Accueil
- Lettres d'information
Sylvain Kerspern - dhistoire-et-dart.com
Tables de rubriques : Table générale

Contact : sylvainkerspern@gmail.com

Recherches d'archives

Attribuer

Documents autour de Mathieu Frédeau

et Clémence Legrand, son épouse,

d'une famille de peintres de Senlis.


Mise en ligne le 21 octobre 2024

Il me paraît toujours nécessaire d'appuyer l'approche d'un artiste par la mise au point d'une biographie documentée, et le cas de Mathieu Frédeau, à qui je propose d'attribuer le portrait de François Langlois, ne devait pas faire exception à la règle. Ce fut l'occasion de précisions voire de rectifications qui éclairent, en effet, l'approche de son art. Grâce à eux, entre autres choses, il n'est plus possible d'en faire un peintre anversois, et on peut à peu près situer le moment de sa mort. Certains documents méritent d'être non seulement cités mais aussi publiés, tels ceux ci-dessous. Je transcris dans ces différents documents le nom de Frédeau avec accent à partir de ce qui est écrit; la prononciation devait l'impliquer, en sorte que je préfère le conserver ici comme dans l'étude qui m'a conduit à ces recherches documentaires.

Nota : J'ai développé les abréviations évidentes et la plupart du temps modernisé l'orthographe, notamment pour les accents, pour faciliter la lecture, d'autant qu'en face du texte figure une photographie de la page. Les points de suspension avec point d'interrogation marquent une difficulté de lecture non résolue. J'ai marqué en gras quelques passages notables. L'exercice est toujours délicat, n'hésitez pas à me communiquer toute erreur ou approximation.

Déclaration d'Antoine Frédeau, menuisier, en faveur de son fils Antoine, sculpteur et peintre (Arch. Nat., MC, ET, XVIII, 251, 25 octobre 1637)

Il me semblait nécessaire de publier ici ce document, déjà mentionné dans les publications des Archives Nationales mais avec une erreur, assez inexplicable, sur le prénom du fils bénéficiaire de la déclaration du menuisier Antoine Frédeau et frère de Michelle, Jeanne et Barbe, ici mentionnés, tandis que Mathieu, Jean et Ambroise, qui avaient quitté le domicile paternel, ne sont pas cités. Il s'agit bien d'Antoine, sculpteur et peintre, non notre Mathieu. Pour l'étude de ce dernier, cela impliquait qu'il soit rentré d'Italie tout en lui donnant des indications d'œuvres, qu'il faut donc rendre à son frère, Antoine fils.

Furent présents Antoine Frédeau me menuisier/
à Paris demeurant es faubourg St Marcel grande rue/
Moufetar, Michelle Frédeau femme séparée/
quant aux biens d'avec Simon de Caen son mari me./
Serrurier à Paris, Jeanne Frédeau et Barbe/
Frédeau, toutes sœurs enfants dudit Frédeau/
et de défunt Marie Villain, jadis sa femme
/
demeurant avec leur dit père ; Lesquels ont dit et/
déclaré n'avoir prétendu ni ne prétendre/
aucun droit, part et portion sur les/
études d'Antoine Frédeau leur frère,/
sculpteur et peintre
, étant dedans et dehors/
son cabinet qui est en la maison de/
leur dit père, soit de sculpture, peinture,/
desseins, taille-douce, livres, bosses et/
autres choses de curiosités par ledit Antoine/
Frédeau fils faits et à faire cy après/
acquises par lui ou à acquérir, de son argent/
et labeur ; Consentent et accordent tous les/
dessus nommés qu'icelui Antoine Frédeau/
fils en puisse disposer soit par vente,/
donation qu'autrement à qui et ainsi que bon/
lui semblera comme à lui appartenant ;/
Sans que à tout ce que dessus, Sans en ce/
comprendre les tableaux qui ensuivent qui ont été faits et fabriqués de la main
2/
dudit Antoine Frédeau fils qu'il a donnés/
et délaissés à son dit père, Savoir Un crucifix noir/
mort
, Un st Sebastien, Une décollation de St Jean,/
Un St Hierosme qui lit, deux portraits de père/
et de mère
, outre ceux (sic) de son frère
/
qui sont par devers ledit Antoine Frédeau père ;/
Ce que ledit Antoine Frédeau père et/
ses autres enfants ont reconnu être véritable/
et vrai (?) et de tout ce que dessus le dit Frédeau/
fils a requis et demandé être (?) auxdits notaires soussignés/
qui lui ont délivré et baillé ces présentes pour/
lui servir et valoir en temps et lieu ce que/
de raison ; Ce fut fait et passé es études/
desdits notaires soussignés L'an mil six cent/
trente sept le vingt cinquième jour d'octobre avant/
midi, lesdits Michelle et Jeanne Frédeau ont/
déclaré ne savoir écrire ne signer et les/
autres ont signé

