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JACQUES STELLA, CATALOGUE ROME (1622-1634) Les « camayeux » (1624-1625)�: l'Église martyre |
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* Table générale * Table Stella * Catalogue : *Camayeux; *Succès romains, 1622-1632 ; *Ensemble |
Camayeux romains. L' Église martyre - 20 sujets |
Cet ensemble couvre les temps de l'Église persécutée dans la suite des apôtres, depuis le diacre protomartyr Étienne jusqu'au IVè siècle (on pourrait y ajouter Saint Pierre de Vérone, martyr dominicain du XIIIè s., rattaché ici à la section militante selon son ordre). Il frappe par l'importante représentation féminine (14 sur 20) et un choix sans doute guidé par des considérations mêlant les lieux et les métiers que ces différentes figures patronnent.
Ainsi, nombre d'entre elles sont italiennes, particulièrement romaines, le reste se partageant entre le Proche-Orient (jusqu'Alexandrie) et la France (l'Espagne d'Eulalie restant à retrouver si elle n'est pas issue d'une confusion de Mariette avec Anastasie). L'origine des entrepreneurs et le contexte de l'année jubilaire de 1625 peuvent l'expliquer.
Le costume, les attitudes et les airs de tête permettent de saisir l'actualisation en cours du style de l'artiste. L'aspect moderne des vêtements de Crépin, Crépinien, Côme et Damien, malgré leur appartenance au Bas-Empire Romain, sert à les insérer dans le quotidien de leurs activités; il pourrait rappeller les pratiques du maniérisme toscan réformé à la suite de Zuccaro ou Santi di Tito, et qu'incarne encore à Rome Pomarancio ou Tempesta, dans une veine qui perdure encore au moins jusqu'aux dessins de Yale (1629-1630). On la retrouve chez Cortone, fortement marqué par l'art toscan dans son apprentissage auprès de Commodi, par exemple dans un épisode de l'histoire de sainte Bibiane. En revanche, et paradoxalement, le souci des drapés à l'antique, amples, s'envolant ou soigneusement arrangés, semble répercuter le contact avec la Rome « moderne », post caravagesque, de Guido Reni, Bernin, Cortone ou Lanfranco. Le rapprochement ci-contre de la Sainte Suzanne de Stella et de la Sainte Bibiane de Bernin permet de comprendre que Mariette, ne disposant apparemment pas d'exemplaire légendé et connaissant certainement le chef-d'oeuvre du sculpteur italien, puisse s'être trompé. On ne saurait évidemment faire de ces rapprochements les indices d'un artiste sous influence : Cortone a le même âge que Stella; Bernin est un peu plus jeune. Il faut simplement y voir des communautés de recherche dans la Rome du pape nouvellement élu Urbain VIII, protecteur de ces différents artistes qui tous participent aux séances de l'Académie de Saint-Luc alors. Au rebours, cette comparaison conduit à noter, malgré les effets bouffants, la recherche d'ordre et de sobriété de notre artiste, qui souligne une inclination personnelle essentielle à la mise en place de son style classique. Sylvain Kerspern, Melun, septembre 2017 |
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Sainte Suzanne Exemplaire BNF. |
Le Bernin, Sainte Bibiane, vers 1625. Plâtre. Louvre. |
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Sainte Apollonie Exemplaire BNF. |
Pierre de Cortone Sainte Cécile Toile. Londres, National Gallery. |
Martyres et martyrs. - 20 sujets |