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Les Stella |
Antoine Stella de Lyon en Italie : quelques notes sur un document vénitien Mise en ligne le 30 septembre 2022 |
André Félibien, dans sa brève mention d'Antoine Bouzonnet Stella, insiste principalement sur sa longue formation, auprès de son oncle puis par un séjour de plusieurs années en Italie. Un document publié récemment par deux fois mais assez médiocrement exploité, donne un éclairage particulier sur cet apprentissage, et sur les relations entretenues dans ce cadre par le neveu de Jacques. Pour lui comme pour le personnage central dudit document, Jacques Barri, lui-même mal servi par ses commentateurs, il est non seulement utile mais surtout nécessaire d'en reprendre la teneur pour une plus juste interprétation. |
Le 18 février 1664, Antoine témoigne à Venise de sa bonne connaissance de Jacques Barri, de sa longue amitié avec lui et du fait qu'il soit libre de toute attache matrimoniale. Ce document a été dernièrement publié et commenté par Angelo Maria Monaco (2014). Deux autres artistes, Pierre Briot et Jean Porrée, viennent soutenir ledit Barri dans son projet de mariage en attestant du fait qu'il ne soit pas déjà tenu par un tel lien. Ces personnages fort méconnus méritent une certaine attention et, pour les deux derniers, trouvent par le fait un début de trame biographique inexistant. Commençons par le futur marié. |
1. Giacomo Barri / Jacques Barri (1638 - après 1690), de Lyon. |
Âgé de 26 ans en 1664 selon ses dires, il doit être né en 1638, et il est étonnant qu'Angelo Maria Monaco le fasse naître en 1636. Il déclare ensuite partir de Lyon à l'âge de 4 ans, donc en 1642, pour rejoindre son oncle le père César Margotin jusqu'à l'âge de 16 ans, donc en 1654, auquel il rejoint Rome et il y restera 8 ans, au service du cardinal (Antonio) Barberini, avant de rejoindre, en 1662, Venise. Il y a de quoi s'interroger sur l'affirmation d'Angelo Maria Monaco qui voudrait que Barri soit à Venise dès sa petite enfance, en 1642, voire 1640 en le faisant naître en 1636. En réalité, on trouve sans peine trace d'un César Margotin, aumônier du roi, présent à Paris autour de 1650. Si Barri ne dit pas où résidait son oncle, sa présence à Paris alors ne doit pas faire de doute, et les autres témoins le confirment; à commencer par Pierre Briot. |
Che D. Giacomo q. Pietro Bari de Lion in Francia d'anni c[irc]a 26, fa il Pittor, habita in Ca' Galleri a ss. Apostoli, d'anni c[irc]a 4 partì da Lion, sua Patria, et andò in casa di suo barba Pre' Cesare Margottini, co' q[ua]le stete sino l'età sua d'anni c[irc]a 16 poi andò a Roma, ove si tratenne c[irc]a anni 8 continui al servizio dell'Ecc[ellentissi]mo Sr. Card[inal] Barberino, e poi capitò in Venetia già c[irc]a 2 anni, libero sin hora da ogni legame matrimonial [...] Testes: D. Pietro q. Guglielmo Briotto da Pariggi D. Antonio q. Steffano Stella da Lion D. Gio. q. Nicolò Porre da Renz in Francia |
Traduction : Que D. Jacques q. Pierre Bari de Lyon en France de 26 ans environ, est peintre, habite dans la Ca' Galleri a ss. Apostoli, à 4 ans environ il est parti de Lion, sa Patrie, et alla dans la maison de son oncle Pre' Cesare Margottini, avec qui il est demeuré jusqu'à l'âge de 16 ans environ puis alla à Rome, ou il est resté environ 8 ans au service de l'Ecc[ellentissi]mo Sr. Card[inal] Barberino, et ensuite arriva in Venetia [à Venise, plutôt qu'en Vénétie ] il y a environ 2 ans, libre jusqu'alors de tout lien matrimoniale [...] Témoins: D. Pierre q. Guillaume Briot de Paris D. Antoine q. Étienne Stella [ sic, pour Étienne Bouzonnet ] de Lyon D. Jean q. Nicolas Porre de Renz [ Reims? ] en France |
2. Pietro Briotto / Pierre Briot (1637 - après 1664), de Paris. |
