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Sylvain Kerspern - dhistoire-et-dart.com | |
Jacques Stella - Catalogue Paris, oeuvres datables de 1652-1654 Tables du catalogue : À Paris, dernières grandes commandes (1652-1654) Ensemble |
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Table Stella - Table générale |
À Paris, dernières grandes commandes. Oeuvres datables de 1652-1654. |
Le détail des références bibliographiques, en labsence de lien vers louvrage consultable en ligne, peut se trouver en cliquant sur Bibliographie. |
Salomon et la reine de Saba et Salomon sacrifiant aux idoles, peintures (Lyon) |
L'éducation de la Vierge, sanguine (Poitiers) |
Le Christ au désert, peinture (Uffizzi) |
Le repos de la Sainte famille, peinture perdue, gravure de Claudine |
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Adoration des bergers Bonaparte, peinture et dessin |
Achille à Scyros, dessin (Quimper) |
La mise au tombeau, dessin |
Nativité, peinture |
PROCHAINEMENT |
St Pierre soignant ste Agathe, peinture |
La Vierge, l'Enfant, ste Elisabeth et st Jean, gravure de Claudine |
Les cinq sens, peinture |
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Le Christ retrouvé par ses parents au Temple, peinture (Fos) |
Ste famille, ste Elisabeth et st Jean, gravure par Françoise |
Le mariage mystique de ste Catherine, peinture |
La Vierge adorant et Le Christ, Salvator Mundi, regard (Magny-lès-Hameaux), peintures |
La Vierge adorant, gravure par N. Poilly |
La Vierge adorant l'Enfant endormi, peinture |
L'enlèvement des Sabines, peinture (Princeton) et dessin (Lyon) |
L'adoration des Mages, peinture |
Noli me tangere, dessin (Harvard) |
Tarquin et Lucrèce, peinture |
La dernière communion de la Madeleine, gravure de Rousselet |
Suzanne et les Vieillards, peinture |
La déposition de croix, peinture (Weimar) (et gravure de Françoise) |
Le Christ pleuré par un ange, gravure de Claudine |
La Vierge, l'Enfant, ste Elisabeth et StJean, gravure de Claudine |
La Vierge à l'Enfant bénissant, peintures de Loguivy et en CP (et gravure de Poilly) |
La mort de st Joseph, peinture (Grenoble) |
La Vierge cousant, peinture perdue et gravure de Claudine |
Le mariage mystique de ste Catherine, peinture (Koller) |
L'enfant Jésus endormi adoré par les anges, peinture (Le Mans) |
Femme au plateau de fleurs, peinture ovale |
Dieu apparaissant au père de Condren, dessin perdu, gravure de Boulanger |
Le Christ bénissant ste Thérèse, peinture |
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La Vierge, l'Enfant et st Jean à la rose, gravure de Poilly |
Ste famille aux cerises, peinture et gravure de Poilly |
Le mariage mystique de ste Catherine, dessin (Harvard), peinture (Paris, CP) |
La Vierge, l'Enfant, ste Elisabeth et st Jean Champ-Renard, peinture disparue, gravure de Claudine |
La Vierge, l'Enfant, st Jean et l'agneau, peinture (Dunedin) |
La Vierge, l'Enfant, st Jean, l'agneau et un ange, peinture |
L'embaumement du Christ, dessin (Louvre) |
L'embaumement du Christ, peinture (Montréal Ottawa) et dessin |
Le détail de certaines références bibliographiques, en labsence de lien vers louvrage consultable en ligne, peut se trouver dans la Bibliographie. |
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1. La sagesse de Salomon, dit aussi Salomon et la reine de Saba 2. La folie de Salomon dit aussi Salomon sacrifiant aux idoles, peintures |
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* Huiles sur toile. 98 x 142 cm.
