Le second enfant est Pierre, baptisé le 19 mai 1728, toujours dans la même paroisse25(ci-contre ensuite); sa marraine est sa grand'mère, Claudine Garinot. C'est vers ce temps, le 21 octobre 1727, que le père d'Horace Coignet épouse Jeanne Oudinet, fille de Louis et Antoinette Garinot, sœur de Claudine dont le mariage remontait au 16 septembre 168926. Lorsque son oncle Michel teste en sa faveur, en octobre 1748, Pierre n'a donc que 20 ans. C'est peut-être parce qu'il n'est pas encore majeur lors du premier mariage de sa sœur Suzanne avec Benoît Nanterme, le 20 février 1753, toujours à Notre-Dame de Platière, qu'il n'y signe pas27. S'il l'est lorsqu'elle se remarie avec Joseph Doy en 1757, il ne signe pour autant ni au contrat, ni à la célébration, cette fois en l'église Saint-Pierre-Saint-Saturnin28. Entre-temps étaient nées deux filles de la première union de Suzanne, Marie-Magdeleine Nanterme tenue par sa grand'mère (le curé l'appelle Marie-Madeleine Babole Demasseau...) le 1er novembre 1753, et Matthie Nanterme le 9 février 1756, dont le grand'père est parrain, seule mentionnée dans l'inventaire de Pierre de Masso de 178729. Leur mère est inhumée dans la même paroisse Saint-Pierre-Saint-Saturnin le 10 mai 176330. On retrouve Pierre le fils à Lyon le 25 octobre 1768 lorsqu'il passe, avec son père, une procuration générale en faveur de Guillaume Antoine Blanchon, avocat en parlement, qui mentionne sa tante encore vivante Catherine, baptisée en 169831. Il est dit « aussi peintre et bourgeois originaire de Lyon demeurant ordinairement en la ville de Londre en Angleterre de présent en cette ville logé chez ledit sieur son père ». Son inventaire de 1787 évoque, par ses papiers, son activité outre-Manche, dans le cadre de séjours suffisamment prolongés pour que plusieurs enfants y naissent. Il mentionne une fille unique survivante de son union avec Suzanne Buffin dite Hervey, une autre Suzanne de vingt ans passés, dont on peut retrouver l'acte de baptême le 11 février 1766, à Saint-Paul... mais de Covent Garden, à Londres. Les registres donnent encore, avec des orthographes approximatives pour le nom de Demasso, le baptême de William (Guillaume) le 11 septembre 1768 et de Peter le 25 septembre 1774, qui n'auront guère survécu. Il est vraisemblable qu'un quatrième enfant précède les trois autres, Daniel, fils d'un Peter Mason et de sa femme Suzanne, dès février 1760. Si le nom de son épouse, Buffin, semble bien renvoyer au Lyonnais, Pierre le fils s'était donc durablement installé dans la capitale anglaise, au moins de 1760 à 1778. Pierre le père est mort à Lentilly dans la maison de Monsouvre, selon l'acte de son inhumation du 22 mars 177332. Joseph Doy, son beau-frère, signe comme témoin. Deux jours plus tard, dans le cadre de la justice seigneuriale du Lyonnais, est fait procès-verbal de l'apposition de scellés, qui le dit mort le 2133. Son fils se présente le 20 septembre pour prétendre au bénéfice d'inventaire pour ce qui se trouve de la juridiction de Lentilly, La Tour de Salvagny et dépendances. Ce dernier, commencé le 1er octobre, dit Pierre fils peintre demeurant ordinairement à Paris. On n'en tire malheureusement guère plus, le domaine de Monsouvre consistant en un lieu de villégiature. Tout juste peut-on relever l'indication que ce domaine appartenait à Michel, qui l'avait légué à son neveu par le testament de 1748; et celle des deux baux à fermes contractés par « les sieurs père et fils Demasso » le 9 janvier 1760 et 25 octobre 1768 - le jour même de la procuration générale à Blanchon. Les voyages formant la jeunesse, le fils l'entretint manifestement durant les vingt-cinq ou trente dernières années de sa vie entre Lyon, Paris et Londres - sans doute pas seulement, je vais y revenir. Si les découvertes présentées ici sont nombreuses, et certaines, tel le parrainage par Jacques Stella dès 1615, heureuses, il manque à la pleine réalisation des objectifs d'une telle étude autour des héritiers de Claudine Bouzonnet Stella des documents permettant d'en suivre la conservation et la dispersion progressive. Point d'inventaire des demeures principales du graveur Michel en 1731, perdu celui du peintre Simon en 1738. Un dépouillement par sondage suivant les pistes notariales égrénées dans ces documents en révèlera-t-il quelque jour l'un ou l'autre? |
Mariage de Pierre, fils de Simon Demasso et Claudine Garinot, avec signatures de l'époux et de son père 29 octobre 1724. |
Baptême de Suzanne Demasso dont le parrain est Simon, son grand'père, 17 février 1726 |
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Baptême de Pierre Demasso, 19 mai 1728 |
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Mariage de Suzanne Demasso avec Benoît Nanterme, 20 février 1753 |
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Mariage de Suzanne Demasso avec Joseph Doy, 1er novembre 1757 |
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Procuration générale de Pierre Demasso père et fils, 25 octobre 1768 |
Quels contours pour la dispersion? |
34. A.M. Lyon, paroisse Saint-Nizier, 1GG55, f°4r (13 janvier 1700); 1GG63, f°3v (7 janvier 1707.
35. Paris, A.N., MC, LXXXVIII, 317, inventaire après décès de Claudine, commencé le 19 octobre 1697; curieusement, ce passage important n'est pas repris dans la remarquable collation par Mickaël Szanto du Testament et inventaire publié par Guiffrey (1877) avec le document notarié du catalogue de l'exposition de Lyon-Toulouse (2006, p. 257). |
Paléographie et généalogie sont très utiles à l'histoire de l'art : on peut tirer de ce qui précède quelques enseignements et des hypothèses voire des questions nouvelles. La transmission peut, à peu de choses près, être tracée, à partir des documents, du testament et inventaire de Claudine Bouzonnet Stella et de Mariette.
