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Sylvain Kerspern - dhistoire-et-dart.com | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Table de rubrique : | Table générale Contacts : sylvainkerspern@gmail.com |
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Les Stella |
Catalogue de l'œuvre de Jacques Stella : Ensemble - La Fronde (1649-1651), mosaïque |
Histoire de Vénus et Cupidon, dit aussi Les jeux de Vénus et d'amour de Jacques Stella Mise en ligne en mai 2023 - retouche le 2 juin 2024 |
Si Claudine a certainement contribué à entretenir la mémoire de son oncle, elle n'est pas allée jusqu'à restituer tout à fait sa création, rattrapée par une religiosité sensible jusque dans ses inventions. Parmi les victimes de ces œillères, L'histoire de Vénus et de Cupidon, « partie desdits tableaux sont dans une fausse porte derrière la tapisserie à la grand chambre » dans le testament et inventaire de Claudine, que Bon Boullogne, lors de son expertise après le décès de mademoiselle Stella appelle Les jeux de Vénus et d'amour. Des nombreuses entreprises signalées par Félibien, sans doute au rapport des Bouzonnet, cette suite vraisemblablement aussi tardive que les autres n'est pas mentionnée. En conséquence, elle reste largement à retrouver et ses contours, encore difficiles à percevoir. Autour de quelques peintures réapparues dernièrement et de possibles modèles ou équivalents, j'essaie de répondre ici à cette double question, en espérant que cela fasse resurgir de quoi compléter l'ensemble. |
Données historiques et premiers candidats. |
Claudine donne au moins le nombre de sujets, 12, et la dimension moyenne de chacun d'entre eux, 1 pied de haut sur 1,5 de large, soit environ 32,5 x 49 cm. La suite figure dans le legs universel destiné à Anne Molandier et son époux, Joseph Lacroix, à Lyon. Elle ne semble apparaître dans aucune des mentions d'œuvres de Stella depuis et il est vraisemblable qu'un autre nom soit rapidement venu remplacer le sien. Les Molandier étant aussi liés aux Demasso, il n'est pas impossible qu'une piste anglaise n'émerge quelque jour.
Vénus, Vulcain et l'Amour. Huile sur toile. 69 x 57 cm. Coll. part. |
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Vénus et l'Amour taillant son arc. |
Historique : Vente Le Floc'h Drouot 11 octobre 2015, lot 12 (École Italienne du XVIIè s. Toile marouflée sur carton légèrement agrandie sur la droite)
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La première composition en date que j'ai envisagé de rapprocher de notre suite est passée en vente en octobre 2015 et représente Cupidon taillant son arc sous la conduite de Vénus. Plusieurs points soutiennent cette intuition. Notons d'abord la pose de la jeune femme, de profil, comparable à celle que Stella lui donne dans le tableau Pardo-Motais qui présente une coiffure pareillement élaboré, et un Amour au canon et au type voisin.
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D'après (?) Jacques Stella. Vénus et l'Amour taillant son arc. Toile. 29 x 44,5 cm (coupé dans le haut?). Vente Le Floc'h Drouot 11 octobre 2015, lot 12. |
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Le Branle, Pastorale 6. 50,5 x 62 cm. Coll. part. |
Vénus (ou Erigone??) proposant une grappe de raisin à Cupidon. |
Historique : Vente Herbette Drouot 13 décembre 2015, lot 8 (Entourage de Lairesse. Paire d'huiles sur panneau en pendant, comme Erigone et l'amour. 33 x 23 cm.). Vente Herbette Drouot 30 septembre 2018, lot 7 (idem). Localisation actuelle inconnue.
