Contacts : sylvainkerspern@gmail.com |
Sylvain Kerspern - dhistoire-et-dart.com | |
Jacques Stella - Catalogue Paris, oeuvres datables de 1646-1648 Tables du catalogue : Les débuts de la Régence (1644-1648) - Ensemble |
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Table Stella - Table générale |
Au temps de la Régence. Oeuvres datables de 1646-1648. |
Le détail des références bibliographiques, en labsence de lien vers louvrage consultable en ligne, peut se trouver en cliquant sur Bibliographie. |
La Vierge à l'Enfant à la pomme, peinture | La Vierge lisant, l'Enfant, st Jean et l'agneau, gravure de Landry | Diane chasseresse, peinture | La Vierge à l'Enfant à la rose, gravure de Regnesson | Saint Augustin, dessin (Louvre) | L'astronomie et La sculpture, peintures | Prométhée/Pygmalion, peinture |
La Vierge allaitant, gravure de van Schuppen | Sainte Agnès, peinture | L'annonciation, dessin | Les Pélerins d'Emmaüs, peinture (Nantes) | Le Christ, peinture | Allégorie en l'honneur de Louis XIV, dessin | Sainte Cécile à la harpe, peinture | Sainte Madeleine couchée, peinture |
Saint Hyacinthe, gravure de K. Audran |
La Vierge à l'Enfant à la grappe, gravure de K. Audran |
Sainte Famille au lys, dessin (Albertina) | Ste Famille, ste Élisabeth, st Jean et l'agneau, peinture | La charité, peinture |
Le Christ à la colonne, dessin |
Le mariage d'Hercule, peinture | Alexandre au tombeau d'Achille, peinture |
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Chantelou d'après Stella, Le Christ rédempteur et La Vierge à l'Enfant, gravures | Chambray d'après Stella, Cul de lampe, gravure | Lochon d'après Stella, Le Christ portant sa croix et La Vierge de pitié, gravures | Le mariage mystique de sainte Catherine, peinture | Le massacre des Innocents, peintures |
Le Christ servi par les anges, peinture |
Le détail de certaines références bibliographiques, en labsence de lien vers louvrage consultable en ligne, peut se trouver dans la Bibliographie. |
La Vierge à l'Enfant, qui lui présente une pomme, peinture |
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Huile sur toile. 83,5 x 69 cm. Signée et datée sur la base du pilastre à gauche : « j. Stella fec. [?]/ 1646 [?]
Historique : vente Chamalières le 12 décembre 2009, lot 286. Localisation actuelle inconnue. Bibliographie : inédit. |
La Vierge à l'Enfant à la pomme passée sur le marché d'art auvergnat figure parmi les nombreux ouvrages que Stella a pris soin de signer. L'inscription ne fait pas de doute, si ce n'est pour la date, que je ne lis pas 1644 comme le catalogue de la vente mais 1646; si je ne l'ai pas vue directement et n'ai pas disposé de bonnes reproductions, en particulier de ce détail, raison pour laquelle je ne l'ai pas intégrée à la section des ouvrages datés correspondante, le style me semble confirmer cette date un peu plus tardive que la Sainte Cécile à l'orgue de 1644 et plus proche de la version « chorale » du même concert gravée par Daret, étirant selon une courbe la massivité du drapé du corps féminin. La texture des vêtements propose une consistance sculpturale qui est celle visible dans le Baptême du Christ de 1645. Stella ne renonce pas pour autant à un effet pour le foulard ceignant la tête de la Vierge, strié de petits plis, ni au discret cangiante associant vert et violet pour la manche gauche de la jeune femme.
S.K., Melun, mars 2023 |
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Sainte Cécile, 1644. Huile sur marbre. 42 x 52 cm. Loc. inconnue |
Sainte Cécile à l'orgue gravée par Pierre Daret d'après Stella BnF |
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La Vierge lisant, l'Enfant, saint Jean et l'agneau, le Baptiste offre des fruits, gravure de Pierre Landry | ||
Peinture (?) perdue.
Gravure de Nicolas Le Clercq chez Pierre Landry (v. 1630-1701). 40,5 x 50 cm. BnF (Da 20, fol., p. 44). Lettre : Au bas au centre : I. Stella pinxit et à droite : P. Landry ex. C.P.Regis Au dessus, on devine derrière la ronce, sur le bloc servant à l'assise de la Vierge, une inscription calligraphiée que la plante aurait recouverte dans un second temps : Nicolas Le Clercq fecit?. Bibliographie : Roger-Armand Weigert 1973, p. 192 (Landry 23). |
La gravure se trouve dans l'œuvre des Stella à la BnF, et à ce titre, mérite à tout le moins d'être étudiée. Elle est cataloguée par Weigert sous le nom de Pierre Landry, qui n'en est que l'éditeur. Celui-ci semble avoir pris soin de masquer par l'ajout d'une ronce la signature du graveur auparavant visible sur le bloc de pierre qui sert de siège à la Vierge. Par recoupement avec une autre gravure éditée par Landry sans ce « repentir », il est possible de la déchiffrer ainsi : « Nicolaus Leclercq * fecit » (voir ci-contre).
S.K., Melun, mars 2023 |
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Signature masquée du graveur. | ||
Nicolas Le Clercq d'après Henri Watelé, Les noces de Cana Gravure éditée par Pierre Landry, détail des inscriptions au bas à droite. Braunschweig, Herzog Anton Ulrich-Museum. |
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Sainte Cécile, 1644. Huile sur marbre. 42 x 52 cm. Loc. inconnue |
La Vierge à l'Enfant, 1646? vente Chamalières le 12 décembre 2009 |
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Diane chasseresse, peinture | ||
Huile sur toile. 61,5 x 50,5 cm.
Historique : vente Sotheby's Paris le 25 mars 2014, lot 110 (« suiveur de Jacques Stella »). Localisation actuelle inconnue. Bibliographie : inédit. |
Voilà un tableau récemment réapparu avec une attribution à l'audace inaboutie. Le rattacher à Stella n'avait rien de l'évidence au regard de la réputation de l'artiste, puisqu'il s'agit d'un sujet mythologique teinté d'érotisme. Le coloris peu profond, avec une palette à dominante secondaire (verts, bruns, gris, jaune orangé) bloquant les deux plages de bleu, peut aussi dérouter. Il participe d'une intention comparable à la tout aussi troublante Clélie du Louvre, atténuant toutefois l'harmonie laiteuse par l'effet de lumière du soir approchant. Il poursuit, ce faisant, une forme d'acclimation à la peinture claire parisienne par émulation décidément sensible alors avec un Laurent de La Hyre. On peut à nouveau convoquer son Enlèvement d'Europe de Houston, qui peut aussi avoir incité Stella à expérimenter le canon de notre Diane et choisir une pose détournant la tête.
S.K., Melun, mars 2023 |
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Clélie et ses compagnes. Toile. 137 x 101 cm. Louvre. |
Laurent de La Hyre (1606-1656), L'enlèvement d'Europe Huile sur toile. 118,9 x 150,8 cm. Houston, Museum of Fine Arts. |
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La libéralité de Titus Huile sur toile, détail. Cambridge, Fogg Art Museum, Harvard University Art Museum, don en partie de Lewis G. Nierman et Charles Nierman, et achat en partie du Alphaeus Hyatt Purchasing Fund 1972. |
Minerve chez les Muses. Huile sur toile, détail. Louvre |
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Le jugement de Pâris, 1650 Toile, détail. Hartford, Wadsworth Atheneum, The Ella Gallup Summer an Mary Catlin Summer Collection |
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Diane au repos Huile sur toile. Diamère : 144 cm. vente Paris, palais Galliera, 31 octobre 1974, puis 7 mars 1975, comme « école de Vouet ». Localisation inconnue |
La massivité du drapé de la Vierge, son port de tête incliné sur un long cou, la complexité de la coiffure de la Vierge à la rose gravée par Nicolas Regnesson la placent dans la seconde moitié des années 1640, par rapprochement, entre autres, avec le Portrait allégorique d'Henri de Condé et la Vierge à la pomme (1646) vendue en 2009 en Auvergne (ci-contre). Il se peut que cette typologie soit une autre conséquence de l'émulation avec Lubin Baugin, ravivant l'admiration de Stella pour l'école de Parme, notamment Corrège, dont témoigne l'inventaire de sa nièce Claudine. Toutefois, plus que la grâce désormais, c'est la monumentalité qu'il recherche.
« Leur travail est extrêmement fondu, une couleur douce et harmonieuse règne dans tout ce qu'ils [Regnesson et Pierre Lombart] ont fait, peu de graveurs ayant su arranger leurs tailles avec autant d'égalité, et le passage des ombres aux lumières est ménagé dans leurs estampes avec tant de conduite qu'il y a peu d'ouvrages de cette espèce qui se fassent regarder avec autant de satisfaction. »Il dit encore du seul Regnesson : « Le burin de Regnesson est fort moelleux et d'une couleur douce et fort agréable, mais il est sans goût et d'un froid extrême. Ses tailles sont d'une égalité merveilleuse, mais elles sont roides. »Un tel métier pouvait restituer l'art tout en distance de Stella, que l'on dit aussi volontiers froid, au moins dans sa technique. Si l'absence de pratique préalable du dessin soulignée par Mariette peut avoir nui à une juste restitution des types physiques, un peu « standardisés », le métier laisse percevoir les enjeux de la composition. L'ouverture vers le paysage situe la scène en Égypte. Sur son rebord est placé le vase, probable exercice virtuose pour le peintre, d'où la Vierge a retiré une rose pour la présenter à son fils. Leur pose est peu fréquente, suggérant que nos deux personnages s'étaient installés pour regarder par la fenêtre avant de s'intéresser aux fleurs. Stella exprime par ce biais toute la dramaturgie du Dieu caché : l'enfant Jésus vient de voir en perspective l'amplitude de son destin, de la protection de la Divine Providence en terre égyptienne jusqu'au sacrifice qu'incarne la rose. |
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Karl Audran d'après Stella, illustration pour la thèse Du Guay, vers 1645 Gravure. BnF. |
La Vierge à l'Enfant, 1646? vente Chamalières le 12 décembre 2009 |
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Nicolas Regnesson d'après Stella Le Christ souffrant Gravure. Albertina. |
Le Christ souffrant Huile sur bois. 31 x 25 cm. Galerie Éric Coatalem. |
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Il a posé la main gauche sur le bras qui tient la fleur et s'est tourné vers le spectateur pour le prendre à témoin de sa prise de conscience, qu'il s'agisse de sa mission ou du regard de celles et ceux qu'il vient ainsi racheter. L'artifice du rideau n'en a que plus de poids, comme outil de mise en scène autant que comme évocation de celui qu'un amateur pouvait mettre devant ses tableaux pour en préserver la découverte, soulignant par là-même ce qui pouvait être la propre mission du peintre qu'était Stella et sa façon de l'accomplir, tout en distance et en méditation. S. K., mars 2023 |
Un évêque étudiant les Écritures et des anges, dessin | |
Crayon noir, plume et encre brune, lavis brun et gris. 17,3 x 19,5 cm.