Plusieurs lots concernent les de Masso. Le premier est celui reçu par Guillaume, à qui Claudine destine deux tableaux de son oncle : une Sainte famille, un ange à genoux qui tient un panier de raisin et fruit, dans un paysage, de deux pieds de haut sur trois (environ 65 x 97 cm; n°11 de l'inventaire); le second, une autre Sainte famille, la Vierge assise au bas tenant le petit Jésus, figures entières, st Joseph tient un raisin, dans un paysage (n°15; 1 pied et demi de long sur 2, env. 65 x 49 cm). Les deux tableaux n'ont pas reparu, que je sache. Je reviens plus loin sur le premier. Si le thème se rapproche du Repos de la Sainte Famille du Prado (1652), le format en hauteur et l'iconographie resserrée sur les principaux protagonistes indiquent pour le deuxième une composition pour laquelle il ne semble y avoir, que je sache, aucun témoignage gravé ou dessiné à ce jour retrouvé. Déjà âgé de près de 70 ans lors du legs de sa cousine Bouzonnet Stella, il pourrait les avoir vendu assez vite pour favoriser la promotion sociale de ses enfants : Fleury, par exemple, relieur de livres au baptême de son premier enfant, Catherine, le 13 janvier 1700 à Saint-Nizier, aura pu acheter l'office de contrôleur aux postes du Rhône dont il est crédité lorsqu'il enterre son fils Jean-Jacques en janvier 170934. Toutefois, je reviens sur l'un des tableaux plus loin. Les lots suivants concernent Michel-François le graveur (1654-1731). Le premier consiste en les planches de cuivre gravées par les trois sœurs Bouzonnet et leurs impressions subsistant à sa mort. Le deuxième rassemble les estampes du n° 45 au 138 de l'inventaire de Claudine. Il s'agit des livres d'estampes reliés, commençant par l'œuvre de Jacques Stella (« presque toutes les œuvres »...) suivi d'un autre réunissant les trois productions de gravure de Claudine, Françoise et Antoinette. Claudine y ajoute les trente tableaux de la Passion de Notre Seigneur peints par son oncle, « que j'ai commencé à graver, le priant de les finir de graver, ou les faire graver par les plus habiles qu'il pourra, ou de les vendre à Paris pour cet effet »; les planches entreprises, au nombre de treize au moment de la mort de Claudine35, sont évidemment comprises dans le précédent lot. Elle termine par la suite de 22 dessins de la Vie de la Vierge, sans être aussi explicite dans son intention : elle insiste simplement, pour justifier de la distraire de l'ensemble des dessins destinés à Simon, sur le fait que « ce sont desseins pour graver ». Ici intervient Pierre-Jean Mariette (1694-1774). Dans ses Notes manuscrites, il évoque la suite de la Passion et les planches de Claudine en des termes polyphoniques, si j'ose dire; ici dix sujets, là douze, donc certains inachevés, qui témoignent des tirages, que Claudine pourra avoir faits au fur et à mesure pour vérification, non des planches finalement réalisées; ici, que « les planches en sont demeurées entre les mains de ses héritiers, qui ne les ont pas encore mis au jour, de sorte que le peu d'épreuves qui en sont répandues sont extrêmement rares à trouver »; là, « c'est un nommé de Masso qui a les planches; il s'en est défait en 1725 en faveur d'un marchand de Lyon qui les a présentement ». On y perçoit la nature progressive de ces notes, à confronter aux informations que l'on peut avoir sur leur auteur. Le grand amateur passe par Lyon au retour d'Italie en juin 1719. Dans une lettre de cette ville datée du 8 à son père Jean Mariette, marchand d'estampes aujourd'hui au Louvre, il écrit : « J'ai bientôt vu tout ce qu'il y a ici de libraires et d'autres personnes avec lesquelles vous êtes en correspondance ». On peut croire qu'il rencontra alors Michel de Masso. Fut-ce alors aussi qu'il put avoir entre les mains « le recueil (... que Melles Stella) avaient formé (des ouvrages de leur oncle ) », qu'il invoque pour rendre à Jacques Stella l'invention d'une gravure anonyme montrant la Vierge assise sur une colonne tenant l'Enfant qui bénit le petit saint Jean s'approchant avec respect, vraisemblablement l'estampe anonyme éditée chez Poilly (repr. ci-contre)? Ce n'est pas sûr, puisque il évoque par là la figure d'un amateur revenu de Gênes, M. Bourlat, Antoine Bourlat de Montredon, mort en 1777, qui vécut quarante ans à Constantinople avant de revenir en France par l'Italie, retour apparemment à situer vers 1766. Quoiqu'il en soit, Mariette a eu vent après 1725 du fait que Michel de Masso se soit défait des planches de Claudine d'après la Passion de l'oncle. Le petit catalogue qui suit de ce qui peut se trouver en ligne des productions du graveur pour l'édition, et ce que l'on peut savoir par ailleurs de son activité, ne semble pas témoigner d'ouvrages datés après 1714. En 1725, il est âgé de 71 ans. On aimerait savoir à qui il les vendit. S'il le fit sans leur associer les tableaux, il rompit le vœu de sa cousine. Ce n'est pas certain mais d'évidence, les peintures se retrouvèrent entre les mains des héritiers de son frère Simon, Pierre père et fils, puisque l'un (et l'autre?) en vendent une grande partie à Londres en 1771. L'auteur du catalogue de la vente mentionne que certains sont gravés, et depuis Anthony Blunt (1974), nous savons qu'il fait référence aux treize planches faites par Claudine; sauf que les tableaux sont dits de Poussin. Cela suppose que les inscriptions des gravures aient été modifiées auparavant. Anatole de Montaiglon (1859), dans sa dénonciation de la supercherie et à propos de la graphie des inscriptions au bas de chaque gravure, nous est précieux. |
Jacques Stella, Repos de la Sainte Famille au raisin. Huile sur toile. 74 x 99 cm. Prado |
Claudine Bouzonnet Stella d'après Jacques Stella, La Passion du Christ. Gravures. Env. 45 x 35 cm. Première (Lyon, B.M.) et dernière (Rijksmuseum) planches faites par la nièce. |
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D'après Jacques Stella, Sainte Famille et le petit saint Jean. Gravure. 30 x 35,5 cm. BnF |
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Claudine Bouzonnet Stella (et faussaire) d'après Jacques Stella, Le baiser de Judas. Gravure. Marché d'art. Inscription retouchée sur l'identité de l'inventeur |
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Claudine Bouzonnet Stella d'après Jacques Stella, Le baiser de Judas. Gravure. Marché d'art. Signature de la graveure. |
Claudine Bouzonnet Stella d'après Jacques Stella, Le reniement de saint Pierre, détail des inscriptions originales. Gravure. Lyon, Bibliothèque Municipale. |
Les détails ci-dessus des inscriptions au bas du Baiser de Judas, cinquième sujet de la suite, corroborent ses judicieuses remarques. La différence de graphie saute aux yeux. Celle de la traductrice est laborieuse, naturelle, plutôt ample et disjointe; celle proposant l'auteur de l'invention est plus menue, policée, mécanique et conjointe. Montaiglon y voit le travail de l'eau-forte dans la première, du burin dans la seconde. Il pressent dans les majuscules N et P et les larges boucles des s minuscules visibles dans le tirage de certains sujets, le travail d'un graveur anglais. Je renvoie à son analyse des différentes inscriptions de l'ensemble pour débrouiller ce qu'il pouvait y avoir d'original et de travesti dans les états portant l'attribution à Poussin.