Lyon, Musée des Beaux-Arts Historique : fonds Jacques Stella? puis Bouzonnet Stella chez qui les deux pendants doivent avoir été vus par Félibien (1688); légué à son cousin Claude Perrichon (1643-1725) en 1693-1697. Coll. part. en 1992 puis : 1. Vente Drouot Ader-Tajan 10 avril 1992, n°24; acquis par le musée avec le concours du F.R.A.M. 2. Acquis du collectionneur en 1993 par le musée avec le concours du F.R.A.M. Bibliographie : * André Félibien, Entretiens sur la vie et les ouvrages des plus excellens peintres..., Paris, 1666-1688; 2e. éd., 1688, t. II, p. 657 * (Claudine Bouzonnet Stella) «Testament et inventaire (...) de Claudine Bouzonnet Stella», publiés par J-J. Guiffrey, Nouvelles archives de lArt Français, 1877, p. 25 * Edmond Bonnaffé, Dictionnaire des amateurs français au XVIIe siècle, Paris, 1884, p. 248-249 * J. Roman, Le Livre de Raison du peintre Hyacinthe Rigaud, Paris, 1919, p. 16, 64, 100, 104. * Gilles Chomer in catalogue de l'exposition Autour de Poussin, Louvre, 1994, p. 104-106, cat. 27-28. * Sylvain Kerspern in catalogue de l'exposition Bossuet, miroir du Grand Siècle, Meaux, Musée Bossuet, 2004, p. 104-105. * Sylvain Laveissière in cat. expo. Jacques Stella, Lyon-Toulouse 2006, notamment p. 184-187 cat.108-109 * Jacques Thuillier, cat. expo. Jacques Stella, Nancy, 2006 , p. 102-105 * Sylvain Kerspern, Lexposition Jacques Stella à Lyon : enjeux et commentaires, La tribune de lart, mise en ligne le 29 décembre 2006. |
Ces tableaux en pendants, restés dans le fond d'atelier, sont légués à un cousin de Lyon, Claude Perrichon, petit fils de Marie de Masso, sœur de Claudine, la mère de Jacques baptisée le 10 septembre 1583. Mariée à Benoist Perrichon, maroquinier de Lyon, Marie avait donné naissance à un enfant prénommé Pierre en 1605, lequel se marie le 11 novembre 1639 avec Marie Mercier d'où naissent Claude (1643-1725) puis Pierre (1645-1721), autre cousin légataire de Claudine Bouzonnet Stella en 1697. Claude fut directeur de la douane de la ville de Lyon. Ni l'un ni l'autre ne peuvent être le Perochon commanditaire de peintures de Dufresnoy (1611-1668) citées par Félibien et Bonnaffé (1884), l'artiste quittant les pinceaux alors qu'ils n'ont guère plus de vingt ans. Enfin, Hyacinthe Rigaud aura portraituré un Perrichon trois fois, la première fois en 1688 avec son épouse, puis seul en 1698 et en 1703 selon son « Livre de raison ». J. Roman, qui publie le document, l'identifie avec le seul Pierre Perrichon apparemment en raison de son rôle d'échevin député pour la ville de Lyon; à moins qu'il n'ignore l'existence de Claude. |
La Libéralité de Titus. Toile, détail. Cambridge, Fogg Art Museum |
La conservation de nos deux tableaux dans le fonds d'atelier suggère qu'ils aient été réalisés au soir de sa vie mais sans certitude ni situation précise. Au demeurant, Jacques Thuillier envisageait une datation bien plus précoce en le cataloguant non loin de la Libéralité de Titus du Fogg Art Museum, la rapprochant notamment par le thème de la danse du Salomon sacrifiant aux idoles. Toutefois, Stella a traité le thème de la danse tout au long de sa vie, de celle d'enfants nus à Florence aux Pastorales, et la confrontation ci-dessus me semble surtout souligner dans notre pendant un sentiment du drapé plus fouillé et une puissance du canon qui tranchent. L'exposition Richelieu à Richelieu et le témoignage de Saint-Aignan évoqué ici sur la contribution de Desruet concourrent à soutenir une situation dans les derniers mois de l'existence du cardinal pour le tableau du Fogg destiné au château du Poitou, en 1641-1642.