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Quelques semaines après l'apparition du tableau qui vient d'être abordé, une paire non sans rapport mais en hauteur passe dans une vente, rapprochée du peintre liégeois Gérard de Lairesse, montrant deux personnages dénudés dans un paysage; les sujets sont identifiés pour l'un comme Erigone et l'Amour (avec une grappe de raisin) (ci-contre à gauche), l'autre, Vénus et l'Amour (ci-contre à droite). Je reviens plus bas sur le second à propos de l'original qu'il reprend, aujourd'hui au musée de Stockholm mais il faut d'ores et déjà noter que l'une des principales variantes consiste en l'agrandissement dans la hauteur d'une composition initialement conçue en largeur, rompant avec le format de la suite héritée par Claudine, donc avec une stricte identification.
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D'après Jacques Stella. « Erigone » (?) et l'Amour. |
D'après Jacques Stella. Vénus et l'Amour tirant à l'arc. |
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Ventes Herbette 2015 et 2018. Paire d'huiles sur panneau en pendant. 33 x 23 cm. | ||
Le Frappe-Main, Pastorale 4. 48,5 x 60 cm. Coll. part. | ||
Vénus et Cupidon s'entraînant au tir. |
Toile. 37 x 46 cm. (en moyenne) Stockholm, Nationalmuseum.
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Le tableau acquis par Stockholm est, en quelque sorte, venu couronner les prémices d'une redécouverte partielle de la mystérieuse suite sur Vénus et l'Amour que forment les peintures discutées jusqu'ici, apparues dans les années qui précèdent sa vente. Il aura sans doute manqué toutes ces étapes aux personnes qui ont émis des doutes sur l'attribution à Stella après l'acquisition. En dehors des remarques de Didier Rykner dans son l'article, je n'ai pas lu beaucoup d'arguments véritables contre. Le souci d'approfondir les lignes que j'ai produites pour la soutenir alors aurait tout de même permis de s'assurer du lien indéniable avec notre artiste.
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Ventes van Ham 2019 et Ader 2021. Toile. 37 x 46 cm. (environ) Stockholm, Nationalmuseum |
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La fenaison, Pastorale 1. Gravure. BnF. |
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L'embaumement du Christ. Toile. 50,5 x 61,2 cm. Montréal, Musée des Beaux-Arts. |
Paysage au laboureur. Gouache. 23,4 x 32,5 cm. Ottawa, Musée des Beaux-Arts du Canada. |
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Le tableau de Stockholm a été copié en hauteur, nous l'avons vu. Quels enseignements peut-on en tirer?
Dans sa vente, la copie est mise en pendant d'une autre peinture au décor indiscutablement commun à l'une des Pastorales, resserrant décidément le lien avec Stella.
En ajoutant la troisième composition (et le tableau Pardo-Motais), on peut remarquer une Vénus à chaque fois bien moins vêtue que celle de Stockholm. C'est pourquoi j'ai douté de la tunique blanche, probable repeint de pudeur.
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La version Philocale. (novembre 2018) |
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Le tableau de Stockholm. (mai 2019-janvier 2021) |
Trois sujets en petit format montrant Vénus et Cupidon, personnages d'un suite de douze tableautins sur leur histoire par Stella inventoriée par sa nièce, et qui s'appuient sur des décors paysagers si proches de ceux des Pastorales, faut-il encore aller chercher un autre artiste alors même que sa redécouverte n'en est plus à une surprise près, ou du moins à ce qui peut, au premier regard, sembler tel? La haute qualité du tableau de Stockholm, pour sa part, appelle un nom de premier plan. L'érotisme froid, quand bien même il prend place dans un paysage baigné d'une chaude lumière rare chez le Lyonnais, l'extrême soin de la facture, la typologie de l'enfant voire de sa mère, tout cela n'est pas si éloigné de son art que ce que les réserves exprimées sur l'attribution pourraient le laisser croire. Je laisse à d'autres le soin d'apporter une éventuelle alternative mais il faudra qu'elle soit argumentée. Espérons de nouvelles découvertes; elles ne pourront nier le lien avec Stella. |
Iconographie. |
L'iconographie fait partie du mystère qui entoure cette suite.