Je précise simplement que si comme lui, je vois dans celle au bas de la treizième et dernière planche, Le Christ devant Pilate, l'intervention du seul faussaire, je n'irai pas jusqu'à en déduire que Michel de Masso serait responsable de la traduction du sujet, comme on a pu le faire alors qu'Anatole de Montaiglon s'en garde bien. Il suffit de comparer son travail avec celui de Claudine pour se convaincre d'une nette différence dans la précision du trait, la subtilité de la restitution du clair-obscur et des volumes qu'elle permet et le jeu, savant chez Claudine, des tailles dans l'économie de la gravure. Le voisinage de leur production ci-contre sur un exercice comparable - deux illustrations de sujets bibliques d'ouvrages liturgiques - ne peut qu'emporter la conviction que c'est bien la nièce de Jacques Stella qui a réalisé l'ultime planche de cette suite. L'annonciation par Demasso est d'après un dessin de Jacques Stella. J'en ai redit ici ma conviction et je me permets donc d'y renvoyer pour la discussion et pour évaluer la qualité du travail opéré dans sa traduction du style de l'auteur de la Passion. D'évidence, la technique du cousin est plus rudimentaire que celle de Claudine, et je ne vois en aucune partie de l'estampe du Christ devant Pilate la moindre intervention sur le travail de cette dernière. La planche ne demandait apparemment guère plus que l'inscription. |
Claudine Bouzonnet Stella d'après Jacques Stella, Le Christ devant Pilate. Gravure. Env. 45 x 35 cm. Dernière planche faite par Claudine, avec inscription intégralement apocryphe. Rijksmuseum |
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Michel de Masso d'après Jacques Stella, L'annonciation. Gravure pour le Missale romanum chez François Barbier, Lyon, 1707. |
Claudine Bouzonnet Stella, L'annonciation. Gravure pour le Missel Voisin, 1660. |
Claudine Bouzonnet Stella d'après Jacques Stella, L'entrée du Christ à Jérusalem. Gravure, état Bouzonnet donnant l'invention à Stella. Lyon, B.M. |
Claudine Bouzonnet Stella d'après Jacques Stella, L'entrée du Christ à Jérusalem. Gravure, état Demasso donnant l'invention à Poussin. Lyon, B.M. |
Peter Demasso, bien connu de la Vertu, pour sa connaissance et son goût raffiné selon la présentation de la vente de 1771, soumet alors la quasi-totalité de la suite de la Passion peinte en précisant pour certains sujets qu'ils ont été gravés. L'intention manifeste est de soutenir l'attribution à Poussin, ce qui implique que les estampes portent déjà l'attribution frauduleuse, apposée après que Mariette en ait eu connaissance. La suggestion d'Anatole de Montaiglon d'une intervention anglaise pour transformer le nom de l'inventeur alors qu'il semble ignorer l'existence de cette vente, qu'il ne mentionne pas, entre en parfaite résonnance avec le contexte de la dispersion londonienne de la suite peinte. Peut-on éclaircir, ou du moins un peu débrouiller, quand et comment Peter a pu, selon toute vraisemblance, entrer en possession aussi bien des tableaux que des planches pour les travestir en Poussin?
Élargissons d'abord un peu le champs. On ne peut nier que Claudine ait eu un grand sens de la famille - au contraire de Peter Demasso. Nombre de legs vont aux cousins lyonnais, les Perrichon, Molandier, Brouet, Payel, Souppat, outre les de Masso. L'Autoportrait de Stella est parvenu au musée des Beaux-Arts de Lyon avec une provenance Coignet effectivement liée par le sang avec les de Masso. Son double, si j'ose dire, qui le réunit à sa mère Claudine de Masso, pareillement absent de l'inventaire de Claudine Stella en 1693, est tout autant le témoignage d'un amour filial que de la connection avec la famille, sinon le clan, de celle-ci. Or il se retrouve entre les mains de Peter pour être vendu à Londres en 1771 - comme portrait de Poussin et de sa femme. Le titre de filleule que Claudine donne à Claudine de Masso, sœur de Michel-François et Simon, prouve l'entretien de ce lien par les Bouzonnet, à mettre en regard des ouvrages qu'Antoine a pu produire pour sa ville natale selon le manuscrit de Claudine repris par Guillet de Saint-Georges; soit que les retrouvailles aient été facilités par ces opportunités, ou que ces dernières aient été procurées par ce réseau; peut-être l'un et l'autre. Avant Peter Demasso, il nous faut revenir sur son père, son grand'père Simon et son grand oncle Michel-François. Ce dernier meurt apparemment sans descendance, vraisemblablement célibataire. Mariette l'aura rencontré en 1719, puis appris qu'il se serait défait des planches en 1725 auprès d'un marchand. L'amateur ne parle pas des tableaux. Après sa mort survenue en 1731, son frère Simon, malgré son intention qu'il n'y ait pas d'inventaire, mentionne dans son ultime testament, en 1737, parmi les effets mobiliaires « les ouvrages de pinture, planches de cuivre, estampes ». Simon était peintre et n'est jamais présenté comme graveur. Sylvie Martin-de Vesvrotte (2002) envisage de lui donner deux vignettes d'un ouvrage de Nicolas-Joseph Poisson repérée dans une édition de 1738, peut-être parce qu'à cette date, elle sait Michel mort; mais les images figuraient déjà dans la précédente édition de 1706 (voir le catalogue en annexe). Elle ne porte pas un style différent des autres gravures de Michel-François. Pour elliptique que soit l'indication, la mention de planches de cuivre dans les biens de Simon doit donc désigner des éléments singuliers qu'il est tentant de rapprocher de la suite commencée par Claudine, notamment. Sans la vente de 1771, on en resterait sans doute au stade de l'hypothèse, qu'elle vient renforcer. Je pense pouvoir prendre le risque de l'amplifier, pour retrouver une possible origine au choix de la falsification par les Demasso. |
Jacques Stella, Autoportrait. Toile. 85 x 68 cm. Lyon, Musée des Beaux-Arts. Il est étudié ici. |
Jacques Stella, Autoportrait avec sa mère. Toile. 65 x 55 cm. Vic-sur-Seille, Musée départemental Georges-de-La-Tour. |
L'autre suite frauduleusement donnée à Poussin, la Vie de la Vierge en 22 dessins, faisait pareillement partie du legs à Michel de Masso. Nous avons vu que pour la Passion, la tricherie n'était pas encore opérée en 1719 ou en 1725 selon les indications de Mariette, qui l'aurait certainement dénoncée alors. Michel meurt six ans plus tard et il est vraisemblable qu'il n'ait jamais eu pareille intention.