Anthoine Frédeau (père)
Barbe Frédeau        A. Frédeau (fils)
David, no.      Charles, no.

Nota : le document a été sommairement analysé par Constans et Fleury 2010, doc. 847, mais avec une erreur sur le prénom du fils, Mathieu au lieu d'Antoine; la signature du père peut être différenciée de celle du fils par comparaison avec la reconnaissance que le premier contracte le 15 octobre 1636 (Arch. Nat., M.C., XVIII, 249, f°iiiciiiixxix; détail ci-dessous).


Mariage Barbe Frédeau (Arch. Nat., MC, ET, XVIII, 255, 24 février 1639)

24 février 1639 iiciiiixxviii
Furent présents en leurs personnes Jean Royer,/
Me peintre à Paris
y demeurant rue des deux boulles/
paroisse Saint-Germain-L'Auxerrois fils de défunts/
Jean Royer vivant aussi peintre et de Louise Gaulchère/
jadis sa femme ses père et mère ; assisté de/
Charles Jousseaulme bourgeois de Paris y demeurant rue du Foin/
au nom et comme procureur de Me Jacques Royer/
prêtre demeurant à Poitiers son frère de lui fondé de/
procuration passée par devant De La Fons et Maxians/
notaires audit Poitiers le onzième du présent mois et an,/
spéciale pour l'effet du présent contrat ; laquelle ce/
requérant les parties est demeurée annexée à la présente/
minute pour y avoir recours, et être transcrite en fin des/
expéditions qui en seront délivrées pour lui et en son nom,/
d'une part ;
et honorable homme Antoine Frédeau/
maître menuisier à Paris demeurant au faubourg St Marcel/
rue Mouffetard, au nom et comme stipulant en cette /
partie pour Barbe Frédeau sa fille et de/
défunte Marie Villain, à ce présente de son vouloir &/
consentement aussi pour elle et en son nom d'autre part ;/
lesquelles parties en la présence, de l'avis et consentement/
de leurs parents et amis, savoir de la part dudit futur/
époux dudit Jousseaulme et de Jacques Haudineau (signe Hardouineau)/
secrétaire de la chambre ... son ami, et de la part de ladite future épouse, du/
sr Mathieu Frédeau maître peintre son frère, de Anthoine Frédeau aussi frère,/
et de Charles Vallet marchant de chevaux beau-frère à cause de Jeanne Frédeau 
;
Ont reconnu et confessé avoir fait et font/
ensemble de bonne foi le traité de Mariage, dont/
douaire et conventions qui ensuivent ;
C'est assavoir que/
ledit Frédeau promet bailler et donner par nom et loi de/
mariage ladite Barbe Frédeau audit Jean Royer lequel/
de sa part la promet prendre à sa femme et légitime épouse/