Monogramme à la plume JS entrelacés en haut à droite, au-dessus de la marque R.F. du Louvre. Annoté à la plume Stella en bas à droite. Louvre, CAG, Cabinet des dessins, Inv. 32888 Historique : Coll. Ch.-P.-J.B. Bourgevin de Vialart de Saint-Morys, saisie révolutionnaire; Louvre, Inv. 32888. Bibliographie : * Jacqueline Labbé, Lise Bicart-Sée, La collection Saint-Morys au Cabinet des dessins du Louvre, Paris, 1987, p. 539. * Sylvain Kerspern, « JACQUES STELLA, CATALOGUE Entre Rome, Madrid, Lyon et Paris (1633-1635) (...)Saint Éloi », site dhistoire-et-dart.com, mise en ligne mai 2016, retouches en 2018 et 2020. |
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Quoique peu commenté, ce dessin ne saurait poser question. Il porte ce qui ressemble à un monogramme aux formes variables dans d'autres feuilles. Je l'ai toujours pensé proche du Baptême du Christ peint pour l'église parisienne de Saint-Germain-le-Vieux, aujourd'hui à Saint-Louis-en-l'Île, autant pour la typologie sensible dans le tableau, signé et daté de 1645, que pour les dessins préparatoires, notamment celui du Minneapolis Institute of Art, qui présente une technique graphique très semblable dans l'alliance des tracés et des lavis (ci-contre). Il m'a tout de même fallu repousser la tentation d'un rapprochement avec le Saint Éloi peint pour Lyon en 1635, suivant la description d'André Clapasson (1741), qui le disait assis accompagné de plusieurs petits anges. Un échange avec Benoît Faure-Jarrosson, qui a retrouvé la quittance de Stella pour cette peinture, m'a ramené à la réalité de l'iconographie, me rassurant au passage sur ma chronologie...
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Le baptême du Christ, 1644-1645.
Toile, 1645, détails. Crayon noir, plume et encre brune et noir, lavis brun et gris. |
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Philippe de Champaigne, Saint Augustin. Toile. 78,7 x 62,2cm. Los Angeles County Museum of Art |
Celui-ci n'est pas surpris par la manifestation divine dans le lieu de ses études, mais installé devant un arc classique dont la perspective dynamise son attitude. L'image n'est pas tant théologique que réthorique, sinon archéologique. La technique, très picturale, a chance de préparer une peinture sans doute destinée à une toute autre clientèle que celle, conservatrice, des Jansénistes. Si on ne peut parler de dessin très fini, domaine qui faisait sa réputation selon Dezallier d'Argenville (1745), elle témoigne de son grand talent dans la suggestion des volumes et de la lumière par le recours complexe et subtil aux media mis en œuvre, crayon, plume, lavis, encres diverses... Sylvain Kerspern, mars 2023 |
L'astronomie Toile. 100 x 82 cm. Luxembourg, coll. part. |
La sculpture Toile. 102 x 100 cm. Luxembourg, coll. part. |
L'astronomie et La sculpture, peintures. |
Historique : Galerie Éric Coatalem, 2005; Luxembourg, coll. part. |
Bibliographie
* Marius Audin et Eugène Vial, Dictionnaire des artistes et ouvriers d'art du Lyonnais, Paris, II, 1919, p. 242. * Sylvain Kerspern, notice Stella in cat. expo. Tableaux français du XVIIè siècle, Galerie Éric Coatalem, 16 novembre-17 décembre 2005, p. 112-117 * Sylvain Laveissière in cat. expo. Jacques Stella (1596-1657), Lyon-Toulouse, 2006-2007, p. 164-165, cat. 93-94. * Sylvain Kerspern, «Lexposition Jacques Stella : enjeux et commentaires», cat. 93 et 94; site La tribune de lart, mis en ligne le 29 décembre 2006 (consulté le 9 janvier 2023) Nota : Je n'ai pas retrouvé la source précise de la mention en 1786 (?) de 6 tableaux représentant les Génies des arts et des sciences mentionnée par Audin et Vial (1919), qui semble renvoyer à une autre mention manuscrite (aux Beaux-Arts?) : la vérification possible sur Internet du journal Affiches, annonces et avis divers pour cette année s'est révélée infructueuse. La mention telle quelle est donc fautive, et doit rester en suspens. |
Réapparues ensemble, nos deux peintures proviennent certainement d'un décor démembré, justifiant les soupçons de réduction, minime, sur les côtés. L'artiste a manifestement souhaité que les activités qu'il montre soient incarnées par un même personnage, un vieil homme barbu au bandeau rouge au long nez droit. Je les ai aussitôt rapprochées d'une troisième peinture aujourd'hui à Oldenburg, Pygmalion/Prométhée et sa statue, sans toutefois en faire nécessairement un nouvel élément de cet ensemble, en raison de la typologie. Je reviendrai sur cette possibilité avec les questions d'iconographie dans sa notice, qui suit. Dans la présente ne seront abordées que les questions de chronologie et de composition.
S. K., Melun, mars 2023 |
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Sainte Hélène faisant transporter la Vraie Croix, 1646 Toile. Détail. Localisation actuelle inconnue. |
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Edme Boullonois d'après Stella, frontispice de Les presidens au mortier du parlement de Paris... de Jean-Baptiste de L'Hermite Souliers, 1645. Gravure. BnF |
Prométhée et la statue ou Pygmalion et sa statue, peinture. Nota : Comme l'a noté Sylvain Laveissière, le tableau a pu être abusivement intitulé Pygmalion et Galatée, puisque le nom donné à la statue est une invention du XVIIIè siècle en relation avec la blancheur de l'ivoire. Néanmoins, il est amusant de voir que cette dénomination a été popularisée par le mélodrame prenant le sculpteur pour héros écrit par Rousseau et composé par Horace Coignet, descendant de Stella... |
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Toile. 102 x 100 cm. Oldenburg, Landesmuseum für Kunst und Kulturgeschichte. Historique : acquis par Johann Heinrich Wilhelm Tischbein (1751-1829) pour le compte du grand duc d'Oldenbourg en 1804; Oldenburg, Landesmuseum für Kunst und Kulturgeschichte. Bibliographie * Pierre Rosenberg assisté de David Mandrella, Gesamtverzeichnis französische Gemälde des 17. und 18. Jahrhunderts in deutschen Sammlungen, Bonn, 2005, p. 228-229, n°1386 (Frankreich, 17. Jahrhundert) * Sylvain Kerspern, notice Stella in cat. expo. Tableaux français du XVIIè siècle, Galerie Éric Coatalem, 16 novembre-17 décembre 2005, p. 112-117 * Sylvain Laveissière in cat. expo. Jacques Stella (1596-1657), Lyon-Toulouse, 2006-2007, p. 164-165, cat. 93-94. * Sylvain Kerspern, «Lexposition Jacques Stella : enjeux et commentaires», cat. 93 et 94; site La tribune de lart, mis en ligne le 29 décembre 2006 (consulté le 9 janvier 2023) * Notice « Stella, Jacques 1596 - 1657, de, Pygmalion et Galathée, peinture (17e siècle) », base Agorha, Inha (consulté le 12 janvier 2023) |
On peut comprendre que Johann Heinrich Wilhelm Tischbein (1751-1829), peintre allemand partie prenante du néo-classicisme, épris de culture antique, se soit intéressé à ce tableau au point de l'acquérir pour le grand duc d'Oldenbourg en 1804. Il a été attribué à Berthollet Flémalle, nom sous lequel il était encore au moment de ma restitution à Stella.
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Edme Boullonois d'après Stella, frontispice de Les presidens au mortier du parlement de Paris... de Jean-Baptiste de L'Hermite Souliers, 1645. Gravure. BnF |
Jean Couvay d'après Stella, Miracles de N.D. de Liesse, illustration de Le vray trésor... de Jean de Saint-Pérès, 1647. Gravure. Env. 19,7 x 14 cm. BnF |
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Sainte Hélène faisant transporter la Vraie Croix, 1646 Toile. Détail. Localisation actuelle inconnue. |
Montage associant le tableau avec la représentation du vase au Silène gravé par Françoise Bouzonnet d'après Jacques Stella. |
La mise en relation avec les peintures passées par la Galerie Éric Coatalem ne simplifie pas la situation. L'une des deux propose déjà un sculpteur au type physique un peu différent, de même que sa statue, à qui la présentation en profil donne un menton qui semble plus pointu, comme le nez. La présence de Minerve/Athéna ferait préférer Prométhée à son propos, comme la torche pour le tableau d'Oldenbourg. Il faudrait alors supposer que Stella ait pensé devoir représenter deux épisodes consécutifs d'une même histoire, distincte de ce que montre la troisième peinture malgré le lien incontestable avec celui montrant la déesse par la stricte ressemblance typologique du vieil homme. Celle-ci n'est certainement pas fortuite alors que le sculpteur du musée allemand montre un nez plus fort et un menton plus petit et rond, un crâne plus volumineux. Malgré les éléments de rapprochement, notamment le choix d'un mur appareillé visible dans le sujet avec Athéna, motif que Stella semble particulièrement apprécier alors, je ne suis décidément pas sûr que la peinture allemande fasse partie du même décor.
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Quoiqu'il en soit, les trois peintures proposent un même parti, suggérant une installation sur un lambris assez haut, sur un mur pareillement orienté pour la lumière venant de la gauche. Le fond de l'astronomie est plus sombre et le faible éclairage qui rase le dos de l'homme debout ne permet pas de savoir si le mur est appareillé. Celui plus franc qui vient frapper le sculpteur suit un angle plus ouvert avec les horizontales du mur. Dans le tableau allemand, il accuse encore sa verticalité au regard de l'ombre du bras gauche de la jeune femme, noyant un peu l'idée d'une source lumineuse précise. Ces remarques peuvent donner des indices sur leurs places respectives dans un décor, au moins pour les sujets luxembourgeois mais en l'absence de la connaissance du lieu de destination, l'exercice peut sembler vain.