Autre erreur commise par Angelo Maria Monaco, il prénomme Briot Guillaume, confusion avec son père. Ce dernier est un maître-peintre connu par les documents, marié avec Madeleine Érondelle le 4 juillet 1627, morte peu après; il se remarie à 45 ans le 28 mai 1635 à Charenton Saint-Maurice. Jal donne à ce mariage neuf enfants qu'il ne croit pas devoir nommer, hélas! si ce n'est Abraham, porté sur les fonts par le graveur Bosse le 25 décembre 1639. Il dit encore que Guillaume Briot fut inhumé au cimetière des Saints-Pères le mercredi 1er février 1649, âgé de 60 ans. Pierre, lui, dont le parrain fut peut-être le peintre et éditeur Pierre Ferdinand, de confession protestante comme les Briot, possiblement cité dans l'acte vénitien comme son maître d'apprentissage commun avec Barri, doit être né en 1637. Sauf erreur d'interprétation, il arrive à Rome 4 ans avant que Barri n'en parte, soit en 1658. |
Son d'anni circa 27, faccio il pittor, habito a S. Gio. Brag[or]a dietro la Pietà e sto in Ven[eti]a da 8 mesi. [...] [...] Conosco questo Giac[om]o da pretto d'anni c[irc]a 5 in 6, con occ[asi]one che stando in la casa paterna, abitava poco discosto un tal Prè Cesare Margottini suo barba, nostro amico, col quale lui andò a stare, e vi si fermò in casa del me[desim]o sino l'età sua d'anni 16 in 17 nel qual mentre pratticando insieme, havendo imparato anco dal Sr. Ferdinando pittore l'arte del dipingere. Si partì lui per Roma et l'accompagnai alla Barca; [...] poi c[irc]a anni tre arrivato io a Roma, me lo ritrovai in casa [54v] del Rev[erendo] Card[inal] Barberino et dopo c[irc]a un anno partì di là et capitato in questa città come sa, lo ritrovai, continuando sin hora la nostra amicizia. |
Traduction : J'ai envion 27 ans, j'habite à San Giovanni Bargora derrière la Pietà et suis à Venise depuis 8 mois. Je connais ledit Jacques depuis l'âge de 5 ou 6 ans, alors que j'étais chez mon père, habitait non loin un certain Cesar Margotin son oncle, notre ami, avec qui il était venu vivre, et y rester jusqu'à l'âge de 16 ou 17 ans pendant lequel temps nous avons pratiqué ensemble, ayant appris du sieur Ferdinand l'art de peindre. Lui partit pour Rome et je l'ai accompagné au bâteau; puis après trois ans arrivé à Rome, je le retrouvais dans la maison du cardinal Barberini, et au bout d'un an, il partit de là et [à mon tour ] arrivé dans cette cité comme on sait [?], je le retrouvais, continuant jusqu'à aujourd'hui notre amitié |
3. Antonio Stella / Antoine Stella (1637 - 1682), de Lyon. |
Le témoignage d'Antoine confirme que Barri a bien quitté Lyon à quatre ans pour Paris, non Venise. Il confirme aussi sa propre présence dans la capitale au plus tard en 1650; puis à Rome dès 1658 - mais en fin d'année, ayant signé un acte à Paris en août. Il se dit à Venise depuis 8 mois, en sorte qu'il dût quitter la Ville Éternelle peu après son paiement pour des dessins d'après Pirro Ligorio pour le cardinal Barberini le 19 mai 1663. Ce dernier, d'une famille francophile, se voit confirmer son rôle de protecteur d'artistes de cette nation à Rome, puisque c'est auprès de lui que nos trois témoins et le futur marié ont pu, à un moment ou un autre, se retrouver. La façon de citer Antoine est significativement fautive : Jacques est dit fils de Pierre Barri, Pierre, fils de Guillaume Briot, Jean, fils de Nicolas Porrée, Antoine fils d'Étienne « Stella », nom de l'oncle adopté par Antoine par reconnaissance substitué au nom de son véritable père, Bouzonnet; mais il signe AB Stella. |
Conosco q[uest]o Giac[om]o da 14 anni in c[irc]a con occ[asi]one che in Pariggi, ove andai da pretto per imparar l'arte del dipingere, praticando con altri Pariggi, feci amicizia seco che stava col suo maestro Ferdinando. D'età poi d'anni c[irc]a 16, partì da Parigi per Roma come lui disse, ove lo ritrovai già c[irc]a 6 anni e stava col Sr. Cardinal Barberino e continuassimo la n[ost]ra amicitia, sino che lui già c[irc]a due anni partì per Ven[eti]a e trattenendomi io ancora a Roma sino già 8 mesi, che venuto in q[ue]sta città lo ritrovvai e prattichiamo insieme. Int[errogatus] [...] conosco esso Giac[om]o attesto il stato libero di d[et]to Giac[om]o et se fosse altr[imen]ti lo saprei stante il detto di s[opr]a, e prattica familiare tra noi passata. [...] AB. Stella |