2/
en icelui mariage, faire solenniser deux à deux en face de/
notre mère Sainte Eglise sous la licence d'icelle dans le plus/
bref temps faire ce pourra & qu'il sera avisé &/
délibéré entre eux, leurs parents et amis si Dieu et/
notre mère l'église s'y accordent, auxdites conditions/
ci-après ;
Savoir que les futurs époux seront uns/
et communs en tous biens meubles et conquêts, immeubles/
suivant la coutume de cette ville de Paris sans être/
néanmoins tenus des dettes l'un de l'autre faites/
et eues auparavant la consommation dudit futur mariage ;/
et si aucunes se trouvent seront payées et acquittées sur les/
biens de celui qui les aura faites , sans que les biens de/
l'autre en soient tenus ; en faveur duquel/
mariage ledit Antoine Frédeau promet bailler & fournir/
auxdits futurs époux dans la teneur de leurs épousailles/
la somme de cinq cent soixante livres tournois ; savoir trois/
cent soixante livres en deniers comptants, et le reste en/
habits et hardes à usage de ladite future épouse/
de laquelle somme en denier ledit Frédeau a déclaré/
y en avoir soixante livres qui provient de pareille somme/
qu'il a reçu pour le legs fait à ladite future épouse par/
défunte Barbe Levesque sa marraine ; et partant ne restera que/
la somme de cinq cent livres tournois qui sera/
précomptée à ladite future épouse, tant sur la part &/
portion héréditaire qui lui appartient en la succession de ladite/
femme défunte sa mère que en avancement de celle/
à advenir dudit Frédeau, desquelles cinq cent livres/

3/
soixante livres en entrera en communauté deux cents/
livres en communauté et le surplus demeurera propre à ladite/
future épouse aux siens de son côté et lignée ;/
pour sûreté duquel propre ledit Frédeau père retiendra/
par ses mains lesdits trois cent soixante livres en demeure (?)/
par lui promise pour en faire le profit et intérêt/
auxdits futurs époux à raison de l'ordonnance, à compter/
du jour de la bénédiction nuptiale payable par/
chacun an ; et aussi en faveur dudit mariage ledit/
Charles Jousseaulme en ladite qualité de procureur/
dudit Me Jacques Royer a promis et promet de bailler/
et payer par chacun an audit futurs époux/
pendant le vivant dudit sr Royer soixante livres tournois de/
rente ou pension viagère, à commencer dudit jour de la/
bénédiction nuptiale et continuer d'année en année/
conformément à ladite procuration portant pouvoir de faire la/
présente promesse ; et en outre, ledit futur époux a doué/
et doue ladite future épouse de la somme de/
trois cents livres tournois de douaire préfix pour une/
fois payer à l'avenir et prendre incontinent qu'il aura/
lieu généralement sur tous les biens dudit futur/
époux qui l'en a dès à présent obligé, ladite hypothèque/
à fournir et faire valoir ledit douaire qui demeurera à/
ladite future épouse et aux siens, de son côté &/
ligne sans être sujet à aucun retour,/
pourvu qu'il n'y ait point d'enfant dudit mariage ;/
et s'il y en a en fournir suivant ladite convention (?);/
Le survivant desdits futurs conjoints prendra/
par préciput les meubles de ladite communauté tels/

4/
qu'il voudra saisir réciproquement jusques à la valeur de/
la somme de cent livres suivant la prisée de l'inventaire/
et sans crue ou ladite somme en demeure au choix dudit survivant ;/
sera permis à ladite future épouse survivant ledit/
futur époux d'accepter ou renoncer à la communauté/
et en cas de renonciation elle reprendra tout ce qu'elle/
aura porté en mariage, son douaire et préciput/
tels que dessus, avec tout ce qui lui sera/
advenu et échu tant par succession, donation, legs/
testamentaire qu'autrement, le tout franchement et/
quittement de toutes dettes et hypothèques quelconques/
de ladite communauté encore qu'elle y eut parlé & y/
fut obligée dont les héritiers (?) & biens dudit futur/
époux seront tenus l'acquitter et indemniser ;/
Et encore (?) en faveur dudit mariage ; Et pour la bonne/
amitié que ledit futur époux a et porte à ladite/
future épouse lui a par ces présentes donné,/
cédé et transporté par donation faite entre vifs/
irrévocable, ce acceptant par ladite future épouse/
tous et chacun les biens meubles, immeubles/
propres et autres biens qui se trouveront à être audit futur/
époux soit par donation ou autrement, au jour de son décès/
en quelques lieux qu'ils soient situés ; Pour en/
jouir par icelle future épouse en pleine propriété du/
jour dudit décès en cas toutefois que ladite future épouse/
vienne à survivre ledit futur époux sans enfant ou/
enfant né ou à naître dudit mariage ; Et pour faire/
insinuer ces présentes par tout au besoin sera lesdites parties/