S. K., Melun, mars 2023 |
La Vierge allaitant l'Enfant, tableau perdu, gravé par Pierre van Schuppen, estampe éditée par Herman Weyen . |
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Gravure de Pierre van Schuppen (1627-1702) édité par Herman Weyen (mort en 1672). 37,6 x 30 cm. Albertina, BnF, Rijksmuseum
Lettre : Dans l'image, de part et d'autre de l'emplacement de l'écu : Stella pinxit Van Schuppen Sculpsit à gauche; Herman Weyen excudit cum priuil Regis à droite. Nota : Charles Blanc mentionne un 1er état sans les armes; j'ignore s'il en avait rencontré un avec les armes dans l'écu sur le cadre, ce qui n'est pas mon cas. Bibliographie * Michael Huber, Notice générale des graveurs divisés par nations et des peintres rangés par écoles..., Dresde-Leipzig, 1787, p. 633. * M. Bénard, Cabinet de M. Paignon Dijonval:, Paris, 1810, p. 212, n°6135. * Charles Le Blanc, Manuel de lamateur destampes, 1856, t. III (pour p. 480, van Schuppen n°136). * Catalogues de la collection d'estampes de Jean V, roi du Portugal par Pierre-Jean-Mariette, éd. Marie-Thérèse Mandroux-França et Maxime Préaud, Paris, 1996, II, p. 219, n°44. * Jacques Thuillier, Jacques Stella, Metz, 2006, p. 152. |
Dans l'élaboration du catalogue de Jacques Stella, comme je l'ai déjà fait remarquer en 2006, le recours à la gravure est important, parce que l'artiste a lui-même pratiqué cet art et qu'il a entretenu de longues relations, sinon des amitiés durables, avec nombre de ses praticiens, depuis Karl Audran jusqu'aux Poilly en passant par Rousselet ou Couvay. Pour autant, j'ai, jusqu'à maintenant, privilégié des traducteurs contemporains, voire d'une ou deux générations plus jeunes afin de limiter les risques quant à la lettre désignant l'inventeur, ou aux informations, si précieuses qu'elles soient, de Mariette. L'exemple de la gravure de Klauber à la fin du XVIIIè siècle, entérinant le flou régnant désormais sur l'art de Stella, justifie cette prudence, comme la restitution au seul Bosse de deux frontispices pour l'Imprimerie Royale. S.K., Melun, mars 2023 |
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Prométhée et la statue Toile. 102 x 100 cm. Oldenburg, Landesmuseum für Kunst und Kulturgeschichte. |
François de Poilly d'après Stella, frontispice pour le tome 3 de La perspective pratique, 1649 Gravure. 21,4 x 14,3 cm. . BnF... |
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Huile sur marbre noir. 13,5 x 10,5 cm. Localisation actuelle inconnue |
Abraham Bosse d'après Stella, 1645 Gravure. Env. 4,6 x 3,3 cm. . BnF, British Museum... |
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Nicolas Regnesson d'après Stella, Gravure. BnF |
Huile sur toile. 61 x 52 cm. Coll. part. |
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Huile sur toile. 62 x 51 cm. Galerie Michel Descours en 2018. |
Sainte Agnès couronnée par un ange, peinture |
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Huile sur toile. 68,5 x 58 cm.
Localisation actuelle inconnue.
Historique : naguère Galerie Ratton-Ladrière, Paris. Bibliographie : * Inédit. |
Jean-Christophe Baudequin m'a obligeamment montré cette peinture lorsqu'elle était à la Galerie Ladrière il y a plusieurs années. L'animation délicate du drapé, le coloris cangiante de la tunique de l'ange, les types physiques comparables à ce qui se voit, entre autres, dans le Baptême du Christ de Saint-Louis-en-l'Île (1645) aussi bien que dans la Vierge à l'Enfant à la pomme auvergnate que je crois de 1646, cataloguée un peu plus haut, ne laissent pas de doute sur l'attribution. L'ovale pur du visage de la martyre est un parti sensible dans ces années, et se retrouve notamment pour la créature façonnée dans La sculpture, peinture étudiée plus haut, ou dans l'ange volant des Pélerins d'Emmaüs (Nantes, Musée des Beaux-Arts), abordés plus loin.
S.K., Melun, mars 2023 |
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Le baptême du Christ, 1645. Toile, détail. Paris, église St-Louis-en-l'Île. |
La Vierge à l'Enfant, 1646? Toile. 83,5 x 69 cm. Vente Chamalières le 12 décembre 2009 |
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La sculpture Toile. 102 x 100 cm. Luxembourg, coll. part. |
Les pélerins d'Emmaüs. Toile, détail. Nantes, Musée des Beaux-Arts. | |
L'annonciation, dessin | |
Pierre noire, lavis gris. 26,7 x 17,5 cm. Annoté Stella en bas à gauche.
Coll. part. Gravure par Michel de Masso (1654-1731) entre 1698 et 1707. Env. 30 x 19 cm. Exemplaire : Lyon, B.M. Historique : Fonds Stella; legs de Claudine Bouzonnet à son cousin Simon de Masso (1658-1737), gravé pour un Missel publié à Lyon en 1707 par son frère Michel (1654-1731); Pierre de Masso (1692-1773)? Pierre de Masso (1728-1787)? Vente Drouot, Paris, 6 mars 1950, n°20. Vente Sotheby's New York 9 janvier 1980 (Important Old Masters Paintings & Drawings), lot 174 (repr.); gal. A. Stein, Londres (expo Master drawings presented by A. Stein, Londres, Bury st., juillet 1981). Paris, coll. part. Bibliographie : * Gilles Chomer (1989), « Une gravure de Michel Demasso d'après un dessin de Jacques Stella », Travaux de l'histoire de l'art de Lyon, cahier n°12, septembre 1989, p. 67-74 * Gilles Chomer (1989-2), Notice 22, « Jacques Stella, La Présentation au temple », Maîtres français 1550-1800. Dessins de la donation Mathias Polakovits à l'École des Beaux-Arts, ENSBA, 1989, p. 84-85 * Sylvain Kerspern, «Mariette et les Bouzonnet Stella. Notes sur un atelier et sur un peintre-graveur, Claudine Bouzonnet Stella», Bulletin de la Société de lhistoire de lart français, 1993, 1994, p. 31-42. * Sylvain Laveissière in cat. expo. Jacques Stella (1596-1657), Lyon-Toulouse, 2006-2007, p. 233-239. * Jacques Thuillier, Jacques Stella, Metz, 2006, p. 283-285. * Sylvain Kerspern, « D'une Vie de la Vierge l'autre... », site dhistoire-et-dart.com, mise en ligne le 30 juin 2021. * Sylvain Kerspern, « Notes sur la famille de Masso. », site dhistoire-et-dart.com, mise en ligne le 27 septembre 2021. |
Lorsqu'il publie le dessin en 1989 (p.73) en rapport avec une gravure par de Masso, Gilles Chomer doute de tout rapprochement avec une série. La même année, il contribue au catalogue de la donation Polakovits (Chomer 1989-2) en donnant à Jacques un des dessins de la « petite suite » de la Vierge gravée par Antoinette Bouzonnet Stella, dont la restitution à Claudine de l'invention que j'ai faite dès 1989 et publiée en 1994 est aujourd'hui unanimement suivie. Pour autant, il ne dit mot de l'Annonciation, confirmant ainsi que s'il y voyait la même main, il n'en percevait pas le même esprit, sans doute pour envisager une autre date moins tardive que celle qu'il affectait à la feuille Polakovits.
S. K., mars 2023 |
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Michel de Masso, L'annonciation Gravure, 1707. Lyon, B.M. |
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Claudine Bouzonnet Stella, La présentation de Jésus au Temple Plume et lavis. 26,3 x 16,5 cm. ENSBA |
Jacques Stella, Le baptême du Christ, 1644-1645. Plume et lavis. 27,6 x 14,8 cm. Louvre (RF 34728). |
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Les pélerins d'Emmaüs, peinture. |
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Huile sur toile. 266 x 174 cm.
Historique : Collection Cacault, acquisition en 1810. Nantes, Musée des Beaux-Arts, Inv. 397 Bibliographie : * Catalogue des tableaux et statues du Musée de la ville de Nantes, 3e éd., Nantes, 1837, n°381 (Jacques Stella). * Catalogue des tableaux et statues du Musée de la ville de Nantes, 5e éd., Nantes, 1846, n°122 (Philippe de Champaigne). * Inventaire Général des Richesses d'art de la France. Province. Monuments civils. Tome deuxième, Paris, 1887, p. 132 (École de Champaigne). * Bernard Dorival, Philippe de Champaigne 1602-1674, Paris, 1976, II, p. 296, n°1664 (pas de Philippe de Champaigne). * Claude Souviron, Peintures monumentales du Musée des Beaux-Arts de Nantes, t. 1, Nantes, 1983, p. 48-49 (Stella?). * Claire Gérin-Pierre, Catalogue des peintures françaises XVI-XVIIIe siècles, Nantes-Paris, 2005, p. 70 n°58 (Stella). |
Les catalogues du XIXe siècle du musée donnent des éléments d'information sur la constitution de la collection de François Cacault, dans laquelle notre tableau apparaît. Le sénateur devait apprécier Stella dont il avait sans doute rapporté d'Italie L'assomption Arese parvenue au même musée. Notre peinture, elle, fut sans doute acquise en France, avec l'attribution juste qui lui est donnée dans le premier catalogue qui en fait état (1837). Inexplicablement, le nom de Philippe de Champaigne lui fut substitué, jugé ensuite guère plus satisfaisant puisqu'on en vient rapidement à envisager seulement son École.
S.K., Melun, mars 2023 |
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La sculpture Toile. 102 x 100 cm. Luxembourg, coll. part. |
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Le baptême du Christ, 1645. Toile. 370 x 203 cm. Paris, église St-Louis-en-l'Île. |
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Les pélerins à Emmaüs Gravure. BnF. |
J. Sadeler d'après Martin de Vos Les pélerins d'Emmaüs. Gravure. Harvard Art Museums/Fogg Museum, Gift of Belinda L. Randall from the collection of John Witt Randall. |
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Le Christ, peinture |
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Huile sur bois. 43 x 34 cm. Historique : Vente Piasa Paris, 18 décembre 2013, lot 135 (entourage de Jacques Stella); marché d'art en 2014 (comme Eustache Le Sueur). Localisation actuelle inconnue. Inédit |
Ce panneau peint est passé rapidement sur le marché d'art avec une situation dans l'entourage de Stella, puis une attribution à Eustache Le Sueur peu convaincante. Le rendre à Stella s'impose, ne serait-ce que par le rapprochement avec la têtre du Christ dans le grand tableau de Nantes, Les pélerins d'Emmaüs, qui doit lui être contemporain.
S.K., Melun, mars 2023 |
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Les pélerins d'Emmaüs Toile. 266 x 174 cm. Nantes, Musée des Beaux-Arts. |
Le Christ portant sa croix, demie-figure/ La Vierge de pitié, regard. Gravures par René (v. 1620-1674) ou Pierre (1651-1725) Lochon Jesus-Christ l'homme de douleurs chargé de sa croix. La Vierge de pitié, faisant regard avec le Christ precedent. Ces deux demie-figures gravées au burin par Pierre Lochon d'après Jacques Stella » (Mariette) |
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Peintures perdues
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Bibliographie :
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C'est un peu par hasard, et via Internet, que j'ai pu trouver un exemplaire tardif de la gravure de Lochon que Mariette associe à une Vierge de pitié qui reste, elle, à retrouver. C'est, à ce jour, le seul exemplaire que j'ai pu repérer. La publication prochaine du volume de l'Inventaire du fonds français du Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale de France dressant un catalogue des Lochon père et fils apportera peut-être de précieux compléments.