Le grand amateur, fervent admirateur de Claudine Bouzonnet Stella, dénonce la supercherie affectant la Vie de la Vierge dès qu'il en a connaissance, en octobre 1757. Non content de réfuter le nom de Poussin, il rétablit dès lors l'attribution à Stella. Cette affirmation pouvait s'appuyer sur le passage à Lyon en 1719, lorsqu'il prit contact avec les marchands libraires de la ville : Michel put alors lui montrer non seulement ses estampes et ses planches, mais aussi cette suite destinée à la gravure. Il pouvait voir, dans cette rencontre, l'opportunité de toucher le marché parisien suggéré par Claudine pour compléter la gravure de la Passion.
Pourtant, c'est à Rome que la suite dessinée réapparaît en 1756, dans les mains de Gaëtano Minossi, peintre qui prendra l'habit un peu plus tard comme capucin. Il rend alors public son souhait, soutenu par des artistes et amateurs, de la voir graver en la présentant comme de Poussin, nom sous lequel elle doit lui avoir été vendue. Anthony Blunt n'a pas hésité à y voir l'implication des de Masso, ce qui est vraisemblable et interroge sur l'amplitude du temps au cours duquel l'idée de la fraude a pu germer dans leur esprit. Or, nous l'avons vu, lorsque Suzanne de Masso se marie, en 1753 et 1756, son frère Pierre n'est pas mentionné dans les actes paroissiaux ou notariés. Celui qui n'hésitera pas à s'exiler en Angleterre, et même à vivre entre les deux capitales, Paris et Londres, pourrait bien avoir commencé ses pérégrinations par un voyage à Rome, pour sa formation mais aussi, peut-être, avec l'intention de trouver preneur pour la suite dans la ville d'élection de Nicolas Poussin. Les informations données par la généalogie et les documents, notamment les deux testaments de Simon, conduisent à penser que, sauf distraction par vente occasionnelle, l'ensemble des legs à celui-ci et à son frère Michel, mort sans descendance, se sont retrouvés entre les mains de Pierre père et fils. Le second testament de Simon fait du père son héritier universel; Éienne, leur frère, meurt la même année que Michel, qui désigne son neveu Pierre comme son légataire universel. Le témoignage de Mariette en octobre 1757 suppose que la suite fut rapidement gravée suivant le vœu de Minossi par Francesco Polanzani. Un Bonaventura Minossi dont je ne suis pas parvenu à établir un éventuel lien de parenté avec le Capucin réédite la suite en 1774 à Rome (exemplaire Biblioteca Casanatense, notamment). Deux ans après, Thomas Talbot (1747-1813) séjourne dans la Ville Éternelle, et c'est alors que l'on situe le passage de la suite dans sa collection, laquelle restera entre les mains de sa descendance jusqu'aux deux ventes de 1986-1987. Il est tentant de faire de cette réédition l'outil pour relancer la vente des dessins, par le fait, mais il faut noter qu'elle est à nouveau mise sous presse en 1783 : on ne peut écarter l'hypothèse d'une simple entreprise éditoriale réemployant les planches de Polanzani; pas plus, donc, que la suite de dessins ait quitté l'Italie bien avant pour regagner une Angleterre qui vouait déjà au peintre Normand une grande admiration. Voilà qui pourrait avoir motivé Pierre le fils à s'expatrier à Londres, pour traiter plus directement avec une clientèle favorable la dispersion de l'héritage des Stella. Même s'il reste possible que Talbot ait plus facilement cédé en 1776 aux sirènes de pseudo-Poussin après la vente de 1771. |
Francesco Polanzani d'après Jacques Stella (et non Nicolas Poussin), La circoncision. Gravure. 32,5 x 22 cm. Braunschweig, Herzog Anton Ulrich Museum. |
Francesco Polanzani d'après Jacques Stella (et non Nicolas Poussin), La pentecôte. Gravure. Détail avec l'autoportrait de Jacques Stella. Braunschweig, Herzog Anton Ulrich Museum. |
Les deux suites tardives de Stella sont les principaux témoignages des fraudes opérées par les Demasso, sans doute Pierre (père et?) fils. D'autres pièces isolées complètent l'ampleur de l'entreprise. La planche de la gravure du Christ à la colonne, d'après un dessin aujourd'hui à Harvard ayant fait partie, lui, comme le dessin de l'Annonciation gravé par Michel, du legs à Simon de Masso, peintre, père et grand'père des deux Pierre, existe avec un premier état donnant l'invention à l'oncle Jacques, sous la cote Da20 fol. à la BnF, par exemple. Elle s'est vue apposer une inscription ayant un air de déjà vu faisant glisser le nom de Stella à Poussin. Le faussaire a poussé la supercherie jusqu'à inscrire un numéro 14 pour l'inclure dans la suite de la Passion, à quoi certaines mentions anciennes n'ont pas objecté malgré un format nettement inférieur.