Traduction : Je connais ledit Giacomo depuis 14 ans environ par l'occasion qu'étant à Paris, où j'étais allé pour apprendre l'art de peindre, pratiquant [pratica peut vouloir dire apprentissage] avec d'autres Paris[iens?], j'ai aussitôt lié amitié alors qu'il était avec son maître Ferdinand(o). Ensuite âgé d'environ 16 ans, il est parti de Paris pour Rome comme il le dit où je l'ai retrouvé il y a 6 ans et il était avec le Sr. Cardinal Barberino et nous avons continué notre amitié, jusqu'à ce qu'il y a environ deux ans, il parte pour Venise en me laissant à Rome pendant 8 mois jusqu'à ce que venu dans cette ville je le retrouve, et que nous pratiquions ensemble. Je connais ledit Giacomo, j'atteste le statut libre dudit Giacomo et s'il en était autrement, je le saurais étant donnés les dires de dessus, et la pratique familière passée entre nous. AB Stella |
4. Joian/Jean Porrée (1636 - 1687), de Renz (Reims?). |
Porrée est l'aîné du petit groupe, âgé de 28 ans. Il a rencontré Barri 10 ans plus tôt, en 1654, à Rome, au moment où Jacques se mettait au service du cardinal Antoine, pour 8 ans. C'est dans le cercle de ce prélat que va se nouer une forte amitié entre Porrée et Bouzonnet Stella, arrivé en 1658, qui se prolongera en France. Il ne m'étonnerait pas de le retrouver dans le « Giovanni Peri » partageant la maison d'Antoine relevé par Jacques Bousquet (1960, p. 10). Ils semblent d'ailleurs quitter ensemble et avec Pierre Briot Rome pour Venise puisqu'ils affirment tous trois être arrivés depuis 8 mois. La Sérénissime faisait-elle partie des villes que l'oncle Jacques Stella avait conseillé à son neveu de visiter? Ce n'est pas certain, lui-même n'y étant pas passé à son retour de Rome, en sorte que c'est peut-être la force de l'amitié qui aura conduit là le neveu. |
Son d'anni c[irc]a 28 faccio il pittor in Ca' Mosto a San Marco e sto in Ven[eti]a da 8 mesi. Int[errogatus] [...] Conosco q[ue]sto Giac[om]o da 10 anni in c[irc]a, con occ[asi]one che essendo io all'hora in Roma, lui mi capitò et andò a star col R[ev.] Cardinal Barberino, ove sempre si è trattenuto per 8 anni, continui e così [...] esercitandosi lui et io nella pittura, habbiamo pratticato nelle Accademie e conversato familiarm[en]te insieme ogni giorno. Io mi trattenni in Roma un anno dopo di lui et venuto in Ven[eti]a lo ritrovai dal Sig. Proc. Ber.o e continuamo qui la n[ost]ra amicizia [...] |
Traduction : J'ai 28 ans, je suis peintre à la Ca'Mosto a San Marco, et je suis à Venise depuis 8 mois. Je connais ledit Giacomo depuis 10 ans environ, alors qu'étant à Rome, il se trouve qu'il allait demeurer avec le cardinal Barberini, chez qui il est resté 8 ans, sans interruption et ainsi s'exerçant lui et moi à la peinture, nous avons pratiqué/appris dans les Académies et discuté familièrement ensemble tous les jours. Je suis resté à Rome un an après lui et arrivé à Venise, je l'ai retrouvé che le Sig. Proc. Ber.o et nou avons continué notre amitié. |
Quelles suites? |
Barri aura ainsi eu la chance d'une monographie d'une certaine ampleur mais il faut tout de même corriger les éléments de biographie qui le font naître en 1636 puis venir à Venise dès 4 ans auprès d'un hypothétique Cesare Margottino alors que c'est à Paris qu'il retrouva son oncle aumônier, auprès de qui il rencontra aussi bien Antoine B. Stella que Pierre Briot. Ce dernier semble disparaître ensuite, ou en tout cas n'avoir pas percé. Je ne l'ai pas retrouvé à Paris ensuite, chez Laborde, Jal, Herluison ou dans ce qui a été dépouillé aux Archives Nationales. Sa confession protestante alors peut lui avoir nui. Dans les années 1650, le catholique Jacques Barri pouvait se mettre au service du protestant Ferdinand à Paris, et le protestant Pierre Briot à celui du cardinal Antoine à Rome; beaucoup moins trente ans plus tard. Le petit groupe aura eu l'occasion de voir au moins les originaux des copies rapportées d'Italie par Antoine, en particulier de Rome et Venise, inventoriées par sa sœur Claudine dans son testament et inventaire de 1693. Des gravures faites par Barri à partir de 1666, aucune ne semble y correspondre. Toutefois, si à propos de Stella le neveu, les influences qu'on invoqueraient spontanément sont l'oncle Jacques, Poussin et Giulio Romano, les dispositions