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(Ci-dessus) René Lochon d'après Charles Errard, Illustration du Trattato de Léonard, 1651. Gravure. Inha. (Ci-contre) R. Lochon d'après E. Le Sueur, Claude Bérenger. Gravure. 22,5 x 15,5 cm. Westfälisches Landesmuseum für Kunst und Kulturgeschichte. |
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René Lochon d'après François Chauveau, Les tableaux de la pénitence d'A. Godeau, frontispice, 1654. Gravure. BnF. |
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Pierre Lochon d'après (?) François Chauveau, illustration du Virgile Travesty de Scarron, 1673 (ou 1675?). Gravure. BnF. |
Pierre Lochon Saint Joseph, image de confrérie, 1682-1683. Gravure, détail. BnF. |
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René Lochon d'après Stella Le Christ portant sa croix. Gravure. 43,7 x 39 cm. (au coup de planche) BnF, Ed 16a fol. |
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Le Christ mort, 1643. Cuivre. 17,5 x 11,8 cm. Coll. part. |
Le Christ Salvator Mundi, 1647. Huile sur bois. 31 x 21 cm. Coll. part. |
L'invention cadrant la figure seule du Christ au calvaire n'est pas rare. L'Italie (Romanino, Solario...), les Flandres (Bloemaert...) ou la France (Guérard, 1533, Louvre) n'ont pas manqué de l'aborder. S'il était peut-être moins fréquent au temps de Stella, l'artiste avait déjà isolé pareillement Jésus souffrant dans le cuivre mentionné plus haut en 1643. Ici, selon Mariette, l'image venait en pendant d'une Vierge redoublant la compassion du fidèle avec les sentiments maternels prêtés à ces circonstances. L'expression calme du Christ traduit une foi confiante donnée en exemple que les années qui suivent vont teinter d'une vigueur d'expression plus dramatique. S.K., Melun, avril 2023 |
Allégorie en l'honneur de la valeur de Louis XIV, dessin. |
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Plume et lavis de bistre, rehauts de blancs. Diam.: 22,2 cm.
Rouen, Musée des Beaux-Arts, donation Baderou, inv. 975-4-711. Historique : Paris, collection Suzanne et Henri Baderou; donation au Musée des Beaux-Arts de Rouen. Bibliographie : * Daniel Ternois, Marie-Félicie Pérez et coll. [Gilles Chomer] in Etudes de la Revue du Louvre. La donation Baderou au musée de Rouen. Ecole française, Paris, 1980, p. 138. Bibliographie additionnelle : * Boris Lossky, « Les œuvres d'art françaises du XVIe au XVIIIe siècle en Tchécoslovaquie, Bulletin de la Société de l'histoire de l'Art français. Année 1936, Paris, 1937, p. 240-241. |
Suzanne et Henri Baderou avait déjà vendu L'honneur signé et daté par Stella de 1633 au Louvre en 1951, signe d'un goût favorable au style du Lyonnais. Notre allégorie ne relève cependant pas de la même période : la simple observation du personnage représenté permet, en effet, de reconnaître le jeune Louis XIV par son visage ovale au nez fort et aux joues encore pleines, confirmé grâce aux médailles, comme l'a souligné Gilles Chomer en 1989, mais aussi à d'autres témoignages graphiques.
La technique, notamment le lavis tour à tour pittoresque et sculptural, correspond à la maturité - par exemple, ce que montre le dessin du Louvre préparant Le baptême du Christ de 1645.
S.K., Melun, mars 2023 |
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L'honneur. Plume et lavis d'encre brune sur préparation à la pierre noire, rehauts de gouache blanche sur papier bleu. 39,5 x 26,5 cm. Louvre, Inv. RF 29878. |
Jacques Stella, Le baptême du Christ, 1644-1645. Plume et lavis. 27,6 x 14,8 cm. Louvre (RF 34728). |
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Attribué à Hillaire Pélerin (1603/1604-1658), Louis XIV à neuf ans, 1647 Toile. 63 x 51 cm. Jadis château de Roudnice (Tchéquie) |
Henri Testelin (1616-1695), Louis XIV, 1648. Toile. 207 x 155 cm. Versailles, Musée du château. | |
Sainte Cécile jouant de la harpe, toile
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Huile sur toile. 97,5 x 84 cm.
Historique : peint pour le petit Collège des Jésuites de Lyon, cité par Dezallier d'Argenville comme en ovale, vraisemblablement associé dans un retable avec au centre, Le Christ au désert servi par les anges et, sur l'autre aile, Sainte Madeleine? Vente Sotheby's, Monaco, 21 juin 1987, lot 640. Vente Drouot, Paris, 22 novembre 2013, lot 201. Vente Artemisia Paris 16 juin 2014, lot 46. Coll. part. Bibliographie : * Jean-Aymar Piganiol de La Force, Nouveau voyage de France, Paris, 1724, p. 194 * André Clapasson, Description de la ville de Lyon, Lyon, 1741, p. 195 * Antoine-Joseph Dezallier dArgenville, Abrégé de la vie des plus fameux peintres, Paris, éd. 1762, t. 4, p. 44-45. |
Dans les échanges que nous avons pu avoir, Gilles Chomer m'avait dit voir dans le format ovale du tableau qui venait de passer en vente à Monaco l'argument d'une identification avec le tableau mentionné par Antoine Dézallier d'Argenville (1762) au Petit Collège des Jésuites de Lyon, l'année même de l'expulsion de France de l'ordre. La forme originale se laisse percevoir en lumière rasante et demande à ne pas trop tenir compte de ce que montrent les angles.
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Pierre Daret d'après Stella, frontispice de La mort de Chrispe, 1645. Gravure. BnF |
Sainte Hélène faisant transporter la croix, 1646. Toile, détail. Loc. inconnue. | |
Quoiqu'il soit de l'éventuel dispositif décoratif dans lequel notre tableau pourrait s'intégrer, son interprétation du sujet, pour l'heure sa dernière, vient couronner une évolution qui est celle de l'art même de Stella. Depuis Rome et ses versions d'esprit baroque, dans son rapport au réel comme au merveilleux, il a constamment raffiné son approche dans le sens d'une épure à l'antique sensible dans le drapé, l'idéalisation des traits ou l'attention au décor, et jusque dans un coloris perdant en profondeur pour se faire laiteux, scintillement participant à l'abstraction recherchée de l'image. À la veille de la Fronde, elle marque un aboutissement de l'art de Stella dont l'impact véritable reste pourtant diminué ici par la disparition, à ce jour, du reste du décor du Petit Collège des Jésuites. S. K., février 2023 |
Sainte Madeleine couchée sur sa natte, peinture. | |
Huile sur toile.33 x 39 cm.
Gui Rochat French Old Masters, New York Historique : Richard Feigen Gallery (French School, circa 1700). Marché d'art, New York. Gui Rochat French Old Masters, New York, novembre 2019. Bibliographie : * Inédit. |
La Madeleine couchée a été située dans l'École française vers 1700, soulignant son aspect classique autant par le paysage d'inspiration bolonaise que par la figure à l'élégance raffinée, tant dans la pose que dans le coloris. Il faut en fait se tourner vers Jacques Stella, l'un des inspirateurs de l'«atticisme», et par voie de conséquence, de tout un pan de la création au temps de Louis XIV, de Le Brun et ses élèves - dont Verdier - à Louis de Boullogne, pour qui j'ai pu déjà signaler les dettes à l'égard de notre artiste. Le profil pur et charnu, à l'antique, se retrouve, entre autres, pour Erato dans Minerve chez les Muses (Louvre), ou les anges du Baptême du Christ de 1645. L'agencement des plis entérine l'évolution sculpturale de ce grand retable, de même que le coloris laiteux, l'un et l'autre incitant à une situation durant cette période.
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Minerve chez les Muses. Toile. Détail. Louvre |
Le baptême du Christ. Huile sur toile. Détail. Paris, église Saint-Louis-en-l'Île |
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Orazio Gentileschi (1563-1639). La Madeleine pénitente. Toile. 163 x 208 cm. Vienne, Kunsthistorisches Museum |
Claude Mellan (1598-1688). La Madeleine pénitente. Gravure. 18 x 22,7 cm. BnF |
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Jacques Stella. Le Christ au désert servi par les anges. Huile sur toile. 84,6 x 115 cm. Portland Art Museum (USA), Purchase: Funds provided by the Bequest of Marybeth Branaman and Georgia Stoetzel Branaman. |
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Cette ouverture sur la nature pourrait interroger. Son contour épouse pour partie celui du corps de la sainte, jusqu'à sa main, et pourrait se souvenir de certaines Vénus vénitiennes de Giorgione ou de Titien, que l'on interprète comme la mise en regard d'un corps féminin et de la vision qui le saisit, qu'il dorme ou non. Cette lecture se comprend dans le contexte de la pensée néo-platonicienne, nourrissant ainsi la conception du paysage. De même l'attitude de la sainte transcrit-elle un éveil bien différent, par exemple, de l'extase de Sainte Thérèse du Bernin, soulignant l'inflexion classique, mesurée parce que maîtrisée, opposé au souffle spectaculaire, sinon théâtral, du baroque. Au travers de ce qui pourrait sembler un exercice de style, un amusement, et en petit format, Stella affirme encore un style et une réflexion toute personnelle, préludant, dans le registre religieux, à la lecture panthéiste que l'on peut faire de ses Pastorales, auxquelles il doit commencer alors à songer.
S.K., Melun, février 2023 |
Saint Hyacinthe sauvant d'un embrasement le saint sacrement de l'autel et l'image de la Vierge (Mariette), dessin perdu Gravure par Karl Audran. |
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Dessin perdu.
Gravure par Karl Audran. Burin. 10 x 6,5 cm. BnF, Da20 fol., 94 (Microfilm E73599) Lettre : - dans la marge, Deuot Honneur de Cracovie/ Admirable en sa Sainteté,/ Fay que nous ayons de ta Vie,/ Et le Zele, & la Pureté. Bibliographie : * Roger-Armand Weigert, Bibliothèque Nationale. Cabinet des Estampes. Inventaire du fonds français. XVIIè siècle., t. I, 1939, p. 180 (K. Audran 107 et 108). * Marie-Thérèse Mandroux-França et Maxime Préaud, Catalogues de la collection d'estampes de Jean V, roi du Portugal par Pierre-Jean-Mariette, Lisbonne-Paris, 1996, t. II, p. 216 (sous n°9). Bibliographie additionnelle : * Nicolas Sainte-Fare-Garnot, « Noël Quillerier peintre... » in colloque Simon Vouet, 1992, p. 173-197. |
La gravure figure dans l'album Berinhgen de l'œuvre des Stella de la Bibliothèque Nationale de France. Il faut la mettre en relation avec une mention de Mariette, reprise par Le Blanc et Weigert qui n'en ont pas identifié d'exemplaire. L'amateur en donne la traduction à Karl Audran, compagnon des années romaines et dont la collaboration avec Jacques se poursuit en France. Le format, proche des gravures de Bosse pour l'Office de la Vierge Tristan suggère une illustration pour un petit volume in-12. Dater précisément une telle vignette est délicat. Une place dans les années 1640 est assurée. L'Enfant Jésus retrouvé... de Lyon (1645) et le Salvator Mundi en pied, de 1647, autorisent peut-être une fourchette moins grande, par l'association entre l'autorité simple de la mise en scène, et un reste de maniérisme dans l'élégance de la Vierge. Des éléments extérieurs donneront peut-être quelque jour un plus ferme ajustement.