Il s'agissait sans doute d'appuyer l'attribution frauduleuse pour vendre le dessin qui ne semble pas avoir été traduit en peinture; à moins que la composition soit proche du sujet vendu en 1771. Je voudrais ici ajouter deux autres cas qui éclairent plus encore le procédé en resserrant la responsabilité autour de Peter. Le premier concerne un Repos de la Sainte Famille, un ange apportant des fruits gravé par Claudine d'après son oncle et travesti en Poussin, suivant le mode décrit par Antatole de Montaiglon (ci-contre, exemplaire de l'Ashmolean museum). Stella a multiplié ce type de sujet. Pourtant, on peut très vraisemblablement identifier la composition avec le tableau de l'inventaire de Claudine qu'elle décrit ainsi : « haut de deux pieds sur trois, une Vierge et St Joseph qui tient le petit Jésus, un ange à genoux qui tient un panier de raisin et fruit, les figures dans un paysage ». Ce tableau d'environ 65 cm sur 97 est l'un des deux légués à Guillaume de Masso. S'il reste à retrouver, du moins cette enquête aura-t-elle permis la mise en relation très plausible d'une source écrite et d'un témoignage graphique. L'abondance de Poussin provenant de Peter Demasso devint-elle soudain suspecte? Une autre tricherie pourrait bien être de son fait, mais cette fois au profit de Filippo Lauri (1623-1694). Telle est la paternité donné à l'invention du Mariage mystique de sainte Catherine dans une gravure qu'un précédent état donnait à Stella, avec une dédicace à Charles, duc de Créquy. L'illustration ci-contre, tirée de la Wellcome collection de Londres, témoigne d'une inscription en anglais dans la marge : « Done from an Original Picture 2f. 8 by 2 f. 3 inches./ in the Pos(ses)sion of Mr Sam.l Dickinsons », c'est-à-dire Fait d'après une peinture originale 2 pieds 8 par 2 pieds 3 pouces/ en possession de M. Samuel Dickinsons. Les dimensions suivant le pouce anglais donneraient environ 68,5 de haut sur 81 cm de large. Je ne peux manquer de citer ici le tableau Chrysler, d'une composition très voisine. Il semblerait qu'un date soit lisible qui situerait sa réalisation dans les années 1680, 1686 ou 1689, justifiant de l'attribuer à Claudine plutôt qu'à Jacques. À moins que la lecture des dizaines soit erronée, car il ne fait guère de doute que l'invention revienne à l'oncle et que les types physiques ne portent pas la marque caractérisée dans mon étude de 1994 sur la nièce. L'existence du dessin de Wolverhampton (ci-contre), qui suit les variantes d'avec la gravure - les blocs d'architecture jonchant le premier plan, les motifs de la frise sur la base derrière la Sainte famille et la ville visible à l'horizon - vient conforter l'idée d'une peinture originale, non d'une copie avec licences de l'estampe, qui suppose d'ailleurs une composition en sens inverse. Il n'est pas sûr non plus que l'on puisse identifier la peinture Dickinson avec la version léguée à Anne Molandier, mesurant environ 49 de haut sur 65 cm de large. Ladite Anne doit être la fille d'Étienne Molandier, marchand de soie, et Marie Bouzonnet baptisée le 22 mars 1630, qui eut pour marraine Claudine Coignet (acte reproduit ci-contre). Quoiqu'il en soit, le lien de la peinture gravée par Claudine avec Demasso est peu contestable selon l'inscription : difficile de ne pas faire le rapprochement entre le possesseur du tableau et le Dikinson (ou Dakinson) dont Pierre Demasso obtient des paiements en 1778, mentionnés dans son inventaire après décès de 1787. Il ne faut pas non plus négliger le destin des planches. Tout porte à croire qu'elles soient passées par l'Angleterre, dans les bagages de Peter Demasso mais elles se retrouvent ensuite en France. Depuis Anatole de Montaiglon, me semble-t-il, on évoque deux états portant l'adresse de Jombert et celle de la veuve Jean. Le Rijksmuseum, par exemple, conserve un état de L'entrée du Christ à Jérusalem publié par Jean (ci-contre); on peut trouver sur Internet la Passion réunie en livre par le même. Le Catalogue alphabétique des estampes du graveur et marchand François-Étienne Joubert, d'origine lyonnaise mais successeur à Paris en 1787 de Jacques-François Chéreau, installé rue des Mathurins Saint-Jacques aux deux Piliers d'or, puis rue de Sorbonne, et non Jombert, mentionne en 1797 déjà pareille réunion en 14 planches, comprenant donc celle du Christ à la colonne. Joubert avait dans ses ancêtres les Daudet, qui ont publié d'après Stella, comme l'a souligné Gilles Chomer (1989). Toutefois, il est peu vraisemblable que Demasso se soit débarrassé des planches servant à sa fraude avant la vente de 1771 à Londres La confusion entre Jombert et Joubert est curieuse, car les documents de la succession de Peter révèlent qu'il était logé par la belle mère de Claude-Antoine Jombert. Se peut-il qu'il existe aussi un état assurant d'un passage dans l'échoppe de ce dernier avant celle de Joubert? Ironie de l'histoire, ce dernier publie en 1801 un pamphlet de quatre pages intitulé Définition des mots copie et contrefaction en gravure... |
Claudine Bouzonnet Stella d'après Jacques Stella (et non Nicolas Poussin), Le Christ à la colonne. Gravure. Cuvette: 27,8 x 19,5 cm. Genève, Musée d'Art et d'Histoire. |
Jacques Stella, Le Christ à la colonne. Crayon noir, plume et encre brune, lavis gris, gouache blanche. 23,7 x 19,2 cm. Harvard Art Museums/Fogg Museum, The Melvin R. Seiden Fund and Louise Haskell Daly Fund. |
Claudine Bouzonnet Stella d'après Jacques Stella (et non Nicolas Poussin), Repos de la Sainte Famille, un ange apportant des fruits. Gravure. 32 x 42,7 cm. Oxford, Ashmolean museum. |
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Claudine Bouzonnet Stella d'après Jacques Stella (et non Filippo Lauri), Le mariage mystique de sainte Catherine. Gravure. 31 x 38 cm. Oxford, Ashmolean museum. |
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Jacques Stella (et non Claudine)? Le mariage mystique de sainte Catherine. Toile. 68,5 x 85 cm. Norfolk (Usa), Chrysler Museum of Art. |
Jacques Stella, Le mariage mystique de sainte Catherine. Crayon noir, plume, lavis, gouache blanche. 29,1 x 35,6 cm. Wolwerhampton Art Gallery. |
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Baptême d'Anne Molandier révélant son lien avec la conStellation, A.M. Lyon, 1GG24, p.17 (Saint-Nizier). |
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Claudine Bouzonnet Stella d'après Jacques Stella, L'entrée du Christ à Jérusalem, La Passion du Christ. Gravure. Env. 45 x 35 cm. État avec l'adresse de l'éditeur Jean, Rijksmuseum. |
Portrait de l'artiste en criminel |
Tout ceci permet d'esquisser la personnalité d'un homme qu'il faut bien qualifier de faussaire; peintre fabriquant une contrefaçon sans poser le moindre coup de pinceau, mais faussaire quand même. D'une certaine façon, il peut donner l'impression d'être en quelque sorte le double funeste, sinon maléfique, de celui qu'il trahit, son arrière grand-cousin Jacques Stella. C'est ce qui transparaît des documents présentés jusqu'ici.
