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Sylvain Kerspern La Vierge au chardonneret Piasecka. Une peinture de Jacques Stella. Mise en ligne le samedi 16 février 2013 |
En juillet 2009 à Londres, chez Sothebys, était mise en vente une Vierge à lEnfant de la collection Piasecka Johnson, sous le numéro 30 resté invendu. Détail charmant, un chardonneret posé sur la main gauche de lenfant vient picorer la cerise que celui-ci tient de la droite. Linnocence de la scène nest, bien sûr, quapparente, mais liconographie demeure souriante, expliquant lexpression de la Vierge : loiseau évoque lâme, qui senvole au moment de la mort, et la cerise, fruit du Paradis, la promesse du Ciel. Jacques Stella, |
La référence raphaëlesque navait pas échappé à Jean-Pierre Cuzin, qui avait présenté le tableau en 1984 dans limpressionnante exposition consacrée à lhéritage français du maître italien dont il était responsable, au Grand-Palais. Le type féminin aux yeux globuleux à peine visibles derrière la fente des paupières, aux pommettes saillantes et au menton saillant fait plutôt songer à un autre maître de la Haute-Renaissance : Léonard de Vinci, qui en avait beaucoup usé (Sainte Anne et la Vierge du Louvre, les deux versions de la Vierge aux rochers du même musée et de Londres, Madone de lErmitage), y compris pour ses figures androgynes adolescentes (Saint-Jean-Baptiste du Louvre, anges de la Vierge aux rochers de Londres et du Louvre...). |
Cétait un dessinateur infatigable et le Louvre conserve sous son nom des centaines de feuilles qui demandent à être étudiées scientifiquement, car on peut soupçonner plusieurs mains (dont celles de son frère Jean-Baptiste et de Samuel Massé, qui ont pareillement travaillé pour Jabach). Cest sans doute sur la base des nombreuses études de têtes à lautographie assurée (au Louvre, par exemple Inv. 25651 et 25656; au Musée Fabre de Montpellier, à lEnsba...) que son nom a été avancé. Ci-dessous : Michel II Corneille, |
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Jai proposé dès mon mémoire de maîtrise, il y a plus de vingt-cinq ans, de le rendre à Jacques Stella , hypothèse réitérée lors du compte-rendu de lexposition de 2006 à propos du n°66, mais avec un médiocre reproduction (sous la fig. 22). Cest le détail iconographique qui mavait dabord incité à le rapprocher de la mention dun tableau de même sujet dans le Testament et inventaire de Claudine (sous le n°12 : Une Vierge à mi-corps qui tient lEnfant-Jésus qui a un chardonneret sur une cerise); le format, 2 pieds et demi sur 2, correspond bien (82,5 x 65,5 contre environ 81 x 65). Les éléments de comparaison pour le style, aujourdhui, ne manquent plus, et le fait de disposer de reproductions en couleurs achèvera, je pense, de convaincre. |
Dès lépoque de lexposition, la Sainte famille à la bouillie de Toulouse, dailleurs également présentée par Jean-Pierre Cuzin, proposait des éléments de comparaison fermes, par le type de la Vierge, la fermeté sculpturale et le coloris éclatant, malgré le fond brun de la peinture américaine. Le Sommeil de lEnfant Jésus du Musée Tessé du Mans pouvait également être mis en rapport; mais son caractère strictement autographe avait été sans doute sévèrement mis en doute et il vient dêtre réevalué par Jacques Thuillier. Plus récemment, la Vierge adorant lEnfant de 1654, présentée à Lyon en 2006, ou le Mariage mystique de sainte Catherine également tardif, passé en vente en 2007 et signalé chez Moatti en 2008, ont apporté des équivalences sur tous ces points permettant de confirmer lattribution, parmi les oeuvres de la dernière période de Stella. On peut y ajouter un tableau rarement publié mais connu depuis longtemps et incontestable : la Sainte famille dAngers, qui offre tant de points de comparaison. |
Au demeurant, on y retrouve lesprit des jeux denfants chers à lartiste, ici tout autrement moralisé. Le Christ semble enseigner à loiseau, symbole de lâme, laspiration au Ciel, qui passe par sa propre Crucifixion. Dans la corbeille sont disposés des éléments qui tous renvoient à son sacrifice et à sa signification pour lhumanité : le raisin, la pomme, les noisettes (selon saint Augustin) dans lombre et, semble-t-il, le pain, en une somptueuse nature morte. De son côté, la Vierge le retient au sein de la draperie bleue, évocatrice du Ciel, que constitue son manteau, lempêchant même par son bras de basculer vers larrière. Cest une peinture toute entière marquée par la foi, malgré les souffrances et linquiétude. S. K., Melun, lundi 28 janvier 2013 |
Bibliographie : |
Courriels : sylvainkerspern@gmail.com - sylvainkerspern@hotmail.fr. |
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