Commençons par considérer ses sujets en faisant abstraction des peintures discutées jusqu'ici. Il s'agit d'une suite supposant une narration, allant au-delà d'ouvrages abordant dans un épisode unique la déesse et son fils, en particulier l'éducation du second par la première. Du moins un artiste de quelque ambition peut-il arguer, pour l'entreprendre, de précédents prestigieux à partir des exemples isolés de Raphaël, Dürer, Corrège ou Carracci - sans parler de Stella, et du tableau Pardo-Mottais...
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(Ci-dessus) P. Scalberge, Scola d'amore, planche 11. Nancy, M.B.A
(Ci-contre) O. Fialetti, Scherzi d'amore, planche 9. British Museum |
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(Ci-dessus) Vénus, Vulcain et l'Amour. Toile. Coll. part. (Ci-contre) O. Fialetti, Scherzi d'amore, planche 7. British Museum |
De l'ensemble de 12 sujets chez Scalberge et de 13 chez Fialetti, quelles correspondances y-a-t-il avec les peintures réunies ici sur le nom de Stella? Sans surprise, la taille de l'arc et l'exercice du tir en font partie. Pour autant, seul l'Italien a montré Cupidon façonnant son arme. C'est l'avant-dernier sujet de son cycle, qui se conclut sur l'Amour s'apprêtant à tirer à l'arc. Tel est l'objectif, au fond, donné par l'artiste, et un objectif constructif, tout différent de l'amusement de Scalberge. Ce dernier montre aussi l'entraînement mais avant la moitié du cycle, comme une péripétie parmi les avanies subies par Vénus de la part de son fils, voire comme la préparation du retournement final.
Le troisième sujet rapproché de la suite de Stella (ci-contre) n'apparaît pas dans les deux autres et me semble en fait rarissime, au point que l'expert de sa vente aura privilégié l'identification comme Erigone et Cupidon. Tout spécialiste de Stella s'accordera à y percevoir l'accent souriant propre au peintre, déployé dans un paysage de Pastorale. Ce ne serait pas non plus la première fois que le Lyonnais se distingue jusque dans l'iconographie.
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O. Fialetti, Scherzi d'amore, planche 13 et 14 (sur 14). British Museum |
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Stella en vint-il, tout de même, à représenter dans sa suite éducative la déesse châtiant son fils? Carracci l'avait fait comme Giovanni Luigi Valesio (c. 1583-1633)(ci-contre), un artiste que Stella pourrait avoir connu s'il est bien le Vanezio qu'il mentionne dans sa lettre de Rome à Langlois en février 1633. Une peinture récemment apparue que je crois de Claude Mellan (1598-1688) dans un intérieur à dispositif à rideau témoigne de la veine satirique de l'artiste (ci-contre), que notre Lyonnais ne partageait pas avec son ami. Le tableau doit appartenir à la période romaine de Mellan et Stella put également le voir mais alla-t-il jusqu'à intégrer le sujet à sa suite pour autant? Cela semble sortir du propos et du tempérament de l'artiste, mais serait-on, avec lui, à une surprise près si d'aventure, il en était ainsi?
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Giovanni Luigi Valesio (c.1583-1633), Vénus châtiant l'Amour. Gravure. 20,4 x 13,7 cm. British Museum. |
Ici attribué à Claude Mellan (1598-1688), Vénus châtiant l'Amour. Toile. 118 x 95 cm. Coll. part. |
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Marcantonio Raimondi d'après Raphaël, Vénus à sa toilette et l'Amour. Gravure. BnF. |
Laurent de La Hyre (1606-1656), L'entrée du Christ à Jérusalem. Toile. Ca. 400 x 308 cm. Paris, église Saint-Germain-des-Prés. |
Le cadre de ces années peut encore expliquer la chaude lumière du paysage, qui semble en avoir dérouté plus d'un. Elle ne doit pas témoigner d'une autre main mais d'une capacité toujours intacte de l'artiste, à se renouveler, par la curiosité, jusque dans le travail technique. Je n'ai pas manqué de souligner déjà son regard attentif sur la production de son confrère La Hyre et il n'y aurait rien d'étonnant à le voir en pleine émulation à nouveau avec lui, par exemple vers le temps de leur participation au décor du Carmel du faubourg Saint-Jacques (1652-1653), dans le registre du paysage solaire, tout en entretenant sa dimension composée dans le cadre de sa propre poésie.