L'aisance en société de Jacques Stella ne fait aucun doute. Elle se ressent dans la facilité sinon la rapidité avec laquelle il s'inscrit dans les paysages artistiques florentin, romain puis parisien. Au sein de l'Académie de Saint-Luc, quand bien même il aurait été aidé par le précédent de ses ancêtres, il s'impose aussi par ses missions diplomatiques. Lorsqu'il se retrouve en prison, la cardinal neveu du pape en personne vient lui rendre visite. Sur le chemin du retour en France, il quitte le cortège de l'ambassadeur du roi de France pour saluer le gouverneur de la place de Milan. Jusque tard dans sa vie, il multipliera les contacts, manifestement par un goût de la compagnie qui éclate dans sa lettre à François Langlois en février 1633. Sa prestance devait transcender un physique avec lequel lui-même ne fut pas tendre. Elle était en germe lorsqu'il fut pris pour parrain à L'Arbresle à Noël 1615. On ne pourra sans doute rien dire des traits de Peter Demasso. Sa capacité de séduction, en revanche, s'affirme sans difficulté dans tout ce que l'on peut savoir de son existence. Le testament de Michel en 1748 atteste qu'il avait su s'attirer l'affection de son oncle, à qui son grand'père Simon semble pourtant avoir préféré pour sa succession en 1737 son frère Pierre. Il a ensuite, semble-t-il, l'aplomb suffisant pour convaincre les connaisseurs romains de l'attribution à Poussin de la suite de la Vie de la Vierge et est très avantageusement présenté lors de la vente de Londres en 1771. L'usage qu'il fit de cette sociabilité fut tout autre que celui dont témoigne la biographie de Stella, qui dut notamment lutter pour faire reconnaître sa probilté. Fut-ce sous l'impulsion de son père? C'est à peine majeur qu'il doit faire passer la Vie de la Vierge de Stella pour du Poussin à Rome; avec un certain succès qui l'aura encouragé à renouveler l'expérience, en évitant la place de Paris où planait la figure de grand connaisseur qu'était Mariette, qui dénonça la supercherie dès 1757. S'il s'installe à Londres peu après, il épaule (voire...) son père dans la gestion des biens lyonnais, comme l'attestent les deux documents de 1760 et 1768. Demasso propose vingt-quatre des sujets de la suite de la Passion lors de la vente de 1771. Même artificiellement disséminés au long des deux jours, l'impression est qu'il se débarrasse de ce qui lui en restait : il pourrait avoir évalué à quel point la fraude était crédible en vendant séparément les six autres auparavant. On peut donc croire que la réapparition de l'héritage peint ou dessiné de Jacques Stella encore à identifier, en particulier ce qui est signalé ici, doit se faire outre Manche, en espérant que les éclairages apportés ici auront pu y contribuer. |
Jacques Stella, Autoportrait avec sa mère. Toile. 65 x 55 cm. Vic-sur-Seille, Musée départemental Georges-de-La-Tour. |
Francesco Polanzani d'après Jacques Stella (et non Nicolas Poussin), La pentecôte. Gravure. Détail avec l'autoportrait de Jacques Stella. Braunschweig, Herzog Anton Ulrich Museum. |
Une dernière remarque, que l'on trouvera peut-être anecdotique, sinon anachronique, mais qui vient renforcer, selon moi, l'authenticité de la sociabilité du peintre jusque dans les liens familiaux. On voit bien, chez les Demasso, une tradition, certes alors largement partagée, priorisant, voire privilégiant les enfants mâles aux filles dans la transmission de l'héritage; au point que Peter accorde plus en 1787 à un cousin assez éloigné qu'à sa propre fille, quand bien même elle serait encore mineure. Jacques Stella, 130 ans plus tôt, resté sans enfants, avait choisi non son beau-frère Étienne Bouzonnet ou son neveu Antoine, mais sa mère comme héritière universelle, lui conférant un rôle de chef de famille auquel Antoine de Masso, le père de Claudine et le grand'père de Jacques, ne pensa pas une seule seconde. Un tel sentiment, prolongé par la nièce Claudine en 1693-1697, venait encore trop tôt pour le profit de Stella...