S.K., Melun, février 2023 |
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L'enfant Jésus retrouvé dans le Temple, 1645. Bois. 66 x 54 cm. Lyon, Musée des Beaux-Arts |
Le Chist Salvator Mundi, 1647. Bois. Env. 31 x 21 cm. Coll. part. |
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Pierre Daret d'après Jacques de Lestin Les miracles de saint Hyacinthe. Gravure. 59 x 41,3 cm. BnF. |
La Vierge présentant du raisin à l'Enfant, dessin perdu Gravure par Karl Audran. |
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Dessin perdu.
Gravure par Karl Audran. Burin. Env. 10 x 6,5 cm. BnF, Da20 fol. (Microfilm E73595) Lettre : - dans la marge, Vierge, plus pure et plus pudique,/ Que ne sont les Anges des Cieux :/ Ayde à qui chante ce Cantique/ De ton mérite glorieux. Bibliographie : * Roger-Armand Weigert, Bibliothèque Nationale. Cabinet des Estampes. Inventaire du fonds français. XVIIè siècle., t. I, 1939, p. 176 (K. Audran 24). * Marie-Thérèse Mandroux-França et Maxime Préaud, Catalogues de la collection d'estampes de Jean V, roi du Portugal par Pierre-Jean-Mariette, Lisbonne-Paris, 1996, t. II, p. 215 (sous n°9). |
Les remarques faites pour Sainte Hyacinthe valent pour cette Vierge signalée par Mariette, qui en attribue la gravure à Karl Audran, à tel point que l'on peut envisager que les deux aient fait partie d'un même projet d'édition. Le format, avec lettre à quatrain en français, oblige au rapprochement, de même que le sens des inscriptions, qui sollicite l'aide et la protection du saint personnage présenté à la vénération. Comment comprendre le détail du petit pied débordant dans la marge sinon comme une fantaisie tolérée dans l'économie de la page, marge à écriture comprise?
S.K., Melun, février 2023 |
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La Vierge, virgo adoranda, 1647. Bois. Env. 31 x 21 cm. Coll. part. |
La Vierge à l'Enfant et saint Jean, 1650. Huile sur marbre noir. 33 x 25 cm. Coll. part. | |
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Sainte Famille au lys, dessin (et gravure de Claudine)
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Sanguine (et crayon noir?). 20,6 x 22,7 cm. Annoté à la plume en bas à gauche : J. Stella f. 1633. Marque d'Albert, duc de Saxe-Teschen (1738-1822) (Lugt 174) en bas à droite.
Vienne, Albertina Historique : Fonds Stella, coll. Claudine Bouzonnet Stella, qui grave la composition; inventaire 1693, partie du legs à Simon de Masso; par descendance, Pierre de Masso (1728-1787)? Acquis par Albert, duc de Saxe-Teschen (1738-1822). Gravure par Claudine Bouzonnet Stella. Eau-forte. BnF, Da20 fol., p. 45. Lettre : « Ego flos campi. et lilium. convallium. cant. cap. 2 » Bibliographie : * Roger-Armand Weigert, Bibliothèque Nationale. Cabinet des Estampes. Inventaire du fonds français. XVIIè siècle., t. II, 1951, p. 92 (CBS 6). * Marie-Thérèse Mandroux-França et Maxime Préaud, Catalogues de la collection d'estampes de Jean V, roi du Portugal par Pierre-Jean-Mariette, Lisbonne-Paris, 1996, t. II, p. 218-219 (n°37). * Sylvain Laveissière in cat. expo. Jacques Stella (1596-1657), Lyon-Toulouse, 2006-2007, p. 175 (n°102). * Sylvain Kerspern, « Catalogue de l'œuvre de Jacques Stella : Oeuvres datables de 1644-1645, La Sainte Famille au lys », site dhistoire-et-dart.com, mise en ligne en août 2022. |
L'historique des dessins de l'Albertina pourrait être assez linéaire. Ils passent de Claudine aux de Masso, jusqu'à ce que Pierre de Masso (1728-1787), qui aura recueilli entre ses mains le reliquat de l'ensemble de la collection Bouzonnet, encore important semble-t-il, en commence la dispersion. En 1786, Albert, duc de Saxe-Teschen (1738-1822) séjourne à Paris et déjà collectionneur, pourrait avoir saisi l'occasion d'acquisitions auprès de l'héritier des Stella.
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L'honneur, 1633. Dessin. 39,5 x 26,5 cm. Louvre |
Allégorie sur l'agonie du cardinal Borghese, 1633 Dessin. 27 x 20,7 cm. Louvre. |
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Pierre Daret d'après Stella La mort de Chrispe, 1645. Gravure. 21,3 x 15,1 cm. BnF |
Sainte Hélène faisant transporter la Vraie Croix, 1646. Toile. Détail. Localisation actuelle inconnue. |
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Poilly d'après Stella, Gravure. BnF Cuivre, 1637. Loc. inconnue Ardoise. Loc. inconnue. |
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S.K., Melun, février 2023 |
Sainte Famille, sainte Élisabeth, saint Jean et l'agneau, peinture. |
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Huile sur toile. 41 x 32 cm.
Louvre (mise à jour, mai 2023).
Historique : Vente Ivoire Lyon, 14 octobre 2017, lot 40. Vente Artcurial, 9 juin 2022, lot 2; coll. part.; don Daniel Thierry via les Amis du Louvre. * Inédit (lors de la mise en ligne) Bibliographie additionnelle : * Cat. expo., Raphaël et l'art français (Jean-Pierre Cuzin dir.), Paris, 1984, p. 217, n°319 (notice de Martine Vasselin). * Bénédicte Bonnet Saint-Georges, « Un tableau de Jacques Stella offert au Louvre », site La tribune de lart, mis en ligne le mercredi 24 mai 2023 (consulté le 25 mai 2023) |
L'invention de cette peinture par Jacques Stella est attestée par la gravure de François de Poilly d'un sujet voisin, en largeur, dans laquelle Joseph est occupé à lire, dont la peinture ou le dessin qu'elle traduit reste à retrouver. Le type physique du père adoptif, dont les traits se tendent comme un masque, est à rapprocher du procédé appliqué au Salvator Mundi de 1647 ou du Joseph de la sanguine de l'Albertina (notice précédente). Notre peinture doit donc prendre place quelques années après la composition gravée par Poilly.
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François de Poilly d'après Stella, Sainte famille, sainte Élisabeth, saint Jean et l'agneau. Gravure. 39 x 49 cm. BnF |
Le Chist Salvator Mundi, 1647. Bois. Env. 31 x 21 cm. Coll. part. |
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Raphaël, La Sainte famille au mouton. Huile sur bois. 28 cm x 21,5 cm. Prado. |
Philippe de Champaigne d'après Raphaël, Sainte famille, sainte Élisabeth, saint Jean et l'agneau. Gravure. 25 x 20 cm. Galerie Bailly, Paris, en 1988 (comme de Jacques Stella) |
Léonard, Sainte Anne, la Vierge, l'Enfant et l'agneau. Huile sur bois. 168 x 113 cm. Louvre (© 2012 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / René-Gabriel Ojéda) |
Gilles Rousselet d'après Raphaël (via Champaigne), Sainte famille, sainte Élisabeth, saint Jean et l'agneau. Gravure. 25 x 19 cm. BnF |
Ces références, en particulier celle à Raphaël, ont très tôt nourri l'art de Stella. Ce qui caractérise leur recours alors doit tenir au contexte dans lequel il s'exprime, celui de l'approche classicisante du cercle de Sublet et des frères Fréart, qui encouragent l'étude de l'antique et des grands modèles de la Renaissance italienne. Comme dans la Madeleine se pressent un jeu érudit sur la culture visuelle du temps qui vient enrichir l'appréciation de l'œuvre.
S.K., Melun, février 2023 |
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La Charité, peinture |
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Huile sur toile. 128 x 101 cm.
Localisation actuelle inconnue Historique : Hôpital de la Charité, Paris? Saisie puis vente révolutionnaire? Coll. Jean-François Rau(s)ch, Leipzig, sa vente, Leipzig, 17-18 octobre 1799, lot 74 (« J. Stella / No. 74. Une Charité, on y compte cinq figures de grandeur naturelle, d'une couleur, et surtout d'une carnation admirable; ce tableau fut toujours regardé comme un des meilleurs de cet habile peintre: il appartint alors à une communauté, pour laquelle il fut peint. H. 43. L. 37 1/2. [116,5 x 101,5 cm.] T. » ). Vente Dorotheum Vienne 24 avril 2007 (lot 83, Cavalucci). Vente Sotheby's New York 29 janvier 2016 (lot 497, Jacques Stella). Bibliographie : * Sylvain Kerspern « Les Stella : suppléments aux catalogues de 2006 : La Charité vendue à Vienne », site dhistoire-et-dart.com, mise en ligne 18-29 avril 2008; retouches, août 2012, janvier 2016 |
Lors de sa réapparition en vente à Vienne sous le nom d'Antonio Cavalucci (1752-1795), peintre italien marqué par le néo-classicisme, j'ai souligné, dans ma réattribution à Stella, les liens avec L'enfant Jésus retrouvé par ses parents dans le Temple (1641-1642) pour le Noviciat des Jésuites, aujourd'hui aux Andelys, pierre de touche de l'artiste, et Clélie et ses compagnes, autre chef-d'œuvre longtemps incompris. La vente suivante à New York, passant par-dessus celle de Dorotheum (et mon étude), a proposé une identification avec le tableau de Stella de la collection Rauch dispersée pourtant dans l'ancien Empire en 1799. Son rapprochement avec la Madone Beauharnais de 1650, et le glissement de la Clélie au fur et à mesure des ajustements nés de l'entreprise du catalogue raisonné de l'artiste, m'incitent désormais à placer un peu plus tard la Charité, avant cette Vierge, à la minéralité brisée, à la souplesse envolée, mais après, par exemple, les illustrations conçues pour l'Office de la Vierge Tristan (1645).
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Abraham Bosse d'après Stella, Sainte Suzanne, 1645. Eau-forte. Env.4,6 x 3,3 cm. BnF |
La Vierge à l'Enfant et saint Jean, 1650. Toile. 33 x 25 cm. Coll. part. |
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Ainsi, loin d'être une mise en image littérale et convenue, la Charité est proposée par Stella comme la mise en œuvre de l'amour divin dans le monde. Si le discours a pu lui être donné comme programme à suivre, les instruments dont il se sert pour le peindre lui sont propres, jouant sur la dimension psychologique exprimée par les actions des enfants. Chacun, incarnation de la pureté et de l'innocence que remplit l'amour charitable, est impliqué dans son action à l'exception de celui de dos, double et guide du spectateur, seule note primaire d'importance, le jaune qui renvoie aux flammes, dans la gamme chromatique employée ici, symphonie de tons secondaires - violine, verts, orangées - et de bruns, outre le blanc.