S.K., Melun, avril 2023 |
Bibliographie :
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Retouche (et non repentir), Juin 2024 : Parce que j'ai le souci de l'objectivité (et de mon éventuelle faillibilité), j'ai pris soin, dans la bibliographie ci-dessus, d'indiquer l'article de La tribune de l'art mentionnant l'acquisition du tableau original vendu chez Ader-Nordmann le 29 janvier 2021 et acquis par le musée national de Stockholm, ainsi que les réserves, apparemment nombreuses, qui ont pu être émises sur l'attribution à Stella. Le même souci me conduit aujourd'hui à me faire l'écho de la publication du tableau dans la revue du musée (Art Bulletin of Nationalmuseum Stockholm, volume 28.2, 2021). Elle m'incite à approfondir certains aspects. Martin Olin, auteur de son étude, pointe d'abord la situation de la peinture dans le contexte de l'Atticisme par la clarté et la luminosité de la scène et les traits classiques des figures, le coloris brillant et les atmosphères transparentes. Mon attribution comme le doute émis sont scrupuleusement rapportés. Martin Olin reprend et amplifie la relation avec le tableau Motais de Narbonne représentant Vénus et l'Amour dans l'atelier de Vulcain par des remarques que je n'avais pas faites sur l'arc et le carquois, notamment. Une conversation avec le conservateur des peintures Fernando Cacéres lui a confirmé le constat que j'avais envisagé d'un repeint de pudeur pour le voile blanc occultant partie du buste de la déesse. Son article n'envisage pas un seul instant un autre nom, multipliant les relations avec les sujets conçus par Stella sur le thème de l'enfance ou les Pastorales. Ce faisant, il s'appuie volontiers sur le catalogue de l'exposition de 2006, qui fut une contribution capitale à la réhabilitation de l'artiste, et qui demeure, par son format papier, une source d'information référencée et accessible dans toute bonne documentation. Un certain nombre d'indications données ne tiennent pas compte de ce que j'ai publié sur ce site, sans doute moins commode d'utilisation. Je ne désespère pas de voir un jour publier sous un tel format le catalogue de l'artiste que j'ai commencé à mettre en ligne il y a maintenant plus de dix ans, tâche que j'espère voire achevée dans les mois qui viennent. Je reviens ici sur ces quelques rectifications à apporter, qui peuvent avoir un impact sur la situation de notre peinture. Il y a quarante ans maintenant, j'ai entrepris de démêler (désentrepêtrer, dirait mon fils) les ressorts de la principale injustice subie par Jacques Stella : l'ombre de l'ami Poussin dont il n'aurait été qu'un imitateur. Il s'agissait d'abord d'interroger les textes, les commentaires et leur pertinence, pour finir par en dégager tout un mécanisme alliant paresse intellectuelle propice à la répétition, éventuellement orientée pour le pire, confusions avec le neveu Antoine, incompréhension de l'estime même que Poussin pouvait avoir pour lui sans parler des escroqueries opérées par les de Masso dont je n'ai remonté le fil qu'assez récemment. Les premières analyses stylistiques venaient appuyer la démonstration. Cette ombre plane encore un peu sur l'étude de Martin Olin lorsqu'il invoque l'exemple du Normand dans l'intérêt du Lyonnais pour le thème de l'enfance. Toutefois, il en tempère le propos en le faisant remonter en 1623-1624 à Rome, avant donc l'arrivée de Poussin dans la Ville Éternelle; mais c'est encore trop tard, puisque Jacques en a donné une première démonstration dans sa Danse des enfants nus florentine vers 1620. Les jeux et plaisirs de l'enfance sont une préoccupation toute personnelle qui parsème l'ensemble de son œuvre, en sorte qu'il n'est décidément pas nécessaire de faire appel au Normand pour expliquer son art. C'est la raison pour laquelle il en fait