Sylvain Kerspern - Melun, le 29 septembre 2021 |
DONNÉES GÉNÉALOGIQUES DES DE MASSO, D'ANTOINE À PETER. Antoine de Masso, notaire, vers 1510- après juillet 1572;- 1. mariage avec Jeanne Mandaz, d'où : * Marguerite, donataire en 1572, épouse d'Antoine Chenevier(e); selon l'arbre de J.P. Malleval, site geneanet.org, née en 1541; * Antoine, notaire, qui suit; * Pierre, marchand à Lyon, nommé dans le testament de 1584; parrain de sa nièce Madeleine, fille d'Antoine, en 1579? de sa nièce Marie en 1583? parrain à Lyon en 1593 du premier enfant de Claudine avec François Stella? - 2. mariage avec Madeleine Vallad, veuve de Jean Chenevier, mère d'Antoine Chenevier, 26 janvier 1547. * Antoine de Masso, notaire, vers 1545- entre mai 1590 et octobre 1596; |
Peintures reliquats possibles ou avérés de l'héritage dans la vente du 8 et 9 mars 1771 à Londres. Je reprends ici toutes les mentions susceptibles de travestir en Poussin des ouvrages de Stella. En gras sont indiquées les éléments assurés. Pour le reste, on attendrait notamment plus du Lyonnais que de Poussin la représentation d'un personnage d'après nature ou la mise en pendant du Christ et de Saint Jean.8 mars - p. 5, lot 35 : « Gaspard Poussin », L'artiste participant au jeu italien De l'amore avec des amis, 18 pouces x 14. lot 53, « Poussin », Autoportrait ovale, 4 p. par 3 lot 54, « Poussin », Le Christ au Jardin des Oliviers, gravé, sans dimension (n° 4 de La Passion de Jacques Stella) - p. 6, lot 56 « Poussin », Le couronnement d'épines, 18 pouces x 14 (de La Passion de Jacques Stella) lot 58 « Poussin », L'arche de Noë, 18 pouces x 14 (de la collection de Madame du Guet) lot 61, « Poussin », Le Christ recevant la Vierge dans le ciel, 18 pouces x 14 (de La Passion de Jacques Stella) lot 64, « Poussin », Le Christ portant sa croix, 18 pouces x 14 (de La Passion de Jacques Stella) lot 66, « Poussin », L'ascension du Christ, 18 pouces x 14 (de La Passion de Jacques Stella) - p. 7, lot 68 « Poussin », Le Christ devant Hérode, gravé, 18 pouces x 14 (en fait devant Pilate, la confrontation avec Hérode correspondant au moment au cours duquel le Christ est revêtu de la robe des fous; n° 11 de La Passion de Jacques Stella) lot 71 « Poussin », Le Christ devant Caïphe, gravé, 18 pouces x 14 (n° 8 de La Passion de Jacques Stella) lot 74, « Poussin », La crucifixion, 18 pouces x 14 (de La Passion de Jacques Stella) lot 76 « Poussin », La dérision du Christ, gravé, 18 pouces x 14 (n° 9 de La Passion de Jacques Stella) 9 mars - p. 8, lot 12 « Poussin », Un personnage d'après nature, 14 p. x 10, acquis de madame Duguet lot 14-15 « Poussin », Le Christ et Saint Jean, 16 p. x 12 lot 16 « Poussin », Autoportrait avec Marie du Guet, 24 p. x 13, acquis de la famille de l'artiste (en fait Autoportrait avec sa mère de Jacques Stella) - p. 9, lot 17 « Poussin », La flagellation du Christ, gravé, 18 pouces x 14 (de La Passion de Jacques Stella?); la gravure renvoie peut-être à l'estampe reproduisant le dessin de Harvard; lot 19 « Poussin », La Cène, gravé, 18 pouces x 14 (n° 2 de La Passion de Jacques Stella); lot 24 « Poussin », Le Christ apparaissant à la Madeleine, 18 pouces x 14 (de La Passion de Jacques Stella); lot 26 « Poussin », Le Christ assis à la droite du Père, 18 pouces x 14 (de La Passion de Jacques Stella); - p. 10, lot 29 « Poussin », Le Christ à Emmaüs, 18 pouces x 14 (de La Passion de Jacques Stella); lot 32 « Poussin », La résurrection du Christ, 18 pouces x 14 (de La Passion de Jacques Stella); lot 35 « Poussin », Le Christ préparé pour la crucifixion, 18 pouces x 14 (de La Passion de Jacques Stella); - p. 11, lot 37 « Poussin », L'embaumement du Christ, 18 pouces x 14 (de La Passion de Jacques Stella); lot 40 « Poussin », Le Christ emmené chez Pilate, gravé, 18 pouces x 14 (n° 10 de La Passion de Jacques Stella) lot 42 « Poussin », Le Christ revêtu de la robe des fous, gravé, 18 pouces x 14 (n° 12 de La Passion de Jacques Stella) lot 45 « Poussin », Le Christ conduit devant Hérode, 18 pouces x 14 (de La Passion de Jacques Stella); tableau non gravé apparemment, donc postérieur au treizième sujet gravé par Claudine? - p. 12, lot 49 « Poussin », Le Christ souffleté, gravé 18 pouces x 14 (n° 6 de La Passion de Jacques Stella); lot 53 « Poussin », Le baiser de Judas, gravé, 18 pouces x 14 (n° 5 de La Passion de Jacques Stella) - p. 13, lot 56 « Poussin », Le Christ lavant les pieds des apôtres, gravé 18 pouces x 14 (n° 3 de La Passion de Jacques Stella) lot 59 « Poussin », Le reniement de saint Pierre, gravé, 18 pouces x 14 (n° 7 de La Passion de Jacques Stella) - p. 14, lot 64 « Poussin », La descente du Saint-Esprit, 18 pouces x 14; avec mention de l'autoportrait de l'artiste parmi les apôtres (de La Passion de Jacques Stella); lot 71 « Poussin » Sainte famille et le petit saint Jean, 12 pouces x 18, censé avoir été peinte pour Chantelou en 1652, et qui serait gravé. |