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(Ci-contre) Sainte Hélène faisant transporter la Vraie Croix, 1646. Toile, détail. Perdu? |
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Claudine Bouzonnet Stella, Les noces de Cana, 1658. Dessin. 21,6 x 29,5 cm. Paris, ENSBA. |
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La Vierge donnant la bouillie, 1651. Toile. Diam. 71,5 cm. Galerie Éric Coatalem en 2013. |
Le repas champêtre, Pastorale 3. Toile, détail. Coll. part. |
Sans remettre en cause le statut de pendants, Jacques Thuillier (2006) s'est demandé si les deux tableaux ont été menés de front ou entrepris l'un après l'autre, ce que pourrait justifier le contraste entre une image de solennité diurne et ce qui ressemble à une bacchanale nocturne. Bon Boullogne, en les expertisant, fut apparemment plus impressionné par la seconde, la prisant à 300 livres contre 200 pour l'autre. L'inventaire auquel il contribue ne les envisage d'ailleurs pas immédiatement à la suite l'un de l'autre mais, à distance, suggère une association en nommant l'un La folie de Salomon, l'autre La sagesse de Salomon; Claudine, elle, les mentionne en tête de celui de son testament, en n°1 et 2 et sous des titres plus conventionnels. |
En envisageant un rapprochement chronologique non loin de la Libéralité de Titus de Cambridge, Jacques Thuillier se refusait à faire du Jugement de Salomon de Nicolas Poussin, peint en 1649, un tableau de référence pour son ami. Le situer aujourd'hui dans les années 1650 doit-il conduire à le convoquer à nouveau? Certainement pas, car Stella s'inspire ici beaucoup plus d'un ouvrage sur ce sujet peint quinze ou vingt ans plus tôt... par lui-même.
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Nicolas Poussin, Le jugement de Salomon, 1649. Toile. 101 x 150 cm. Louvre |
Jacques Stella, Le jugement de Salomon. Toile. 112 x 161 cm. Vienne, Kunsthistorisches Museum |
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Sylvain Laveissière (2006) mentionne la lettre de Marc Gabolde à Gilles Chomer donnant pour source de certains ornements la Mensa Isiaca du musée de Turin. On la trouve dans l'ouvrage de Herwart, Thesaurus Hieroglyphicum publié à Francfort en 1610, qui figure encore parmi les livres de la succession de sa nièce. La confrontation ci-contre permet de voir que Stella ne s'est vraisemblablement pas contenté de copier un motif mais a combiné deux cartouches, l'un avec un Khonsou (?) couché venant remplacer dans la barque de l'autre l'animal bicéphale et ce qui l'accompagne. Connaissait-il l'association de Khonsou avec la lune, justifiant le globe qu'il porte sur sa tête autant que le croissant apparaissant à la fenêtre au-dessus du fronton triangulaire? |
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Gravure pour J.G. Herwart, Thesaurus Hieroglyphicum..., Francfort, 1610. N. B. of Scotland. En plus clair, les cartouches combinés par Stella pour l'ornement au départ de la voûte au-dessus de l'autel (à droite). |
Jacques Stella, Salomon adorant les idoles. Toile, détail. Lyon, Musée des Beaux-Arts |
Quelle divinité trônant à tête bovine, arc et flèches, est honorée par le vieux Salomon? Le contexte « égyptien » favoriserait l'identification avec Apis quand le texte biblique (1 Rois 11.5-7, 33) évoque Kemosh ou Moloch.
Quoiqu'il en soit, l'intention érudite est manifeste voire démonstrative. Sans écarter une éventuelle commande avortée dans le contexte de la Fronde, source de tant de disgrâces, on peut se demander à nouveau s'il ne s'agit pas de proposer aux Bouzonnet des modèles médités pinceau en main. Les rapprochements faits - y compris ceux avec le Jugement de Salomon - amènent aussi à pointer les différences signifiantes dans les deux cortèges.
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Quel sens donner à cette mise en pendant? L'association n'est pas rare. Un Rombout van Troyen peint les deux sujets en un seul panneau en 1640 (Remiremont, Musée Charles de Bruyères). Donato Creti (1671-1749) reprendra à Bologne pour le cardinal Ruffo la distribution en deux grands tableaux (Clermont-Ferrand, musée d'art Roger-Quillot). La lecture courante fait de la venue de la reine de Saba la reconnaissance de la sagesse du roi, à son apogée, et de la scène d'idôlatrie sa décadence. Gilles Chomer (1994) et surtout Sylvain Laveissière (2006) ont mis en évidence la situation diurne, voire matinale, du premier épisode, nocturne du second, comme écho de leur place dans la vie de Salomon. Pour autant, est-ce que la lecture globale se fait bien selon cet ordre? La lumière, la circulation et certains détails précis pourraient nous aiguiller sur ce point.
