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Les Pastorales : dessin pour une main chaude. Deux Pastorales retrouvent des couleurs. - Post-scriptum : ... et de trois! Table générale Contacts : sylvainkerspern@gmail.com - sylvainkerspern@hotmail.fr |
Les Pastorales : dessin pour une main-chaude. S. K. |
Jacques Stella, Le frappe-main ou la main-chaude, Pastorale 4, plume et lavis, 25,3 x 30 cm; détail Vente Millon, Paris, 17 décembre 2013, n°25 |
Un dessin attribué à Jacques Stella représentant lun des sujets depuis longtemps connus des Plaisirs champêtres de lartiste vient de passer en vente à Paris : il sagit du numéro 4, Le frappe-main ou La main chaude, sujet dont le tableau correspondant figure parmi ceux retrouvés. Sa réapparition vient compléter les trois autres feuilles connues, considérées comme autographes, vendues chez Christies le 24 août 1995 (pour les Pastorales 3, 8 et 9). Comme elles, il est dans le même sens que la gravure, qui est aussi celui du tableau resurgi en 2010. Les techniques sont communes (plume et lavis), comme les formats, lesquels sont à léchelle de 1:2 par rapport aux peintures retrouvées. La reprise au verso, au crayon noir, prépare certainement le transfert sur le cuivre. La maîtrise de la touche confirme le rattachement à Stella, presque audacieux suite aux interrogations posées par les monographies de 2006 et les études de Jaimie Mulherron. Prenons quelque maillet, et enfonçons le clou - mais recourons dabord au ciseau. |
Découper la frise des personnages dans les trois versions connues, peinte, dessinée et gravée devrait éclairer suffisamment leur statut respectif pour clore définitivement le débat. La jeune femme portant la main à sa bouche, face à nous, présente dans le dessin comme dans le tableau, le nez fort, les joues rebondies et la jovialité qui caractérisent lun des types féminins tardifs de Jacques Stella, présent parmi les épouses de Salomon adorant les idoles ou incarnant la Vierge dans la Sainte famille à la bouillie de Toulouse, la Vierge au chardonneret Piasecka-Johnson ou la Fuite en Egypte dessinée du Metropolitan Museum. Lorsque Claudine la grave, elle amincit son visage en lallongeant, de même que le nez, et son expression perd de sa fraîcheur, devient presque pincée : il en va de même de son voisin, notamment parce que son sourire est moins franc et le regard moins concentré sur le jeu, pour cause de cernes plus importantes - un des tics de la nièce qui marquent la différence avec son oncle. A lautre bout de la frise, le jeune homme invitant à participer au jeu en devient presque triste et celui qui le précède, semblant se précipiter, montre un profil caricatural alors quil est tout de spontanéité sous le pinceau ou la plume. Jacques Stella, Vierge Piasecka-Johnson, loc. inconnue - Folie de Salomon, Lyon, Musée des Beaux-Arts, détail. |
Jacques Stella Jacques Stella, coll. part. Claudine Bouzonnet Stella daprès Jacques Stella Claudine Bouzonnet Stella, Naissance de la Vierge, Harvard, détail |
* Jacques Stella, dessin Claudine Bouzonnet daprès Jacques Stella, gravure |
Jacques Stella, dessin Millon Une des questions qui se posent nécessairement est lordre dans lequel peintures et dessins ont pu être faits. Manifestement, les seconds sont faits à léchelle de la gravure, les préparant plus directement. Des remarques ont déjà été faites qui suggèrent, effectivement, que les dessins furent faits spécifiquement pour lestampe. La publication assez rapide de ce qui était un ensemble peint pourrait participer à la préparation souhaitée par Jacques de sa succession, en lui assurant des revenus par la vente de sa production tardive. Cétait, il faut en avoir conscience, la raison dêtre de lensemble gravé que den faire la publicité en vue de la vente, y compris des peintures. Jai dit ailleurs que les rapprochements beaucoup plus forts entre dessin et gravure quentre estampe et peinture pouvaient laisser croire que certains tableaux nétaient déjà plus en possession des Bouzonnet au moment de leur traduction en gravure. Simple hypothèse, dois-je préciser, à laquelle je ne crois guère même si je ne peux absolument lexclure au moins pour certains sujets.Jacques Stella, coll. part. Le cas du Frappe-main, lui, suggère une situation différente. Certains détails, comme la longueur du ruban de la femme de dos ou lexpression du personnage tout à gauche de la frise, rapprochent le tableau de lestampe. Le souci de Claudine était de restituer une peinture, travail pour lequel le dessin était un intermédiaire commode mais, si jose dire, subalterne; là se plaçait notamment la part dinterprétation de tout graveur. Sur des détails vestimentaires ou du paysage, limpact est faible. Les expressions, cest autre chose.Claudine Bouzonnet Stella daprès Jacques Stella |
Jacques Stella |
* Jacques Stella, dessin Claudine Bouzonnet daprès Jacques Stella, gravure |
Jacques Stella, dessin Lexamen des frises tend à démontrer que, consciemment ou non, elle en vient à modifier lesprit. Son vocabulaire plus ampoulé, plus porté à leffusion par inclinaison morale, modifie un moment de détente franche, de jeux entre jeunes femmes et jeunes hommes respirant la santé, en amusement conduit sous le sceau de la bienséance, venant retenir ce qui pourrait devenir débridé. Claudine referme la bouche de la jeune femme intimant le silence, plus autorité que participante au jeu, au rebours de ce que Jacques semble avoir voulu, en passant du tableau à la préparation de la gravure.Cela permet, à la rigueur, dexpliquer quon ait pu sinterroger sur le fait que Claudine soit plus impliquée quil ny paraît, du moins en labsence des dessins et, aujourdhui, des tableaux. A contrario, la singularité de lentreprise de loncle nen est que plus évidente, loin de ce que lon croyait voir en lui jusquà encore récemment. Comme Jacques Thuillier lavait soupçonné dès 1960, Stella doit sa réputation dévote bien plus à ses héritiers quà son art même.
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Retouche, juin 2014.
Le dessin est à la galerie Terrades, à Paris (détail restauré ci-contre). Son examen direct ne laisse aucun doute sur sa qualité autographe (ni sur le fait que son auteur soit Jacques Stella, soit dit en passant). Au verso, le dessin est repris au crayon, essentiellement pour les personnages : selon toute vraisemblance, Claudine a ainsi pu le reporter pour préparer la gravure en retrouvant le sens de linvention de son oncle. Sylvain Kerspern, Melun, le 8 juin 2014 |
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