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Sylvain Kerspern - dhistoire-et-dart.com |
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Sylvain Kerspern La mort de Saphire, une peinture inédite de François Nicolas, de Bar.
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La mort de Saphire est un épisode des Actes des apôtres assez rarement représenté en peinture. Raphaël avait traité un sujet tout voisin, celui de la mort de son époux Ananie - lune et lautre coupables aux yeux de Dieu davoir gardé de largent de la vente de leur champ, destinée à financer les activités des apôtres -; et cest dans le désir de rivaliser avec lui que Poussin peint précisément ce sujet en 1652. Notre artiste ne se place pas vraiment sur leur terrain, caractérisé par la frontalité de la frise, la rigueur architectural et le hiératisme expressif des dispositions : il préfère la profondeur de champ dun décor darchitecture vu légèrement de dessus, un canon moindre pour des attitudes plus diversifiées, narratives plutôt quexprimant des Passions. |
(ci-contre) François Nicolas, de Bar |
Charles-Alphonse Dufresnoy, La mort de Lucrèce, Cassel Pierre Mignard, Pyrame et Thisbé, coll. part. |
Les commandes des années 1670-1680 pour les églises Saint-Nicolas-des-Lorrains (Sainte Catherine, vers 1670-1673), Santa Maria della Vittoria (chapelle Saint-Jean-de-la-Croix, vers 1675-1680?) et SantAntonio dei Portoghese (Naissance de saint Jean-Baptiste, vers 1682-1685) montrent une évolution vers un style moins lourd et plus aimable, selon le terme de Jacques Thuillier, mais pas moins dense car discipliné dans les drapés. Ce dernier aspect pourrait avoir été favorisé par le voisinage de Reynaud Levieux, revenu à Rome à partir de 1671, et qui habite comme Nicolas via Laurina à partir de 1675. Chemin faisant, il nen abandonne pas moins les ambitions dun classicisme attentif à lexpression rigoureuse des Passions et au détail archéologique à laquelle lexemple de Mignard et Dufresnoy (depuis rentrés en France) pouvaient lavoir dabord incité. Il est vraisemblable que le fait de répondre à des commandes de retables religieux lait conduit à privilégier lorganisation de ses tableaux de façon décorative, ce quil fait en disposant lenchaînement de ses personnages selon une arabesque à la base solide, certains étant assis ou agenouillés. François Nicolas, de Bar |
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La mort de Saphire doit appartenir à cette seconde phase de sa carrière. Ses figures féminines ou enfantines, aux joues rebondies, adaptations personnelle dexemples de Dominiquin, sont particulièrement caractéristiques de lartiste. La comparaison des agonies dEurydice et dAnanie montre le chemin parcouru vers un drapé plus discipliné et classique dans sa référence à lantique; de même, pour les anatomies et la typologie proposée. |
Ces différents éléments sont, de fait, des points de rapprochements plus nets avec La naissance de saint Jean-Baptiste de SantAntonio dei Portoghese, laquelle peut elle-même être confrontée utilement avec le dessin de même sujet (inédit, coll. part.), gravé par Baron dans les années 1650 : on constate clairement un autre rapport des personnages avec leur espace.
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Le format de notre tableau suggère une destination pour amateur, domaine dans lequel on connaît plusieurs exemples malheureusement non localisés (Enlèvement dEurope publié en 1982 par Jacques Thuillier - ci-contre -; Moïse sauvé des eaux sur le marché dart de Parme en 1996 figurant sur la base de données Zeri). Leur canon est évidemment autre mais lartiste ny renonce pourtant pas à disposer ses personnages en frise et sans discontinuité. |
Il semble que ce ne soit que tardivement que François Nicolas aère franchement ses compositions. Cest ce que montre en particulier la gravure daprès une de ses inventions de Wouters, datée de 1689, La Madone du Panthéon. La composition repose sur le choix dun podium au premier plan, où se place la scène principale, surplombant le fond darchitecture, parti commun à notre Mort de Saphire. Il semble donc plus vraisemblable de situer notre peinture dans la toute dernière phase de lartiste. Elle apporte un élément supplémentaire dappréciation pour un artiste attachant, capable de répondre, dans un des principaux foyers artistiques européens du temps, Rome, à des commandes publiques autant quà des sollicitations privées. |
G. Wouters daprès F. Nicolas, La Madone du Panthéon, gravure, 1689 |
Sylvain Kerspern, Melun, le mercredi 21 mai 2014 |
Retouche, juin 2024 : La peinture a fait l'objet d'une donation sous réserve d'usufruit au Louvre en 2021. |
BIBLIOGRAPHIE : Jacques Thuillier in cat. expo. Claude Gellée et les peintres lorrains en Italie au XVIIè siècle, Nancy-Rome, 1982, p. 422-433 Paulette Choné : François Nicolas de Bar, " Nicolò Lorenese " (1632-1695), Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes, Année 1982, Volume 94, n° 94-2, pp. 995-1017 |
Courriels : sylvainkerspern@gmail.com - sylvainkerspern@hotmail.fr. |
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