S.K., Melun, septembre 2023 |
L'éducation de la Vierge, sanguine |
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Sanguine (et rehauts de blanc?). 32,4 x 25,9 cm. Marque du musée en bas à droite. Poitiers, musée Sainte-Croix.
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Pendant longtemps, la technique graphique de Stella fut principalement connue par ses travaux à la plume et au pinceau, au point que la présence d'une sanguine tenue par Stella dans son portrait de Lyon a pu poser question. D'assez nombreux exemples de crayons, graphite ou sanguine, sont apparu depuis quelque temps, et il revient à Nicolas Milovanovic, selon le site Alienor.org, d'avoir rapproché notre Éducation de la Vierge de Poitiers de l'art du Lyonnais. Je n'ai pas encore vu la feuille, aussi resterai-je prudent; pour autant la technique me semble remarquablement soignée et je crois déceler des rehauts de blanc modulant les drapés dont les descriptions ne disent rien, ce qui irait à l'encontre de l'idée d'une contre-épreuve que l'historien d'art aurait émise. Le rapprochement avec le dessin de la Vierge de Dijon, liée à une peinture de 1647, montre un soin tout à fait comparable, notamment dans le travail de hachures pour le clair-obscur du mur. Stella peut avoir privilégié ce médium dans le cadre de la formation des neveux et nièces, pour l'inversion que permet la contre-épreuve utile pour préparer une gravure.
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La Vierge en adoration, 1647. Sanguine. 34,5 x 20,5 cm. Dijon, Musée des Beaux-Arts |
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Sainte famille aux langes et à la bouillie. Huile sur cuivre. 45 x 35 cm. Toulouse, Musée des Augustins Le Christ et la Samaritaine. Toile. 335 x 224 cm. |
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Pierre Drevet d'après Jean Jouvenet L'éducation de la Vierge. Gravure. 46 x 34 cm. Braunschweig, Herzog A.U. Museum |
S.K., Melun, juin 2023 |
Le Christ au désert sevi par les anges,peinture (Uffizzi) |
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Huile sur toile. 111 x 158 cm. Florence, Offices. Historique : fonds Jacques Stella? puis Bouzonnet Stella légué à son cousin Pierre Perrichon (1645-1721) en 1693-1697 (n°5, ca. 130 x 162,5 cm.). Collection Richard, peintre résident à Lyon, sa vente le 26 janvier 1786, lot 33 (« Jésus-Christ au Jardin des Olives, adoré et servi par des anges. Un beau paysage sert de fond à ce tableau (...). Hauteur 40 pouces, largeur 60. T. »); acquis par Jean-Baptiste-Pierre Lebrun selon le catalogue de la Frick Library, sans doute pour Joseph-Hyacinthe-François-de-Paule de Rigaud, comte de Vaudreuil (1740-1817); mentionné dans son hôtel parisien par Thiery (1787, p. 544; dans la chambre à coucher du côté de la porte d'entrée); sa vente le 26 novembre 1787, lot 33, acquis 600 livres par Le Brun, expert de la vente, selon l'exemplaire de l'Inha (« ... onze figures. ... Hauteur 40 pouces, largeur 58 pouces. T. »). Collection du baron Nicolas-Joseph Marcassus de Puymaurin (1718-1791), sa vente Paris 8 mai 1792, lot 19 (« ... onze figures représentation Jésus-Christ dans le désert, servi par des anges, dont plusieurs portent des guirlandes de fleurs, à gauche du tableau est notre Seigneur, les yeux élevés vers le ciel et assis près d'une table où sont des fruits de différentes espèces : on voit encore à gauche quelques arbres. » 40 x 58 pouces, soit ca. 108 x 157 cm.); acquis par F. Favi pour le duc de Toscane, entré aux musée des Offices le 4 décembre 1793. |
Bibliographie :