5/
constitué leur procureur le porteur des présentes auquel elles/
en donnent pouvoir ; Car ainsi a été accordé nonobstant/
toute coutume... auxquelles lesdites parties/
ont dérogé pour ce regard ; plus (...) chacun/
endroit soi, (...) Fait/
et passé (...) l'an XVIc trente-neuf/
le vingt-quatrième jour de février/
avant midi, ladite Jeanne Frédeau a déclaré ne savoir écrire/
ni signer et les autres ont signé

J.Royer Barbe Frédeau
Anthoine Frédeau (père)
Mahtieu Frédeau A. Frédeau(fils)
Jousseaulme Charles Vallet
Nourry, no. Hardouineau Charles, no.

À la suite, quittance du 1er août 1639 par Jean Royer et Barbe Frédeau à Antoine Frédeau de la somme de 260 livres, les 300 restant étant demeurées entre les mains d'Antoine (comme convenu). Ci-dessous, les signatures de la quittance.


2

3

4

5
Apprentissage de François Legrand auprès de Mathieu Frédeau (Arch. Nat., MC, ET, XVIII, 255, 15 mars 1639)

Fut présent en sa personne Aubin Pallé Maître/
maçon à Paris et voyer de la Terre-Sainte-Geneviève/
demeurant à Paris rue des prêtres paroisse Saint-Etienne-du-/
Mont, Lequel pour le profit faire de François/
Legrand natif de la ville de Senlis
reconnaît et confesse/
l'avoir baillé et mis en service par forme d'apprentissage/
du jourd'hui jusques à cinq ans prochains finis &/
accomplis avec le sieur Mathieu Frédeau Maître/
peintre du Roy demeurant à Paris rue des deux/
boulles paroisse Saint-Germain-L'Auxerrois
, à ce présent &/
acceptant ; qui a pris et reçu ledit François Lepagegrand/
pour son serviteur et apprenti durant ledit temps pendant/
lequel il promet lui montrer, apprendre et enseigner/
à son pouvoir sondit art de peintre & tout ce dont/
il se mêle et entremet en icelui ; lui fournir et livrer ses/
vivres & aliments corporels, feu, lit, hôte, lumière;/
et ledit Pallé promet l'entretenir de tous ses habits,/
linges, chaussures, vêtures & autres ses nécessités/
qui lui conviendront honnêtes selon sa condition ;/
En faveur duquel présent apprentissage les parties ont/
convenu entre elles à la somme de cent/
livres tournois sur laquelle somme ledit Frédeau/
confesse avoir présentement reçu dudit Pallé la/
somme de cinquante livres tournois dont il se contente/
et l'en quitte ; et pour le surplus montant pareille/
somme de cinquante livres ledit Pallé promet et s'oblige/
en son propre et privé nom le bailler & payer audit Frédeau/
en cette ville ou au porteur d'hui en deux ans/
prochains ; à ce faire étant présent ledit apprenti lequel a eu ce/
que dessus agréable, promet apprendre ledit art à son pouvoir/

/2
servir sondit Maître en icellui et en autres choses honnêtes/
qu'il plaira lui commander faire au profit de sondit Maître,/
l'avertir du contraire s'il vient à sa connaissance sans/
s'absenter ne aller ailleurs servir pendant ledit temps ; et en/
cas d'absence, promet ledit Pallé le chercher par la ville &/
banlieue de Paris pour si trouver le peut le ramener à sondit/
Maître afin de parachever le temps de sondit apprentissage ;/
et si en outre (?) le certifie de toute fidélité &/
loyauté. Car ainsi, Promettant et s'obligeant,/
Chacun endroit soi, Ledit apprenti son corps,/
etc. Fait (...) L'an mil/
six cent trente-neuf le quinziàme mars/
avant midi et ont signé,

M.Fredeau A. Pallé
F. Le Grand Charles, no.
Nourry, no.