spectaculaires de son Romulus et Rémus trouvés par les bergers (dessin à l'Albertina, tableau perdu mais gravé par sa sœur Antoinette) trahissent aussi la méditation de Véronèse, que son ami Barri semble avoir particulièrement apprécié, dans l'art de l'oblique. La confrontation ci-contre, assortie d'un dessin précoce d'Antoine plus marqué, à mon sens, par le séjour à Rome soutient cette impression. Le document permet en tout cas d'éclairer quelque peu la figure d'un peintre que Claudine présente comme un collaborateur occasionnel de son frère pour le décor en huit sujets de l'Ancien Testament d'une maison du village d'Issy, « le sieur Porré », avec d'autres, précise-t-elle, ce que Guillet, lors de sa conférence du 1er décembre 1691, ne reprend pas. Revenu à Paris, Jean Porrée n'a pas rejoint l'Académie royale mais celle de Saint-Luc. Il figure dans la Liste des membres de l'institution de 1672 comme reçu le 17 mai de cette année. De son union avec Marguerite Martin naissent au moins deux enfants. Le premier, Antoine a pour parrain, le 27 août 1679, Antoine Bouzonnet Stella; sa marraine est l'épouse de Philippe de La Hyre, fils de Laurent, membre de l'Académie des sciences, selon l'acte relevé par Laborde, et qui avait aussi rejoint l'Académie de Saint-Luc en 1670. Il meurt quelques années après son ami Stella, le 4 juin 1687, et on procède à son inventaire aprés décès le 7 juillet et jours suivants (A.N., MC/ET/CXVII/133). Gabriel Blanchard, peintre de l'Académie, et Jacques Galliot, maître et garde de la jurande, sont requis pour estimer les peintures, signe d'une collection de quelque intérêt. Peu d'originaux (de van Boucle, Nicasius Bernaerts), et des prisées faibles, dans l'ensemble; mais beaucoup de copies qui pourraient bien remonter au séjour italien : d'après Raphaël, d'après Titien, Lanfranco, Poussin, Veronese, Mola, Guido Reni. L'artiste gardait également des estampes, notamment d'après Perrier, Stella, que ce soit Jacques (Ornements d'architectures) ou Antoine (« la frize de Julles Romain, qu'il a copiée en 1664 et fait graver par sa sœur Antoinette en 1675), Pietro Testa, Cortone, Carrache, Mantegna, Poussin; et des livres, le traité de peinture de Léonard, les Cinq ordres d'architectures de Vignola, un traité de perspective, l'Iconologie de Baudouin (traduction de Ripa), la Parallèle d'architecture et le Dialogue des devises de Paolo Giovio. Porrée ne semble pas avoir été un simple praticien mais avoir cultivé une certaine culture de l'art. |
Giacomo Barri d'après Véronèse, L'adoration des bergers, gravure, 1666. British Museum |
Antoine B. Stella, Nymphes et bergers honorant Pan. Crayon noir, plume et encre brune, rehauts de blanc. 22,7 cm de diamère. Galerie Éric Coatalem. |
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Antoine B. Stella, Romulus et Rémus trouvés par les bergers. Crayon noir, plume et lavis. 28,4 x 39,8 cm. Albertina. |
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Antoine B. Stella, La captivité des Israëlites. Crayon noir, plume et lavis. 28,4 x 39,8 cm. Albertina. Possible dessin préparatoire au décor de la maison d'Issy de Sainte-Marthe. |
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Antoinette d'après Antoine B. Stella d'après Giulio Romano, dédicace d'une frise en stuc du Palazzo del Té, 1664-1675. |
Le quadruple interrogatoire que constitue le document vénitien pourrait avoir quelque chose de froid, d'impersonnel. Pourtant, les informations qu'il apporte font revivre un peu de l'activité artistique entre Paris, Rome et Venise dans la deuxième moitié du XVIIè siècle. Encore protégées par l'Édit de Nantes, les relations entre protestants et catholiques sont fructueuses et s'il reste difficile de décider de quel Ferdinand Barri et Briot furent les élèves, de Louis, plutôt portraitiste, ou de Pierre, réputé paysagiste, l'atelier en question semble très actif. Il est difficile d'interpréter les propos d'Antoine affirmant qu'il « pratiquait avec d'autres Parisiens (?) », puisque nous savons par ailleurs que son oncle est donné pour son premier maître, avant Poussin.