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Il est possible de compléter l'historique jusqu'ici connu du tableau des Offices. Il est d'abord légué au cousin Pierre Perrichon, notaire et échevin de Lyon, dont Edmond Bonnafé (1884) nous indique qu'il s'est fait représenté avec sa famille par Jean-Baptiste Santerre en un portrait allégorique des Cinq sens. Nous avons vu, à propos des pendants sur l'histoire de Salomon du musée de Lyon, que Roman (1919) en fait le modèle des trois portraits par Rigaud d'un dénommé Perrichon, pour lesquels on ne peut tout à fait écarter que l'un d'eux ne représente plutôt son frère Claude. La peinture doit rester à Lyon presque tout le siècle avant qu'un peintre de Lyon du nom de Richard ne le propose à la vente à Paris le 26 janvier 1786; malgré une curieuse erreur de titre (« Jésus-Christ au Jardin des Olives »), la description et les dimensions (adoré et servi par des anges. Un beau paysage sert de fond à ce tableau... Hauteur 40 pouces, largeur 60) ne laisse guère place au doute. Il pourrait s'agir de Nicolas-Gervais Richard, peintre figurant sur la Liste des citoyens éligibles aux places municipales de la ville de Lyon publiée à Lyon en 1790. Le tableau est acquis par l'expert et marchand Lebrun, sans doute pour le comte de Vaudreuil, chez qui on le retrouve l'année suivante décrit par Thiéry (1787) dans la chambre à coucher de son hôtel parisien. À la vente de sa collection le 26 novembre 1787, il est à nouveau acquis par Lebrun. C'est dans la vente après décès de la collection du baron de Puymaurin le 8 mai 1792 qu'on le retrouve, et vraisemblablement là que Francesco Favi en fait l'acquisition pour Cosme III, duc de Toscane. Il entre aux Offices en décembre 1793 et, après quelques vicissitudes précisées par Sylvain Laveissière (2006), y demeure encore aujourd'hui. |
La méprise du catalogue de la vente Richard, en 1786, qui y voit un Christ au Jardin des oliviers vient vraisemblablement d'un regard précipité remarquant la coupe apportée par l'un des anges debout et la présence de ronces préludant à la couronne d'épines, au tout premier plan. La corbeille de fruit présenté par l'ange agenouillé, tout aussi symbolique, ne laisse aucun doute sur le fait qu'il s'agisse de l'épisode qui conclut les tentations du Christ dans sa solitude de quarante jours, modèles d'épreuves à surmonter pour le fidèle. Stella pouvait y voir une équivalence avec tant des Repos de la Sainte Famille peuplés d'anges et d'angelots peints jusqu'ici, dont il donne un exemple - peut-être royal - dans le tableau du Prado en 1652 (ci-contre à droite), qui propose des personnages au canon voisin installé dans un paysage d'esprit comparable. De cette même année, Le Christ et la Samaritaine (ci-contre à gauche) montre une palette chromatique proche par l'association du bleu et du rose et une science du drapé, ici dense, là fin sinon transparent, mais toujours fouillé et sculptural, propre à la période.
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(Ci-dessus) Repos de la Sainte Famille, 1652. Toile. 74 x 99 cm. Prado (Ci-contre) |
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Le Christ au désert servi par ls anges. Toile. 84,6 x 115 cm. Portland Art Museum. |
La version de Portland insistait sur sa solitude, voire sa détresse incommunicable aux anges mêmes. Celle des Offices donne à la population angélique la mission de commenter tout à la fois le triomphe sur la tentation et la douloureuse perspective qu'elle ouvre. Elle est à la fois plus didactique et source de réconfort auprès d'une population que Stella a volontiers répandu dans ses ouvrages, au risque d'une réputation de privilégier les sujets enjoués. L'étude approfondie d'un tel tableau, incontestable chef-d'œuvre, montre qu'ils participent d'un sens de la méditation spirituelle très poussé, non sans gravité, sous couvert de conventions subtilement réinventées. Pas plus que Poussin et nombre d'artistes de son temps, l'art de Stella ne se livre au premier regard. S.K., Melun, septembre 2023 |
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Le repos pandant la fuite en Égypte, peinture perdue, et gravure de Claudine Bouzonnet Stella
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Peinture perdue. 2 pieds sur 3, soit ca. 65 x 97,5 cm.