GRAVURES EN LIGNE DE MICHEL DE MASSO POUR L'ÉDITION : * Jacob Spon, Miscellanea eruditae antiquitatis..., Lyon, 1685; gravures signées : sarcophage de la villa Mattei à Rome; Deo Dolichenio; statue colosse de Pyrrhus; statue de scribe; frises de bacchanales; la chasse de Méléagre et statues diverses.* Philippe Sylvestre Dufour, Traités nouveaux & curieux du café, du thé et du chocolate, Lyon, 1685; gravure signée : frontispice. * François Bonal, Le chrestien du temps, Lyon, 1688; portrait de François Bonal. * Jacqueline Boüette de Blémlur, Vie des saints, I, Lyon, 1689; bandeau à rinceaux aux armes de Béthune, de l'abbesse de Beaumont-lès-Tours. * Alexandre de Lyon, La vie de la vénérable Mère Magdeleine du Sauveur, Lyon, 1691; portrait de Marie-Magdeleine du Sauveur * Michael Ettmuller, Nouvelle chirurgie médicale et raisonnée, Lyon, 1691; frontispice avec l'histoire du Bon samaritain * Breviarium sanctae lugdunensis ecclesiae, Lyon, 1693; Vue du chœur de la primatiale en frontispice; la gravure de Mathieu Ogier pour la Nativité (vol. 2) est d'après la composition de Stella pour le Breviarium romanum Barberini. * Jean-Baptiste Le Sesne d'Étemare, Abrégé de l'histoire de l'Église, Lyon, 1693; L'ange gardien, vignette du titre d'après Pierre Sevin * Paul Hoste, L'art des armées navales, ou Traité des évolutions navales, Lyon, 1697; planche du vocabulaire d'un navire. * Charles Plumier, L'art de tourner, ou de faire en perfection toutes sortes d'ouvrages au tour, Lyon, 1701; gravures signées : planche 1; planche 22. * A. Phérotée de La Croix, Nouvele metode pour aprendre la geographie universelle, Lyon, 1705; gravures signées de cartes, par exemple La France Moderne du tome 2; ou L'empire de Moscovie du tome 4; probables copies d'une édition antérieure. * Nicolas Joseph Poisson, Delectus actorum ecclesiae universalis, 2 volumes, Lyon, 1706; gravures signées : t. 1, bandeau du chapitre des canons; t. 2, bandeau des conciles (la notice de Sylvie de Vesvrotte donne pour date 1738, correspondant à une édition postérieure; elle attribue ses deux bandeaux à Simon, frère de Michel, peut-être en raison d'une date trop tardive pour la date de mort supposée de Michel). * Église Catholique (Chigi), Missale romanum, Lyon, 1707; gravures signées : Annonciation d'après Jacques Stella; Adoration des bergers d'après la gravure de Guillaume Vallet d'après Carlo Cesi; L'Ascension d'après Rubens? (copie de la gravure de Mathieu Ogier pour le Missale édité par Valfray à Lyon en 1692); La Pentecôte d'après Cornelis Bloemart d'après Ciro Ferri; La Cène d'après Cornelis Bloemart d'après Ciro Ferri. L'édition précédente, de 1692, propose une autre Annonciation gravée par N. Auroux. * Jean-Claude Basset, Oraison funèbre de Monseigneur Armand de Monmorin, Lyon, 1714; bandeau allégorique aux armes du prélat. * Portrait gravé de François Piquet, évéque de Babylone (1626-1685), sans doute pour un ouvrage à retrouver; exemplaire de Versailles. |
BIBLIOGRAPHIE : * Statuts et règlements des marchans libraires relieurs de livres de la ville de Lyon, Lyon, 1657, p. 14.* Jacques Pernetti, Recherches pour servir à l'histoire de Lyon, Lyon, 1757, p. 34. * Statuts et règlements des marchans libraires relieurs de livres de la ville de Lyon, Lyon, 1717, p. 30. * (François-Étienne Joubert), Catalogue alphabétique des estampes,1797, 15. * Anatole de Montaiglon, « L'auteur de la Passion gravée par Claudine STELLA n'est point Nicolas POUSSIN mais Jacques STELLA », Revue universelle des arts, 1859, 9, p.97-124. * (Pierre-Jean Mariette) Abecedario et autres notes, publ. Archives de l'art français, V, 1858-1859, p. 263-264. * Vital de Valous, Inventaire des livres d'un Abbé de Valbenoîte par Antoine Gryphius (...) avec la généalogie des Masso, Lyon, 1875. * (Claudine Bouzonnet Stella) «Testament et inventaire (...) de Claudine Bouzonnet Stella», publiés par J-J. Guiffrey, Nouvelles archives de lArt Français,1877, 1-118; notamment p. 3-4; 14, 15-18. * Roger-Armand Weigert, Bibliothèque Nationale. Cabinet des Estampes. Inventaire du fonds français. XVIIè siècle., t. II, 1951, p. 81-82, 85. * Gilles Chomer, « Une gravure de Michel Demasso d'après un dessin de Jacques Stella », Travaux de l'histoire de l'art de Lyon, cahier n°12, septembre 1989, p. 67-74. * Sylvie Martin-de Vesvrotte et Henriette Pommier 2002, Dictionnaire des graveurs-éditeurs et marchands d'estampes à Lyon aux XVIIè siècle, Lyon, 2002, p. 59-60 (consultation juillet 2021). * Cat. expo. Lyon-Toulouse, 2006, p. 228-231 * Jacques Thuillier 2006, p. 214, 287-293 * Sylvie Martin-de Vesvrotte, notices Demasso de Allgemeines Künstlerlexikon Online, edited by Wolf Tegethoff, Bénédicte Savoy and Andreas Beyer. Berlin, New York: K. G. Saur, 2009 (consultation juillet 2021 avec l'aimable concours de Vladimir Nestorov). * Lesley Ellis Miller, Dictionnary of Eighteenth-Century French Silk Designers, 2015, p. 132. * Sylvain Kerspern, notices sur La Passion in « Jacques Stella, catalogue France, oeuvres datées de 1655-1657 », site dhistoire-et-dart.com, mise en ligne le 3 mars 2017. * Sylvain Kerspern, « Le portrait de Jacques Stella de Lyon », site dhistoire-et-dart.com, mise en ligne en juin 2019. * Adeline Chanellière, 1J - Petits fonds et pièces isolées d'origine privée, Lyon, 2020, p. 46-47. Pdf téléchargeable sur cette page (consultation juillet 2021). * Sylvain Kerspern, « D'une Vie de la Vierge l'autre. À propos de l'atelier des Stella », site dhistoire-et-dart.com, mise en ligne le 20 juin 2021. * Sylvain Kerspern, « Pierre de Masso (ou Demasso), testament et inventaire de 1787. », site dhistoire-et-dart.com, mise en ligne en septembre 2021. |
Courriel : sylvainkerspern@gmail.com. - Sommaire concernant Stella - Table générale |
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