S.K., Melun, mars 2023 |
Le Christ à la colonne, dit aussi Le Christ aux outrages, dessin (et gravure par Claudine). |
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Pierre noire, plume et encre brune, lavis gris et rehauts de gouache; 25 x 19,7 cm (apparemment coupé sur les quatre côtés). Cambridge (Mass.), Harvard university art museums, Louise Haskell Daly Fund and Friends of the Harvard University Art Museums Historique : Fonds Stella; legs de Claudine Bouzonnet à son cousin Simon de Masso (1658-1737); Pierre de Masso (1692-1773)? Pierre de Masso (1728-1787)? Sir Edward J. Poynter (1836-1919), London (sans sa marque, L.874); sa vente, Sotheby's, London, 24-25 April 1918, lot 232 (copie d'après Nicolas Poussin); Mrs. Abraham Solomon, New York; sa vente, Sotheby's, London, 13 December 1966, lot 74; Germain Seligman (1893-1978), New York (sa marque, L.3863, en bas à droite); sa femme, Mrs. Germain Seligman, New York, par héritage; vendu à Artemis, Luxembourg, avec E. V. Thaw & Co., New York, David Carrit, Ltd., London, et Robert M. Light, Santa Barbara; Seiden and de Cuevas, Inc., New York; Harvard Art Museums/ Fogg Museum, The Melvin R. Seiden Fund and Louis Haskell Daly Fund, 1984.595r Harvard. Gravure par Claudine Bouzonnet Stella (1636-1697). 27,7 x 19,2 cm. Lettre : - État 1 (Claudine). Au bas de l'image : J. Stella in. à gauche; cum privil. Regis à droite. Dans la marge : Verè Languores nostros ipse tulit/ Et dolores nostros ipse portavit. Isayæ. cap. 53. BnF, Da. 20, fol. (p.50) - État 2 (de Masso). Idem excepté au bas de l'image : J. Stella in. à gauche remplacé par N. Poussin pinx. Genève, Musée d'Art et d'Histoire; Harvard; Nancy, musée des Beaux-Arts... |
Bibliographie sélective :
* (Eugène Piot?) « Les marchands de Paris, I. Madame Ve Jean, marchande d'estampes anciennes de Paris, Le cabinet de l'amateur et de l'antiquaire, II, 1843, p.183-188. * Catalogue des planches gravées en tous genres par les plus célèbres graveurs du XVIe au XIXe siècle, composant le fonds de commerce d'éditeur d'estampes de Mme Vve Auguste Jean(...)., Paris 1846, p. 87-88 lot 318. * Roger-Armand Weigert, Bibliothèque Nationale. Cabinet des Estampes. Inventaire du fonds français. XVIIè siècle., t. II, 1951, p. 83 (CBS 26). * Jacques Thuillier, « Poussin et ses premiers compagnons français à Rome (...) », Nicolas Poussin, ed. André Chastel, Centre National de la Recherche Scientifique, Paris, 1960, p. 110, n.139, fig. 31. * Hilliard T. Goldfarb, Catalogue d'expostion From Fontainebleau to the Louvre: French Drawing from the Seventeenth Century, The Cleveland Museum of Art, 1989, p. 69-70, n°69. * Catalogues de la collection d'estampes de Jean V, roi du Portugal par Pierre-Jean-Mariette, éd. Marie-Thérèse Mandroux-França et Maxime Préaud, Paris, 1996, II, p. 217, n°28. * Sylvain Laveissière in cat. expo. Jacques Stella (1596-1657), Lyon-Toulouse, 2006-2007, p. 176-177, cat. 103. * Jacques Thuillier, Jacques Stella, Metz, 2006, p. 158-159. * Sylvain Kerspern, « Jacques Stella. Catalogue (... )La Passion du Christ (...) », site dhistoire-et-dart.com, mise en ligne mars 2017, retouches mai 2018, novembre 2019, avril 2022. * Sylvain Kerspern, « L'héritage de Stella. Notes sur les de Masso », site dhistoire-et-dart.com, mise en ligne le 27 septembre 2021. |
C'est assurément la publication par Jacques Thuillier en 1960 de la gravure de Claudine dévoilant la supercherie opérée pour en attribuer la paternité à Poussin qui aura favorisé la restitution du dessin à Stella. Fraude grossière qui alla jusqu'à apposer un numero 14 comme s'il s'agissait d'un des sujets de la Passion que, dans le même temps, de Masso, qui en est certainement responsable, a fait pareillement passer en Angleterre pour une production du Normand en dépouillant son ami Lyonnais, alors que les dimensions sont très différentes; mais fraude efficace puisque le dessin reparaît à Londres en 1918 comme copie d'après Poussin, assorti de l'estampe en rapport.
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Couvay d'après Stella, Les trois frères condamnés à la prison. Gravure. Env. 19,7 x 14 cm. BnF |
La Vierge, virgo adoranda Sanguine. 34,5 x 20,5 cm. Dijon, Musée des Beaux-Arts (Alb. TH A3, f°75) |
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La flagellation, 1622-1625. Gravure sur bois. 29 x 19 cm. BnF |
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S.K., Melun, février 2023 |
Le Christ lavant le péché du monde de son sang/ La Vierge à l'Enfant à mi-corps. Gravures par Paul Fréart de Chantelou (1609-1694) (Mariette) |
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Peintures ou dessins perdu(e)s
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Bibliographie :
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C'est par Mariette que l'on apprend que les frères Fréart (Chambray et Chantelou) ont pratiqué la gravure, et sous la direction de Jacques Stella, dont ils traduisent trois inventions. Je n'en ai repéré qu'une seule, publiée dans mon étude sur Claudine Bouzonnet Stella et l'atelier familial parce que cette opportunité put prendre place dans le cadre de la formation des neveux et nièces. L'amateur d'estampes date formellement notre Christ de 1648, et les premières traces de la production des élèves se place en 1653-1654, avec l'ex-voto peint perdu pour Fourvières et la gravure du Saint Louis d'après l'oncle.
S.K., Melun, janvier 2024 |
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(Ci-dessus)
Le baptême du Christ. Toile, 1645, détail. Paris, église St-Louis-en-l'Île |
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(Ci-contre) Le Christ mort, 1643. Cuivre. 17,5 x 11,8 cm. Coll. part. |
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Jérôme Wierix (1553-1619), Le Christ pressoir mystique, 1619. Gravure. British Museum |
Jérôme Wierix (1553-1619), Le Christ fontaine de vie. Gravure. |
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Tête de femme placée sous un dais au milieu de deux cornes d'abondances, cul de lampe. Gravure par Roland Fréart de Chambray (1606-1676) (Mariette) |
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Dessin perdu
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Le mariage d'Hercule, peinture. |
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Huile sur toile. 69 x 90 cm. Localisation actuelle inconnue. Historique : vente Drouot Paris 17 mars 1987, salle 5 et 6, lot157 (comme J. Lemaire). Vente du 12 juin 1995, Paris (Hotel George V, Importants tableaux anciens, lot 125; comme J. Lemaire). Vente Christie's Londres, Old master pictures, 19 avril 2000, lot 50 (comme J. lemaire). |
Bibliographie :
* Jean-Claude Boyer, compte-rendu de Jean Lemaire, pittore « antiquario » de Maurizio Fagiolo dell'Arco, in The Burlington Magazine, novembre 1998, p. 758, à propos des n°18 et 20. * Sylvain Kerspern «Lexposition Jacques Stella : enjeux et commentaires» (figure 7), site La tribune de lart, mis en ligne le 29 décembre 2006 * Sylvain Kerspern, « La perspective centrale renaissante », site dhistoire-et-dart.com, mise en ligne le 8 janvier 2008, retouches les 7 février 2008 et 28 août 2012 le 31 octobre 2008. * Jean-Claude Boyer, « Richelieu et la curiosité : quelques remarques «, in Richelieu patron des arts, Paris, 2010, p. 382-383, 392, n. 39 et 49. Bibliographie additionnelle : Philippe Sénéchal, « Fortune de quelques antiques Farnèse auprès des peintres à Rome au début du XVIIe siècle », Poussin et Rome, actes du colloque à l'Académie de France à Rome et à la Bibliotheca Hertziana, 16-18 novembre 1994, Paris, 1996, p. 31-32. |
L'attribution à Stella que Jean-Claude Boyer (1998) et moi avons faite indépendamment peut difficilement être remise en cause et l'exercice fait dans mon étude sur la perspective centrale renaissante a apporté de nouveaux arguments dans le recours de motifs partagés avec la Sainte Anne et la Vierge de Rouen et l'Alexandre au tombeau d'Achille, lequel a pareillement suscité le nom fautif de Jean Lemaire. Ce recours aux poncifs pour les peintures d'architecture complique la question de la chronologie. Le travail du drapé, très sculptural, et le profil en demie-lune de la jeune femme derrière Hercule, proche, à nouveau de la Madone Beauharnais, de 1650, incitent à une situation, prudente, dans la seconde moitié des années 1640, sans écarter absolument une date un peu plus tardive.
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Montage mettant en évidence le recours à des poncifs pour les petites figures chez Stella pour mon étude sur la perspective (2008). | La Vierge à l'Enfant et saint Jean, 1650. Toile. 33 x 25 cm. Coll. part. | |
Indication du point de fuite de la perspective. |
Art romain entre 50 av. JC et 50 apr. JC. Noces de Thétis et Pelée (?). Bas-relief, détail. Louvre. |
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Qu'on ne s'y méprenne pas : il ne s'agit pas de rechercher l'exactitude archéologique telle que les artistes du XIXè siècle pourront l'envisager mais de donner à l'image proposée une vraisemblance significative. De ce point de vue, le bâtiment dans lequel prennent place les épousailles n'a pas vocation à une véritable restitution mais à s'accorder à la solennité d'un sujet par ailleurs rarement abordé, comme l'a souligné Jean-Claude Boyer. Il place l'histoire sous les auspices d'Apollon, dieu des arts, et de Diane, chasseresse qui pourrait faire allusion à la façon dont Hercule a tué le centaure Nessus, qui avait voulu enlever Déjanire. Le palais sert par ailleurs à la mise en place d'un schéma perspectif qui interagit avec la dynamique de la composition.