Vente immobilière par Jacques Legrand, maître peintre à Paris, Claude et Madeleine Frédeau, enfants mineurs de défunts Mathieu Frédeau et de Clémence Legrand, Thoinette Frédeau, fille de Jean, et Barbe à Pierre Lamy, maître chapelier (Arch. Nat., MC, ET, XVIII, 296, 17 avril 1658)

Contrat de vente du XVII avril 1658

Furent présents Jacques Legrand maître peintre à Paris y demeurant rue et culture Sainte-Catherine paroisse Saint-Paul tant en son nom et comme tuteur de Claude et Madeleine Frédeau frère et sœur enfants mineurs de défunts Mathieu Frédeau vivant aussi peintre et de Clémence Legrand, neveu et nièce dudit Jacques Legrand, desquels mineurs il se fait et porte fort et promet en son propre et privé nom leur faire ratifier ces présentes et en fournir acte de ratification valable au ci-après nommé sitôt et incontinent qu'ils et chacun d'eau auront acquis l'âge de majorité et encore au nom et comme procureur de Thoinette Frédeau fille unique de feu Jean Frédeau et Thoinette de Morizot, assistée et procédant du vouloir et consentement de sa dite mère à présent femme du sieur Georges Artus Legoust maître sculpteur de la ville de Tholoze (Toulouse) de lui authorisée ; de ladite Thoinette Frédeau fondé de procuration passée par devant Jean Sueur notaire royal audit Toulouse le neuvième mars dernier spéciale pour l'effet qui ensuit demeurée annexée à la présente minute après qu'elle a été paraphée des parties et notaires soussignés et par laquelle ensemble par ledit Legoust et Morizot sa femme, ledit Legrand promet aussi faire ratifier ces dites présentes et en fournir acte de ratification audit ci après nommé dans deux mois prochains ; et Barbe Frédeau veuve de défunt Jean Royer vivant aussi me. Peintre demeurant le faubourg Saint-Germain-des-Prés rue de Vaugirard paroisse Saint-Sulpice,

tant en son nom que comme créancière de la succession de défunt Anthoine Frédeaux son père, vivant maître menuisier à Paris de la somme de Trois-cent-soixante livres à elle due par son contrat de mariage passé par devant Nourry et Charles notaires audit Châtelet le Onzième février XVIc-trente-neuf que comme héritière pour une quatrième portion de la succession de frère Ambroise Frédeau son frère religieux profès au couvent des Augustins dudit Toulouse, lequel était héritier pour un sixième de défunte Marie Villain mère commune des parties ; et encore ladite Barbe Frédeau comme ayant les droits par transport de Jeanne Frédeau veuve de défunt Charles Vallet vivant marchand de chevaux sa sœur en la succession dudit frère Ambroise Frédeau religieux, ledit transport passé par devant Parque et Langlois notaires audit Châtelet le 11 mars mil-six-cent-cinquante-cinq ; lesdits mineurs Frédeau et Thoinette/

2/ Frédeau héritiers chacun une quatrième partie dudit défunt Antoine Frédeau leur ayeul, et encore héritiers chacun pour un sixième dudit frère Ambroise Frédeau Religieux leur oncle ; Lesquels ont volontairement reconnu et confessé avoir vendu, baillé, cédé, quitté, transporté et délaissé par ces présentes, du tout à toujours tant à titre de vente que de bail et prise à rente et promettent chacun pour leur part et portion qu'ont ledit Legrand tant en son propre et privé nom que comme tuteur desdits Claude et Magdeleine Frédeau, garantir de tous troubles et empêchement généralement quelconque
A honorable homme Pierre Lamy, maître chapelier en la ville St Marcel-lès-Paris y demeurant grande rue Mouffetard paroisse St Médard, à ce présent & acceptant acquéreur audit titre pour lui, ses hoirs et ayant cause, Une vieille maison à présent en ruine, cour et autres lieux, aisances et appartenances étendues de toutes parts et de fonds en comble assise audit St-Marcel grande rue Mouffetard où pend pour enseigne le chef St Jean, tenant d'une part à Pierre Jubin, charcutier, d'autre à la dame (en marge : Mareuil), aboutissant par derrière au nommé Taton, me. Peignier et d'autre bout par devant sur ladite grande rue qui appartenait audit défunt Antoine Frédeau au moyen de la vente qui lui en avoit été faite par Jacques Villain marchand bonnetier et Pasquette Taboureau sa femme par contrat passé par devant Cressé et Charles notaires audit Châtelet le seize août mil-six-cent, auxquels Villaine et sa femme elle appartenait de leur conquêt par le moyen par le moyen de l'adjudication faite au profit dudit Jacques Villain au parc civil dudit Châtelet le premier septembre mil-cinq-cent-quatre-vingt-dix-neuf, sur Estienne Solly, tuteur des enfants de feu Germain Le Tellier, et auxdits vendeurs appartenant es noms et qualités devant déclarées ;

