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JACQUES STELLA, CATALOGUE FLORENCE (1616-1621) Sommaire de la rubrique Stella - Table générale Contacts : sylvainkerspern@gmail.com - sylvainkerspern@hotmail.fr |
Les années florentines : quelques remarques. |
Pour Daniel Ternois Les premiers ouvrages dimportance connus de Poussin prennent place alors quil approche la trentaine : la Mort de la Vierge de Sterrebeeck, autrefois à Notre-Dame, est datable de 1623. Il ne semble pas que lon en envisage pour Vouet avant ses 25 ans, quil prend en 1615. Si le cas de Le Sueur, à la carrière brève et fulgurante, permet den compter, cest dans le cadre du fonctionnement de latelier de ce dernier. Autre prodige, et cas execptionnel, on connaît des ouvrages de Le Brun autour de ses vingt ans voire un peu avant. Encore est-ce dans un contexte favorable, celui du renouveau artistique au temps de Richelieu, et pour une figure centrale - un Premier peintre du roi, directeur de lAcadémie, grand ordonnateur des arts du dessin à Versailles - particulièrement servie par les témoignages écrits ou figurés sur sa production.Or pour Stella, on peut réunir un ensemble déjà intéressant jusque vers lâge qui était celui, alors, de la majorité légale, 25 ans; celui aussi de son premier chef doeuvre, la gravure de la Cérémonie des Tributs. Si le cadre florentin est, a priori, favorable aux arts, il faut quil ait su sy distinguer pour quautant de témoignages de ce séjour capital nous soient parvenus, certains étant apparemment restés sur place. Ce sont essentiellement des dessins et des gravures, qui le situent dans la mouvance de Callot et autour de la vie animée de Florence, avec, déjà, des préoccupations propres qui saffirment : mesure, bienveillance, goût pour les détails familiers; je crois fermement que filtre déjà un regard sur Caravage, possible par le voisinage avec Artemisia Gentileschi et le passage de Honthorst retournant aux Pays-Bas. Il faut insister sur la technique graphique, essentielle pour comprendre lartiste au travail, et particulièrement pour le séjour florentin. Très vite - dès 1619 et le Joyeux buveur -, Stella se sert de vigoureuses hachures quun trait continu et fluide peut associer en guirlandes, qui peuvent se croiser, et qui se combinent à des notations ponctuelles, mais aussi ménagent des zones en réserve servant aux volumes. Jai souligné ce travail dès mon article de 1994 (bientôt vingt ans), et noté quil se prolongeait dans les premières années à Rome, au moins jusquà lépoque des camayeux; cest même ce qui contribuait, selon moi, à soutenir lidée que ces gravures sur bois, qui reproduisaient ce processus, étaient de la main même de linventeur. Le lien avec lactivité de graveur, particulièrement évident pour la période toscane, introduit un certain flottement pour certains ouvrages, entre les dernies mois à Florence et les premiers à Rome (et le problème se reproduira à propos du retour en France). Stella nabandonne définitivement la pratique de la gravure quaprès 1629. Certains arbitrages pourront être faits sur des données positives; dautres seront des extrapolations personnelles dont jespère quelles convaincront à loeil... Jusqualors, aucune peinture navait été proposée avec quelque assurance pour ce séjour en Toscane - tel était encore mon constat dans mon étude pour le Bulletin de lassociation des historiens de lart italien en 2008. Cest chose faite, en espérant que de futures retouches lui trouvent des compagnes. Sylvain Kerspern, Melun, jeudi 10 octobre 2013 |
Oeuvres datées de 1618-1619. autour de 1618-1619. datées de 1620-1621 autour de 1620-1621. |
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MENTIONS ANCIENNES |
- Ouvrages pour les noces de Ferdinand de Gonzague avec Catherine, soeur de Cosme de Médicis, en février 1617; voir biographie.
- Sainte Thérèse et son frère demandant le chemin pour prêcher les infidèles à un cavalier espagnol; «cette petite pièce a été gravée à leau-forte par M. Stella pendant son séjour à Florence, quoyque son nom ny sa marque ne sy trouvent pas » (Mariette 1851-1860, t. IV, p. 265; Thuillier 2006, p. 46 (non retrouvé). Faute de connaître la gravure, dont les dimensions doivent avoisiner celles du Songe de Jacob, on ignore ce qui motive Mariette à la situer à Florence; si seul le style en fut responsable, il faudrait peut-être plutôt la rapprocher des fêtes de canonisations de 1622. |
ARTICLE DU BAHAI N°14, 2008 : ERRATA |
- p. 122 : « La Danse était datée de 1621 environ dans le catalogue de lexposition de 2006. Ce nouveau repère permettrait denvisager une exécution un peu antérieure pour le dessin de lEnsba, La flagellation : son style, plus lâche et gracile que le Vendeur de tripes pour chat signé et daté de 1621, prolonge encore celui de la feuille parisienne ».Le texte est incompréhensible, puisque le dessin porte une date, 1618; je voulais justement me servir de lui pour situer la Danse dans la production florentine, pour len rapprocher et marquer la distance avec le Vendeur de tripes pour chat de 1621.- p. 123, à propos des « camaïeux » : « Lexposition en a montré quelques exemples, la monographie de Jacques Thuillier, qui insiste sur leur importance, en publie dautres, mais lensemble dépasse la centaine dimages. Lhypothèse qui rattache Stella au jubilé de lannée 1625 est fort vraisemblable. La part quil aurait prise dans lexécution est à mes yeux très grande. » La correction a mis Stella au lieu de lensemble des camaïeux; de plus elle relativise par un conditionnel ma conviction que celui-ci a été également gravé par notre artiste.- p. 125, sur la situation florentine ou romaine de certains dessins, et particulièrement de la copie d'après Caravage : « Le style graphique est en parfaite concordance avec le petit groupe doeuvres romaines de Stella discuté jusquici. » Avant de réfléchir sur le statut, florentin ou romain, de ces feuilles, il navait été question que de la production toscane.- p. 127 note 22 : « Ibid, p. 77. » La formule latine renvoie à la référence de la note précédente, soit le catalogue de lexposition de Lyon et Toulouse de 2006-2007, alors que mon texte original citait la monographie de Jacques Thuillier. Illustration, malheureusement, de la difficulté de se servir doutils dont la pratique se perd. |
Détail de la gravure des Tributs laissant voir dans le fond des tracés perspectifs, mentionnés dans cet article (p. 123) pour le lien à faire avec la seconde « démonstration » de Brunelleschi. Voir aussi ici Vocation de saint Mathieu d'après Caravage (Offices), mentionnée dans cet article (p. 125) |