S.K., Melun, mars 2023 |
Alexandre au tombeau d'Achille, peinture. |
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Huile sur toile. 92 x 126,5 cm. Localisation actuelle inconnue. Historique : coll. Pierre Roux, dit Roux du Cantal, vente Paris 18 mars 1811, lot 87 («Alexandre venant sacrifier aux mânes d'Achille, dont le tombeau est élevé en face d'un temple ; des aqueducs et autres monumens enrichissent cette belle composition, où l'on compte environ quarante figures formant des groupes variés sur différens plans. L'on peut regarder ce Tableau comme un des plus précieux de ce maître qui, après le Poussin, a illustré l'école française. ». Toile, 92 x 108cm). ?Vente Marie-Antoine Didot, dit Didot de Saint-Marc, Paris 13 juin 1811, lot 198. ?Vente Didot, Paris, 28 mars 1814, lot 121 (env. 81 x 111,5 cm.) Vente Marc-Antoine Didot, Paris, 20-21 mai 1835, lot 50 (Architectures de Lemaire, figures de Stella). Vente Drouot 3 décembre 1993, lot 161 (comme J. Lemaire); coll. part. (en 2006 et 2010, acquis par l'intermédiaire de Pierre Gaubert, selon Jean-Claude Boyer). |
Bibliographie :
* Jean-Claude Boyer, compte-rendu de Jean Lemaire, pittore « antiquario » de Maurizio Fagiolo dell'Arco, in The Burlington Magazine, novembre 1998, p. 758, à propos des n°18 et 20. * Sylvain Kerspern «Lexposition Jacques Stella : enjeux et commentaires» (figure 8), site La tribune de lart, mis en ligne le 29 décembre 2006 * Sylvain Kerspern, « La perspective centrale renaissante », site dhistoire-et-dart.com, mise en ligne le 8 janvier 2008, retouches les 7 février 2008 et 28 août 2012 le 31 octobre 2008. * Jean-Claude Boyer, « Richelieu et la curiosité : quelques remarques «, in Richelieu patron des arts, Paris, 2010, p. 381-382, 392, n. 39-41. |
L'attribution à Stella que Jean-Claude Boyer (1998) et moi avons faite indépendamment a rencontré celle de Jacques Thuillier (2006). J'ai produit un document pour mon étude sur la perspective centrale renaissante apportant de nouveaux arguments dans le recours aux motifs partagés avec la Sainte Anne et la Vierge de Rouen et le Mariage d'Hercule, qui a pareillement suscité le nom fautif de Jean Lemaire (catalogué ci-dessus). Ce recours aux poncifs pour les peintures d'architecture ne facilite pas la datation. Le travail du drapé, très sculptural et la tension élégante des dispositions, proches de ce que montre Sainte Hélène faisant transporter la Vraie Croix (loc. inconnue, 1646) suggèrent une situation, prudente, dans la seconde moitié des années 1640, non loin du Mariage d'Hercule avec lequel il partage tant de figurines.
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Montage montrant le recours aux poncifs pour les petites figures chez Stella pour mon étude sur la perspective (2008). | Sainte Hélène faisant transporter la Vraie Croix, 1646. Toile, détail. Loc. inconnue. | |
Thomas Blanchet (1614?-1689). Alexandre au tombeau d'Achille. Toile. 98 x 133 cm. Louvre. (© 2012 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Michel Urtado) |
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Indication du point de fuite de la perspective. |
La pose d'Alexandre, qui regarde le tombeau d'Achille, est orientée dans l'autre sens, vers la gauche, focalisant tout en la bloquant la circulation interne. On aperçoit par la troisième arche de l'acqueduc les voiles de la flotte qui ont amené le conquérant à Troie. Stella ne cherche pas la restitution archéologique du récit de Plutarque mais les implications psychologiques pour la population troyenne de l'honneur fait à Achille par celui qui s'en voulait un héritier spirituel. Il ne s'agit pas, comme chez Poussin, de partir du motif principal pour en déployer ses répercussions à mesure de l'éloignement, selon un procédé qu'il décrit à son ami Stella à propos de La Manne mais d'un cheminement inverse reposant sur l'art des dispositions au service de la circulation des personnages pour soutenir la narration, le discours, « à la Raphaël ».
S.K., Melun, mars 2023 |
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Le mariage mystique de sainte Catherine, peinture et dessin |
1. Huile sur toile. 68,5 x 85 cm. Signature et date repeintes ou apocryphes sur la base du piédestal tout à gauche, lue par Scharf F. Verdier f./1689Norfolk (Usa), Chrysler Museum of Art Historique : Coll. Pierre de Masso (1692-1773)? Pierre de Masso (1728-1787)? Acquis par Samuel Dickinson (ou Dickenson), sa vente, 12 mars 1774, lot 82? Acquis par le 12è Earl of Derby, Edward Smith-Stanley (1752-1834), Groswenor square, Londres (vendu en 1851) puis Knowsley Hall, Lancashire, Angleterre, catalogué en 1855 et 1875. Bert Norton, New York; acquis des Norton Galleries, février 1955 par Walter P. Chrysler, Jr., 1955-1971; don de Walter P. Chrysler, Jr. au Chrysler Museum, 1971. Bibliographie : * George Scharf, A Descriptive and Historical Catalogue of the Collection of Pictures at Knowsley Hall, Londres, 1875, p. 9-10, n°17 (16 du précedent catalogue de 1860) (comme François Verdier). * Pierre Rosenberg, Catalogue d'expostion La peinture française du XVIIè siècle dans les collections américaines, Paris-New York-Chicago, 1982, p. 372 (tableau de Norfolk, Claudine?). * Hilliard T. Goldfarb, Catalogue d'expostion From Fontainebleau to the Louvre: French Drawing from the Seventeenth Century, The Cleveland Museum of Art, 1989, p. 148-9, fig.73a (tableau de Norfolk, Claudine). * Sylvain Kerspern, «Mariette et les Bouzonnet Stella. Notes sur un atelier et sur un peintre-graveur, Claudine Bouzonnet Stella», Bulletin de la Société de lhistoire de lart français, 1993, 1994, p. 38 (tableau de Norfolk, Jacques). * Sylvain Kerspern, « Le Mariage mystique de sainte Catherine vendu à Zurich », site dhistoire-et-dart.com, mise en ligne le 29 avril 2008, retouche, août 2012. * Sylvain Kerspern, « L'héritage de Stella. Notes sur les de Masso », site dhistoire-et-dart.com, mise en ligne le 27 septembre 2021. 2. Crayon noir, plume, lavis, gouache blanche. 29,1 x 35,6 cm. Wolverhampton Arts and MuseumsHistorique : Fonds Stella? Coll. Pierre de Masso (1692-1773)? Pierre de Masso (1728-1787)? Bibliographie : * (Claudine Bouzonnet Stella) «Testament et inventaire (...) de Claudine Bouzonnet Stella», publiés par J-J. Guiffrey, Nouvelles archives de lArt Français, 1877, p. 16-18. |
Le tableau de Norfolk a réapparu au XIXè siècle en Angleterre sous une attribution suggérée par ce qui fut interprété comme une signature sur le piédestal tout à gauche, lue comme celle de François Verdier avec pour date 1689. Le lien avec Stella est pour autant incontestable, puisque une composition très proche a été gravée par Claudine, qui ne fait pas mystère de son inventeur dans la dédicace et, sur un deuxième état, le précise même au bas de la composition. Si Verdier est sans doute un admirateur de Stella, qu'il a démarqué en plus d'une occasion, la typologie de la gravure est celle du Lyonnais, pas de son cadet.
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Claudine d'après Jacques, Le mariage mystique de sainte Catherine. Burin et eau-forte. 31 x 38 cm. BnF |
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Le repos pendant la fuite en Égypte, 1646. Plume et encre brune, lavis gris et rehauts de gouache blanche. 41 x 57 cm. Coll. part. (expo. 2006) |
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(ci-contre) F. de Poilly d'après Stella frontispice de La perspective pratique, 1649. Gravure. 21,4 x 14,3 cm. BnF |
S.K., Melun, février 2023 |
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Le mariage mystique de sainte Catherine, peinture perdue(?). Gravure par Claudine |
Peinture perdue?
Huile sur toile. Env. 68,5 x 81,5 cm (selon la gravure de l'Ashmolean Museum) Historique : Coll. Pierre de Masso (1692-1773)? Pierre de Masso (1728-1787)? Acquis par Samuel Dickinson (ou Dickenson), sa vente, 12 mars 1774, lot 82? Localisation actuelle inconnue? Gravure. Burin et eau-forte. 31 x 38 cm. Lettre : État 1 : sur le bloc d'architecture tout à gauche : « Cum Privilegio Regis »; dans la marge, de part et d'autre du cartouche aux armes de Créquy : « ILLUSTRIS. NOBLLIS.MO QUE VIRO D.D. CAROLO DUCI DE CREQUI PARI FRANCIÆ/ PRINCIPI PIVACINI EQUITI TORQUATO REGIÆ COHORTI PRÆPOSITO IN URBE HISDINO PROREGI/ Hanc-ce desponsatorum Virginum Effigiem a Jacobo Stella depictam, ære incisam in obsequij perpetui pignus, devotissimi ac/ debiti famulatus perenne monumentum Vovet et Consecrat Cliens addictissima Claudia Stella BnF, Da. 20, fol. État 2 : comme l'état 1 avec à gauche : Stella pinx. et à droite C. Stella sculp. (mentionné par Weigert citant Thomé et une étude sur les Stella dont il a pu bénéficier mais qui est perdue) État 3 (et 3 bis?) : comme l'état 1 avec à gauche : F. Lauri pinx. et à droite C. Stella sculp.; mentionné par Weigert citant Thomé et une étude sur les Stella dont il a pu bénéficier mais qui est perdue; pourrait correspondre à celle de l'Ashmolean Museum, qui porte cette lettre dans la marge : « Done from an Original Picture 2f. 8 by 2 f. 3 inches./ in the Pos(ses)sion of Mr Sam.l Dickinsons », c'est-à-dire Fait d'après une peinture originale 2 pieds 8 par 2 pieds 3 pouces/ en possession de M. Samuel Dickinsons. Les dimensions suivant le pouce anglais donnent environ 68,5 de haut sur 81 cm de large, correspondant à celle du tableau de Norfolk. Bibliographie : * (Claudine Bouzonnet Stella) «Testament et inventaire (...) de Claudine Bouzonnet Stella», publiés par J-J. Guiffrey, Nouvelles archives de lArt Français, 1877, p. 15-18, 75. * Roger-Armand Weigert, Bibliothèque Nationale. Cabinet des Estampes. Inventaire du fonds français. XVIIè siècle., t. II, 1951, p. 92 (CBS 40). * Hilliard T. Goldfarb, Catalogue d'expostion From Fontainebleau to the Louvre: French Drawing from the Seventeenth Century, The Cleveland Museum of Art, 1989, p. 148-9. * Sylvain Kerspern, «Mariette et les Bouzonnet Stella. Notes sur un atelier et sur un peintre-graveur, Claudine Bouzonnet Stella», Bulletin de la Société de lhistoire de lart français, 1993, 1994, p. 38. * Sylvain Kerspern, « Le Mariage mystique de sainte Catherine vendu à Zurich », site dhistoire-et-dart.com, mise en ligne le 29 avril 2008, retouche, août 2012. * Sylvain Kerspern, « L'héritage de Stella. Notes sur les de Masso », site dhistoire-et-dart.com, mise en ligne le 27 septembre 2021. |
La gravure de Claudine s'est retrouvée impliquée dans le dossier trouble des variations paysagères sur le thème du mariage mystique de sainte Catherine, notamment au regard du tableau de Norfolk (ci-contre et objet de la précédente notice). Pour entretenir le doute, elle a subi, comme d'autres, la tentation de la fraude, pour laquelle on peut à nouveau soupçonner la responsabilité de Pierre de Masso : un 3è ou 4è état du XVIIIè siècle donne la composition à Filippo Lauri (1623-1694) et signale sa présence dans la collection de Samuel Dickinson, avec qui de Masso, héritier du cuivre, fut en affaire... |
Les dimensions proches de celles du tableau de Norfolk (d'un format différent de celui de ce sujet que Claudine conservait à sa mort, d'ailleurs légué à Anne Molandier, non aux de Masso) peut laisser penser qu'il soit ici traduit par Claudine. Les variantes ne sont pas franchement significatives et pourraient tout simplement résulter d'une correction apportée après coup, dans un dessin destiné à la gravure, pour donner au groupe principal un plus grande présence au regard des éléments d'architecture environnant. L'époque est fertile en critiques pointues sinon excessives dont la correspondance de Stella avec Poussin peut d'ailleurs témoigner.