Quoiqu'il en soit, ses dires confirment décidément que Jacques Stella n'était toujours pas cet être délicat et maladif qu'il ne fut que les dernières semaines, sinon les derniers jours, et qu'il pratiquait toujours son art de la sociabilité dont nous avons maints autres témoignages. Antoine ne peut avoir rencontré Barri et son maître Ferdinand qu'en compagnie de l'oncle, qu'il s'agisse de Louis Elle, dit Ferdinand, le jeune (1612-1689), qui avait participé, en 1648, à la création de l'Académie royale de peinture et de scuplture; ou de son frère Pierre (1617-1665), également peintre mais qui s'est plus particulièrement illustré dans la gravure comme éditeur, conjointement avec François Langlois, mort en 1647, puis Pierre Mariette, amis bien connus de Jacques Stella. On peut envisager que ce dernier ait alors recherché les conditions matérielles pour son atelier de gravure au Louvre auprès d'éditeurs déjà installés qu'il connaissait particulièrement bien. Dans ce contexte, le jeune Antoine, à l'âge de 12 ou 13 ans, aura rencontré Jacques Barri, d'un an son cadet, chez Pierre Ferdinand. Claudine nous dépeint son frère Antoine plus porté à l'étude, et à la solitude, qu'à la promenade. Ce document vient en porte-à-faux, les amitiés parisiennes retrouvées en Italie montrant au contraire un caractère non seulement affable mais sociable et d'autres relations fortes et plus tardives, avec Claude Audran ou Louis Licherie, notamment, confirment que ce n'était pas le fait d'une curiosité de jeunesse que la vie aurait tarie. Si Jacques et Antoine doivent beaucoup à « mademoiselle Stella » devant l'Histoire par le souci d'honorer leurs mémoires, ce ne fut pas sans influence sur la fortune que celle-ci voulut bien, longtemps, leur donner, par le fait de ses propres inclinations. Sylvain Kerspern, 14 octobre 2022 |
BIBLIOGRAPHIE : * André Félibien, Entretiens sur la vie et les ouvrages des plus excellens peintres..., Paris, 1666-1688, Entretien X; éd. Trévoux, 1725, t. IV, p. 396. * Guillet de Saint-Georges d'après un manuscrit de Claudine Bouzonnet Stella, « Mémoire historique des principaux ouvrages d'Antoine Bouzonnet, surnommé Stella (...) lu le 1er décembre 1691 » in Mémoires inédits sur la vie et les ouvrages des membres de l'Académie Royale de peinture et de sculpture, (L. Dussieux, E. Soulié, Ph. de Chennevières, Paul Mantz, A. de Montaiglon publ.), Paris, t. 1, 1854, p. 423-424, 429. * Paul Lacroix, « Académie de Saint-Luc », Revue universelle des arts, Paris, t. 13, 1861, p. 330. * Auguste Jal, Dictionnaire critique de biographie et dhistoire, Paris, 1867, 2è éd. révisée, 1871, p. 284. * Jules Guiffrey, Histoire de l'Académie de Saint-Luc. (Archives de l'art français, nouv. p&eacue;riode, t. IX), Paris, 1915, p. 424, 492. * Jacques Bousquet, « Chronologie du séjour romain de Poussin et de sa famille », Actes du colloque Nicolas Poussin de 1958, Paris, 1960, t. II, p. 9-10. * Marylin Aronberg Lavin, Seventeenth-century Barberini Documents and Inventories of Art, New York, 1975, 41, document 327 * Marianne Grivel, Le commerce de l'estampe à Paris au XVIIè siècle, Paris, 1986, p. 300 (pour Pierre Ferdinand) * Sylvain Kerspern, «Antoine Bouzonnet Stella peintre (1637-1682). Essai de catalogue», Bulletin de la Société de lhistoire de lart français, 1988, 1989, p. 33-54. * Susan Russell « Pirro Ligorio, Cassiano Dal Pozzo and the Republic of Letters », Papers of the British School at Rome, vol. 75, 2007, p. 246 * Angelo Maria Monaco, Giacomo Barri « francese » e il suo Viaggio pittoresco d'Italia. Gli anni a Venezia di un peintre-graveur scrittore d'arte nel Seicento, Firenze, 2014, notamment p. 308-310. |
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