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Bibliographie :
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La gravure de Claudine figure parmi celles falsifiées par Pierre Demasso
pour faire passer l'invention de Stella à Nicolas Poussin. C'est une des raisons pour lesquelles j'ai proposé d'en rapprocher une peinture que la nièce a légué à Guillaume de Masso dans l'étude en ligne sur leur famille publiée en 2021. La toile se trouve peut-être encore en Angleterre...
S.K., Melun, septembre 2023 |
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(Ci-dessus) Le repos de la Sainte famille, 1652. Toile. 74 x 99 cm. Prado. (Ci-contre) |
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L'adoration des bergers, peinture non localisée, dessin préparatoire et gravures de Luigi Fabri (c. 1778-ap.1835) et Marie-Pauline Soyer (1786-1871) |
Peinture non localisée. Toile. 97 x 143 cm (selon G. Chomer 2003).
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La découverte d'un dessin préparatoire à cette composition en 2008 m'a permis d'aborder une première fois alors ce qui est sans doute une œuvre importante des dernières années. Sa publication ne m'a pas permis d'en savoir plus sur le tableau, qui est peut-être toujours dans les mêmes mains. À l'estampe faite par Fabri dans le contexte italien de la collection Lucien Bonaparte, publiée en 1812 avec le volume qui en est édité à Londres, s'ajoute celle de Marie-Pauline Soyer pour l'ouvrage de 1819 de son père Charles-Paul Landon, dans une entreprise éditoriale ayant pour vocation de compléter ses publications sur le Musée du Louvre d'ouvrages consacrés aux grandes collections européennes, toujours dans le désir d'instruction dans les arts.
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Six hommes accroupis. Mine de plomb et lavis gris. 15,8 x 24,3 cm. Ancienne coll. Wolf. |
Détail du dessin préparatoire vendu en 2008 | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
L'arabesque des attitudes s'en trouve plus nettement lisible sans nécessairement, faut-il le dire à nouveau, retrouver l'esprit de Poussin : l'étonnement du miracle fait progressivement place à la tendre et simple adoration, au plus près de l'Enfant. Le parcours en est sans doute plus sensible dans le tableau par le jeu du coloris dans le registre du nocturne. Stella y a toujours été sensible pour ce sujet, que le support minéral l'y incite, comme à Bath, ou pas, comme dans l'Adoration aux anges (1635) de Lyon. Pouvaient s'y mêler ses admirations pour Giulio Romano et Corrège. Ces modèles viendraient ainsi au soutien contre une appréciation des paysans de Stella dans ses Pastorales, cousins de ceux présentés ici, et jugés peu naturels; reproche jamais fait, soit dit en passant, à ceux de Poussin... Quoiqu'il en soit, Jacques donne ici une nouvelle démonstration de sa science des dispositions, à rapprocher de la sarabande de la Folie de Salomon pareillement ponctuée par le jeu de lumière. J'espère que le tableau se manifestera prochainement pour en témoigner, sans doute, au plus haut. S.K., Melun, janvier 2024 |
1. 2. |
Achille à Scyros ou Achille parmi les filles de Lycomèdes, dessins |
1. Sanguine. 15,5 x 20,5 cm. Annoté (par Silguy?) à la plume en bas à gauche Stella. Quimper, Musée des Beaux-Arts, Inv. 873-2-4.
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3. « Atelier Stella »
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3. Plume, encre brune et lavis gris. 9,6 x 14,4 cm. Au verso, La Vierge, l'Enfant, sainte Élisabeth et le petit Saint Jean, fragment de composition (d'après Poussin? Stella?) et diverses annotations. Jadis Londres, coll. A.C.H. Dunlop.
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Une composition montrant Ulysse découvrant Achille parmi les filles de Lycomède par Stella est documentée par la sanguine de Quimper mais aussi un petit croquis étudiant la péripétie avec deux enfants et une autre feuille coupée reprenant le reste de la composition avec quelques variantes, dont il est difficile de dire, aujourd'hui, s'il s'agit bien d'un travail de Jacques ou bien, comme je l'ai avancé en 1989, une copie faite par le neveu dans le cadre de sa très longue formation. La situation dans la chronologie se fera ici à partir du dessin breton, complet, à l'examen aisé et de haute qualité.