S.K., Melun, février 2023 |
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Huile sur toile. 68,5 x 85 cm. Norfolk (Usa), Chrysler Museum of Art |
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Le Christ au désert servi par les anges, peinture. |
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Huile sur toile. 84,6 x 115 cm. Portland Art Museum (USA), Purchase: Funds provided by the Bequest of Marybeth Branaman and Georgia Stoetzel Branaman. Historique : Galerie Emmanuel Moatti en 1995. Galerie Didier Aaron, 1997-2002; acquis par le Portland Art Museum sur les fonds du legs de Marybeth Branaman and Georgia Stoetzel Branaman. Bibliographie : * Gilles Chomer Peintures françaises avant 1815 : la collection du musée des Beaux-Arts de Grenoble, Grenoble, p. 218-219, fig 1. * Sylvain Laveissière in cat. expo. Jacques Stella (1596-1657), Lyon-Toulouse, 2006-2007, p. 202, sous le cat. 122. * Jacques Thuillier, Jacques Stella, Metz, 2006, p. 183. |
Sainte Hélène faisant transporter la Vraie Croix, 1646. Toile, détail. Loc. inconnue. |
Le repos pendant la fuite en Égypte, 1646. Dessin, détail. Coll. part. (expo. 2006) |
Le Christ Salvator Mundi, 1647. Huile sur bois. 31 x 21 cm. Coll. part. (expo. 2006) |
Jean Couvay d'après Stella, Miracles de N.-D. de Liesse, 1647. Gravure. Env. 19,7 x 14 cm. BnF. |
Le tableau est apparu à la fin du XXè siècle, aussitôt rapproché de l'autre version connue du thème par Stella, aujourd'hui aux Offices (ci-contre un peu plus bas), dont on peut remonter l'historique jusqu'à la Révolution et qui pourrait être la toile figurant dans l'inventaire de Claudine sous le n°6. Gilles Chomer (2000), en le publiant, distinguait nettement en date les deux versions, voyant l'Italienne des dernières années de la carrière parisienne, celle aujourd'hui aux USA, de ses premiers années. Sylvain Laveissière (2006) est revenu sur ce point de vue en les rapprochant nettement, les pensant à peu près contemporaines, et tardives. J'ai longtemps hésité à leur propos, y compris sur l'ordre de leurs créations. L'entreprise du catalogue raisonné m'a conduit à éclaircir ce point. |
L'arrangement du drapé et les attitudes bien campées, ainsi que celle de l'ange agenouillé peuvent être rapprochés de la Sainte Hélène peinte et le Repos pendant la fuite en Égypte dessiné, de 1646, ainsi que l'ampleur du paysage. La typologie du Christ, plus fluette que dans la version des Offices, s'apparente à ce que montre l'une des gravures de Couvay pour le Vray trésor... de Saint-Pérès, publié en 1647, et le Salvator Mundi sur bois, de 1647. Ces points d'ancrages typologiques pourraient dont situer précisément de ces années. Toutefois, le drapé à l'aspect sculptural plus minéral, moins fluide semble plus en rapport avec ce qu'il développe un peu plus tard, mais je le crois tout de même de plusieurs années avant le tableau des Offices, que je placerai volontiers entre La Samaritaine de Notre-Dame de Bercy (1652) et le retable de Provins (1654).
Était-ce la première version en date? Je n'en suis pas sûr. S.K., Melun, février 2023 |
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Version (plus grande) des Offices. 1,11 x 1,58 cm. |
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Charles Le Brun Christ servi parles anges 390 x 251 cm. Louvre. |
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1 |
Le massacre des Innocents, deux peintures |
1. Huile sur toile en grisaille. 61 x 73 cm. Rouen, Musée des Beaux-Arts.
Historique : acquis sur le marché d'art anglais en 1968 par le Musée des Beaux-Arts de Rouen. 2. Huile sur toile. 128 x 176 cm. Sankt-Augustin, Birlinghoven Schloss Mes plus vifs remerciements à Alexander Deeg (Fraunhofer-Institut fuer Angewandte Informationstechnik FIT), qui m'a communiqué une bonne reproduction du tableau ainsi que ses dimensions. Bibliographie : * Jean-Patrice Marandel « Une grisaille française du XVIIIe siècle au musée de Rouen », Revue du Louvre, 1968, n°4-5, p.225. * Sylvain Kerspern, « Jacques Stella ou lamitié funeste », Gazette des Beaux-Arts, octobre 1994, p. 135, n.14. * Sylvain Kerspern, « Anniversaires Dhistoire & d@rt », site dhistoire-et-dart.com, mise en ligne 15 janvier 2005, transféré en octobre 2005. * Jacques Thuillier, Jacques Stella, Metz, 2006, p. 204-205. * Sylvain Kerspern, « La Vie de la Vierge en 22 dessins », site dhistoire-et-dart.com, mise en ligne mars 2021, retouches septembre 2021. Bibliographie additionnelle : - Claude Nivelon, Vie de Charles Le Brun... (vers 1690-1691), éd. Lorenzo Pericolo, Paris, 2004, p. 134-142. - Catalogue dexposition Courage and Cruelty, Londres, Dulwich Picture Gallery, 1990-1991. - Jacques Thuillier, catalogue dexposition Sébastien Bourdon, Montpellier-Strasbourg, 2000-2001, p. 283-285. - Bénédicte Gady, Lascension de Charles Le Brun, Paris, 2010, notamment p. 184-185, 222-226. - Bénédicte Gady et Nicolas Milovanovic, Catalogue dexposition Charles Le Brun, Louvre-Lens, 2016, p. 172-173, 194-195. |
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2 |
Pierre Daret d'après Stella La mort de Chrispe, 1645. Gravure. 21,3 x 15,1 cm. BnF |
Le jugement de Pâris, 1650. Toile, détail. Hartford, Wadsworth Atheneum, The Ella Gallup Summer an Mary Catlin Summer Collection |
Ces deux peintures manifestement liées entre elles ne se laissent pas aisément saisir. Du moins le rattachement à l'art de Stella doit-il être désormais fermement établi. La typologie correspond à celle des ouvrages du début de la Régence voire de la Fronde, depuis La mort de Chrispe gravé par Daret en 1645, pour le profil ourlé de la jeune femme, notamment, jusqu'au Jugement de Pâris, de 1650, pour tout un répertoire commun dans les traits, le port de tête ou les expressions. La photographie du tableau allemand (ci-dessous) que je dois à la grande disponibilité d'Alexander Deeg montre un coloris à rapprocher de celui du Christ retrouvé par ses parents de 1649.
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L'Enfant Jésus retrouvé par ses parents dans le Temple, 1649 Cuivre. 47,3 x 35,2 cm. Schiedam, Sainte-Lidvina |
On pourrait être tenté d'en faire un exercice « à la Poussin », dans un registre proche de L'enlèvement des Sabines mais la source est toute autre. En étudiant la version du sujet donnée par Stella dans sa suite dessinée de la Vie de la Vierge, de la fin de sa vie, j'ai rapproché notre double version du précédent de Daniele da Volterra à la Trinité-des-Monts installant la scène sur un sol pavé qui aboutit à un large escalier à quelques degrés. Il instaure une profondeur bien plus spectaculaire que dans le précédent des « camayeux », marqué par Guido Reni, et propose des modèles de groupe, en particulier ceux au premier plan. Raphaël, incontournable sur ce sujet, est sensible dans nos deux toiles pour certaines femmes, comme celle courant vers nous un enfant dans les bras ou cette autre se retournant dans sa fuite vers le bourreau, mais aussi pour les enfants au sol. Son exemple aura également incité à un point de vue différent de celui, légèrement de dessus, de Volterra, pour privilégier la frise. |
M.A. Raimondi d'après Raphaël Le massacre des Innocents. Gravure. 28 x 42,5 cm. BnF. |
Toile. 61 x 73 cm. Rouen, musée des Beaux-Arts. |
Enlèvement des Sabines Toile. 116 x 163,5 cm. Princeton University Art Museums. |
Huile sur toile. 128 x 176 cm. Sankt-Augustin, Birlinghoven Schloss |
Stella a pleinement assimilé à Rome la leçon de Raphaël dans la circulation, ou pour mieux dire, la marche de l'histoire telle qu'elle se perçoit dans son Massacre des Innocents. Il en déploie sa science dans son interprétation du sujet, en trois frises en rupture d'échelle dans la toile de Rouen, préludant à la mêlée plus complexe et confuse, à dessein, de l'Enlèvement des Sabines de Princeton (ci-dessus). Notre grisaille est restée à l'état d'ébauche, n'esquissant que la structure des bâtiments du décor, un palais classique aux baies alternant frontons en arc-de cercle et triangualires et un temple circulaire sans le moindre ornement. L'un des soldats à l'aplomb de cette construction a manifestement fait l'objet d'un repentir pour le redresser et donner plus de vraisemblance à son geste.
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Cette dernière, sur photographie, reste difficile à juger. Le fond remanié est bien dans l'esprit de Stella mais il a quelque chose de fantômatique qui tient peut-être à l'état de conservation. Le coloris, comme je l'ai dit plus haut, est cohérent avec celui autour de 1650, même s'il semble plus sourd que celui de l'Enlèvement des Sabines. Néanmoins, un examen dans de meilleures conditions conduirait peut-être à un glissement dans les premières années de la décennie suivante.
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Charles Le Brun, Le massacre des Innocents, 1647-1671. Toile. 133 x 187 cm. Londres Dulwich Pictures Museum. |
Huile sur toile. 128 x 176 cm. Sankt-Augustin, Birlinghoven Schloss. |
La toile de Charles Le Brun est tout à la fois très documentée et problématique. L'artiste l'a entreprise à la veille de la Fronde pour un chanoine parisien. On la dit livrée inachevée et elle figure dans l'inventaire après décès de l'ecclésiastique, en 1670. Gédéon Berbier du Mets, Garde-Meuble de la Couronne, l'ayant acquis dans sa succession, s'adresse à Le Brun pour son achèvement, selon Nivelon, biographe et collaborateur de longue date du maître. La longue description que celui-ci en fait insiste sur l'expression des Passions et le souci archéologique dans la restitution de l'histoire.
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Sébastien Bourdon, Le massacre des Innocents. Toile. 43,7 x 60,2 cm. Worcester Museum of Art, Worcester (Mass., USA). | |
S.K., Melun, mars 2023 |
Catalogue Jacques Stella : Ensemble ; À Paris au temps de Louis XIII, mosaïque - Table Stella - Table générale |
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