2

étant en la censive des vénérables religieux abbé, prieur et couvent de l'abbaye Ste Geneviève du Mont de Paris et chargée envers eux de deux deniers parisis de cens et encore chargée envers le chapelain de la chapelle Notre-Dame d'or de lac (de Rilhac) fondée en l'église St-Médart dudit faubourg St-Marcel de cinquante six sols parisis de rente par chacun an ; pour toutes et sans autre charge, dettes, redevance ne hypothèque quelconques, franche et quitte des arrérages desdits cens et rente de tout le temps

3/ passé jusques à ce jour ; pour de ladite maison jouir par ledit Lamy ses dits hoirs, et en faire et disposer audit titre comme de chose à lui appartenant, à commencer la jouissance du dernier jour de mars dernier ; Cette vente, bail et prise à rente ainsi faite tant à la charge desdits cens et rente et autre moyennant la somme de dix-huit-cents livres ; sur laquelle ledit Legrand es dits nom a consenti et accordé que ledit Lamy paye en l'acquis et décharge tant desdits mineurs que de ladite Thoinette Frédeau à Nicolas Gaillard, marchand mercier demeurant rue St-Jacques paroisse St-Benoist, le sort principal montant à deux-cent livres et arrérages de la rente à commencer de ce jourd'hui due et constituée par ledit défunt Anthoine Frédeau et audit Gaillard auquel lors du paiement et rachat que lui en fera ledit Lamy, il se sera subrogé en ses droits d'hypothèque, ainsi que dès à présent ledit Legrand es dits noms le consent et accorde ; et des seize-cents livres restant revenant tous (?) auxdits vendeurs, et à eux appartenant savoir auxdits Claude et Magdeleine Frédeau cinq-cent-trente livres, à ladite Thoinette Frédeau pareille somme de cinq-cent-trente livres, et à ladite Barbe Frédeau, le surplus montrant à cinq-cent-quarante livres ; Et lesquelles cinq-cent-trente livres faisant (?) la part desdits Claude et Magdeleine Frédeau, ledit Legrand reconnaît et confesse les avoir présentement reçu dudit Lamy qui les lui a baillés, payés, comptés, nombrés et délivrés en présence des notaires soussignés, en espèces de louis d'argent et autres monnaies le tout bon et ayant court, dont icelui Legrand se tient content et en quitte ledit Lamy,

3

qui promet et s'oblige bailler et payer à ladite Barbe Frédeau ou au porteur d'hui en trois ans prochains sa dite part, montant à cinq-cent-quarante livres sur laquelle il lui a présentement payé et de lui confesse avoir reçu quarante livres dont elle le quitte ; et quant aux cinq-cents livres restant il lui promet payer dans le terme susdit et cependant en payer l'intérêt à raison de l'ordonnance qui est vingt-sept livres treize sols six deniers par an ; et quand à la part de ladite Thoinette Frédeau montant à pareilles cinq-cent-trente livres, ledit Lamy lui a créé, constitué, assis et assigné et promet garantir, fournir et faire valoir tant en son principal que comme d'arrérages vingt-neuf livres six sols dix derniers tournois de rente de bail d'héritage et de nouvelle charge qu'icelui lamy promet et s'oblige bailler et payer à ladite Thoinette Frédeau en cette ville de Paris ou au porteur que dorénavant par chacun an dont la première année de paiement échera d'hui en un ans prochain, et ainsi continuer par chacun an