l'objet d'une suite de pas moins de cinquante sujets, première des entreprises que l'on peut rattacher à la formation de son atelier avec neveux et nièces. Le secours de Mariette, fin connaisseur de l'art de graver et de son histoire en France, la rapproche, pour la contribution initiale de Couvay et Poilly, du moment de l'Histoire de Notre-Dame de Liesse publiée en 1647 dont les deux graveurs se partagent la traduction des modèles de Stella. Style et contexte d'édition incitent donc à placer les dessins autour de 1645, avant la Fronde. Il faut encore chasser cette ombre funeste de Poussin à propos des Pastorales, pour lesquelles elle se conjugue à celle de Claude Lorrain. Le schéma de composition apparaît chez Stella dès l'Italie et le Retour d'Egypte jadis chez Gui Rochat (coll. part., ci-contre), gravé par Claude Goyrand. Il est donc, à nouveau, pleinement sien. Est-ce la lumière dorée du tableau de Stockholm qui déroute de la part d'un peintre réputé pour sa froideur en la matière? On pourrait en dire autant de celle de Minerve chez les Muses, pareillement inhabituelle. Pour cette dernière, elle peut s'expliquer par des références au cabinet du roi du château de Richelieu, ce qui témoigne d'une capacité de Stella à moduler, et à surprendre, selon ses intentions et le regard qu'il porte sur la création des autres. Néanmoins, Martin Olin est parfaitement justifié dans la convocation de ces deux suites plus ou moins tardives de Stella qui m'ont guidé dans la situation chronologique de celle dédiée à Vénus et Cupidon. Je me garderai d'être trop précis alors qu'il manque encore 11 originaux et 9 compositions. Pour autant, il suffit de souligner le rapprochement des fonds de paysages de ces compositions avec lesdites Pastorales et le lien d'attribution voire de datation devient impératif pour la première, et indicatif pour la seconde. Or celui de la Fenaison est en rapport étroit avec le tableau de Stockholm. Les indications de Martin Olin, indexées sur les recherches du catalogue de l'exposition dont il souligne certaines contradictions, pourraient faire songer à une situation au début des années 1640, où prennent place, selon moi, le tableau Motais de Narbonne ou Minerve et les muses du Louvre. Mais en concluant sur ces représentations de plaisirs champêtres, il laisse ouvert la possibilité d'une situation plus tardive à laquelle je souscris. S'il y a proximité dans la présentation de Vénus dans l'atelier de Vulcain et dans son éducation au tir à l'arc, la pose qu'elle prend à Stockholm, plus inclinée, traduit une tension qui appartient aux années 1650. Martin Olin souligne en tout cas, plus peut-être que je ne l'ai fait, la cohérence de la séquence produite par ces trois suites : Jeux et plaisirs de l'enfance ouvrent le bal autour de 1645, suivis de ceux de Vénus et Cupidon, vraisemblablement au début des années 1650, enfin les Pastorales au soir de sa vie, vers 1655. Trois thèmes qu'il n'est pas le premier à traiter mais sur lesquels il a posé une empreinte à nulle autre pareille, propre à son inspiration et sa poésie délicate et souriante. S.K., Melun, juin 2024 |
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Jacques Stella, Vénus, Vulcain et l'Amour travaillant les armes. Toile. 69 x 57 cm. Coll. part.. |
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Claudine d'après Jacques Stella,Le pape-guay. Gravure. Env. 12 x 15 cm. BnF. |
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Jacques Stella, Le retour d'Égypte. Cuivre. 32,5 x 41,5 cm. Coll. part. |
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Jacques Stella, La Fenaison, Pastorale 1. Plume et lavis, rehauts de blanc. 25 x 30 cm. Vente Bonhams Londres, 14 septembre 2022, partie du lot 187. |
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