4/ tant sur la part et portion à ladite Thoinette Frédeau appartenant en la susdite maison qui en est et demeure spécialement obligée et hypothéquée et généralement les autres biens dudit Lamy qu'il en a aussi hypothéqués a fournir et faire valoir ladite rente bonne et bien payable par chacun an; et laquelle dite rente demeurera rachetable à toujours en rendant et payant par ledit rachetant pareille somme de cinq-cent-trente livres avec les arrérages qui pour lors en seront dus, frais et loyaux coûts transportant par ledit vendeur audit Lamy tous droits de propriété qu'ils avaient sur ladite maison, à la charge et restitution desdites sommes et rente constituées, promises payer, dessaisissant, voulant que le(?) procureur et porteur, en donnera pouvoir ; Et pour plus de sûreté du présent contrat de garanties ledit Legrand à présentement mis es mains dudit Lamy lesdits contrat de vente et sentence de décret ci-devant datés, le transport fait à ladite Barbe Frédeau par ladite Jeanne Frédeau sa sœur aussi ci-devant daté (en marge : et par elle mis es mains dudit Lamy) ; lequel présent contrat ledit Legrand a dit passé pour ses dits mineurs suivant l'avis de leurs parents et amis homologué par sentence rendue au Châtelet le vingt-cinquième mai dernier en conséquence de laquelle prisée et estimation a été faite de ladite maison par François Pousart, juré du roi es œuvres de maçonnerie nommé d'office le dixième jour des présents mois et ans signé en fin Pousart et Leproust greffier qui ont été aussi mis es mains dudit Lamy (en marge: lequel a payé et avancé les deniers qu'il a convenu tant pour les avis que prisée et estimation trente huit livres) ; Et moyennant ladite somme de cinq-cent quarante livre pour la part de Barbe Frédeau elle a quitté et déchargé tant la succession duit défunt Anthoine Frédeau son père que lesdits mineurs et Thoinette Frédeau de toute demande et prétention qu'elle aurait pu leur faire et demander du passé jusques à hui (en marge : et confiant que du contenu en ces présentes, il en soit fait mention en sommaire (?) tant sur la minute que expédition de sondit contrat de mariage et ce par tout notaire sur ce requis sans que faire (?) à présent y soit requis) ; se réservant seulement ses hypothèques, ainsi a été accordé entre les parties, qui pour l'exécution des présentes ont élu leur domicile es maisons où chacune d'elles sont demeurantes devant déclarées ainsi que les lieux ; Promettant, etc. Obligeant, etc. chacun endroits soi, Ledit Legrand pour lesdits mineurs en son propre et privé nom seul et pour le tout faire sans division ne discussion, Renonçant, etc. aux bénéfices de division ordre de discussion et de fidejussion, fait et passé es études après-midi le dix-septième jour d'avril mil-six-cent-cinquante-huit et ont signé,

Jacques Legrand,
Barbe Frédeau       Pierre Lamy
Leroy, notaire        Chalon, notaire.

En marge de la page 3 : Par quittance de rachat ce jourd'hui sixième juillet mil-six-cent-cinquante-huit passé par devant lesdits notaires soussignés et dont la minute est demeurée par devers Chalon l'un d'iceux appert le sort principal et arrérages de la rente de deux livres avoir été acheté et payé par ledit Lamy à Claude de Gauchy veuve dudit Nicolas Gaillard es noms ainsi que le contient ladite quittance de rachat portant pouvoir de faire la présente décharge ainsi fait les ans et jours que dessus,

Chalon, notaire
Leroy, notaire

4


Les Legrand, peintres de Senlis

Le nom de Legrand apparaît à plusieurs reprises dans les documents qui précèdent, rattachés à la ville de Senlis où se trouvent, encore aujourd'hui, des peintures de Mathieu Frédeau, notamment le Miracle de saint Rieul (ci-contre), saint patron très local puisqu'il est réputé en être le premier évêque. On ne peut donc douter qu'il ait été spécifiquement peint pour la ville.

Il m'a semblé utile de procéder à quelques sondages dans ses archives paroissiales. Je me suis principalement concentré sur la paroisse Saint-Hillaire, qui est celle de François Legrand, père de l'élève de Mathieu et de son épouse. Je suis redescendu jusque vers 1665. Je les ai complétés de sondages sur une période allant de 1575 à cette date dans les registres de celles de Notre-Dame, de Sainte Geneviève, de Saint-Pierre et de Saint-Rieul afin d'éclairer sa généalogie. J'ai fait quelques sondages complémentaires en remontant jusque vers 1540 pour mieux cerner Pierre « l'aîné ». J'ai eu la chance de trouver de quoi esquisser un semblant d'arbre à partir de lui et jusqu'à l'épouse de Mathieu Frédeau et son beau-frère et néanmoins apprenti (ci-dessous).

Source : état-civil de Senlis, Archives Départementales de l'Oise (en ligne).

Mathieu Frédeau,
Miracle de Saint Rieul
Huile sur toile. 230 x 200 cm.
Senlis, Cathédrale.

Pierre Legrand l'aîné est la souche à partir de laquelle se déploie toute une branche spécialisée dans la peinture. Documenté de 1543 à 1587, il doit être né vers 1510-1520. J'ai pu repérer trois fils qui épousent le même métier, Pierre le jeune (1545-ap. 1589?), Denys (v. 155/1556 - entre 1605 et 1626) et Marin (1561-av. 1621). Denys est le père de François baptisé le 14 octobre 1582 et mort le 30 septembre 1651.

Personnalité forte ou opportunités accomplies, les parrainages des enfants de François sortent du strict cadre familial ou professionnel pour solliciter les notables; son fils François - futur apprenti de Mathieu Frédeau - est tenu sur les fonds baptismaux en 1614 par le greffier de la Prévôté de Senlis; d'autres enfants bénéficient du soutien de magistrats au siège présidial; son autre fils Jacques, qui sera le tuteur des enfants dudit Frédeau et de sa sœur Clémence, avait eu pour parrain un maître arpenteur pour le roi. Leur père François est inhumé en 1651 dans l'église Saint-Hillaire, non simplement dans le cimetière, nouveau signe de son statut de notable local.

On trouvera ci-contre les copies du répertoire fait au XIXè siècle concernant la souche de la famille au XVIè, des baptêmes et inhumations de François père et fils (ce dernier apprenti de Mathieu Frédeau), et des baptêmes de Clémence, future épouse dudit Mathieu, et Jacques, futur tuteur de leurs enfants dans le cadre de leur succession en 1657-1658.

Comme Meaux à la même époque, la proximité de Paris laissait peu de chance à une activité de peintre autre que celle qui consiste à de modestes entreprises plus ou moins décoratives. Le recours au pinceau de Mathieu Frédeau pour au moins deux peintures - comme celui de Senelle en Brie, installé à Paris, tout Meldois qu'il soit né - vient confirmer que pour une entreprise de quelque envergure, on se tournait désormais vers la capitale.

S.K., Melun octobre 2024

Répertoire alphabétique des registres de la paroisse Saint-Pierre de Senlis.
Baptême et décès de François Legrand père, fils de Marin
- 1582, paroisse Sainte-Geneviève, ci-dessus
- 1651, paroisse Saint-Hillaire, ci-contre.
Baptême et inhumation de François Legrand fils apprenti de M. Frédeau (Saint-Hillaire, 1614/1661).
Baptêmes de Jacques et Clémence Legrand (Saint Hillaire, 1619 et 1627).

Courriels : sylvainkerspern@gmail.com.
Vous souhaitez être informé des nouveautés du site? C’est gratuit! Abonnez-vous!
Vous ne souhaitez plus recevoir de nouvelles du site? Non, ce n’est pas payant... Désabonnez-vous...
.