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Le jugement de Pâris, 1650 Plume et encre brune, lavis d'indigo.. 19,2 x 26,8 cm. Madrid, B.N. |
Vénus entraînant Cupidon au tir à l'art
Toile. 37 x 46 cm. (en moyenne) Stockholm, Nationalmuseum. |
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Sainte famille, saint Jean et l'agneau, un ange préparant la bouillie, 1651
Toile. 39 x 53,5 cm. Dijon, Musée des Beaux-Arts |
L'adoration des bergers Plume et encre brune, lavis gris. 10,6 x 14,7 cm. Coll. part. |
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Que je sache, aucune composition peinte de ce sujet n'a pu, à ce jour, être rapproché de sa proposition. Les études au lavis introduisent des variantes l'une pour la jeune femme déployant un collier pour la montrer à sa voisine assise au sol tout à droite, l'autre pour les dispositions des enfants. Les recherches m'en semblent plus abouties et efficaces dans la sanguine, en sorte que les autres feuilles doivent documenter une étape précédente. Le rapport avec les Jeux d'enfants me semble instructif à plus d'un titre. |
Les deux enfants forment une innovation dans l'iconographie qui ne montre, d'ordinaire, que des jeunes femmes parmi lesquelles se cache le héros grec. Stella s'appuie sur deux des sujets donnés à son petit livre, dont l'un sans doute déjà gravé par Jean Couvay, montrant le Dada et, dans une composition centrée sur le Jeu des épingles, les Moulinets (ci-contre). Il en reprend même les attitudes, avec une légère adaptation accentuant la tension dansante. La proposition qui les isole auprès d'une des jeunes femmes au sol les orientait apparemment vers le centre de la composition, le coffre. Dans la sanguine, équipés, ils commentent l'objet de la ruse d'Ulysse ayant glissé des armes dans un coffre destiné aux filles du roi Lycomède pour identifier Achille. Au panel féminin, Stella adjoint des éléments enfantins, mais dont l'étude de son petit livre dédié atteste qu'ils s'insèrent dans l'éducation d'un jeune noble. |
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(2) Le dada, Jeux et plaisirs de l'Enfance Dessin détruit, autrefois Metz, Bibliothèque Municipale |
(6) Le jeu des espingles, Jeux et plaisirs de l'Enfance Dessin détruit, autrefois Metz, Bibliothèque Municipale |
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Un rayon de soleil venant de la droite pointe vers le centre et Achille, dont Ulysse, seul autre homme présent, vient de prendre le bras pour l'appeler à rejoindre la guerre contre Troie. Il associe frises, forme pyramidale et arabesque pour la circulation du regard, invinciblement attiré par la révélation de l'instinct guerrier, que ponctue la tension particulière saisissant les incarnations de la ruse et de la vaillance. Au thème de l'élection plaçant l'homme devant un destin potentiellement tragique vient s'ajouter celui de l'innocence par le thème de l'enfance, colorant décidément la vision de l'artiste d'une conscience de la vie particulière, sensible à une Providence favorisée par son appétit vital et, sur ce plan, fondamentalement différente de celle plus tragique de l'ami Poussin. S.K., Melun, janvier 2024 |
La mise au tombeau, dessin |
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Sanguine (?), plume et encre brune et lavis d'encre de Chine verte, grise (?) et brune (?). 10,5 x 39 cm. Rijksmuseum, RP-T-1961-21.
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La feuille du Rijksmuseum est singulière à plus d'un titre. Son format tout en largeur suppose une contrainte de format qui peut renvoyer à une prédelle, opportunité devenue rare mais que l'oratoire d'Anne d'Autriche met pourtant encore en évidence au bénéfice du triomphe de Simon Vouet; à moins qu'il ne s'agisse, comme dans le même lieu, d'un élément de lambris, quoique le caractère jusque là unique dans l'œuvre de Stella le rende moins probable. On imaginerait alors qu'elle soit surmontée soit d'une Résurrection, soit d'une Assomption, d'autant que l'esquisse amstellodamoise met en évidence la Vierge éplorée.
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Le jugement de Pâris, 1650 Plume et encre brune, lavis d'indigo.. 19,2 x 26,8 cm. Madrid, B.N. |
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L'adoration des bergers Plume et encre brune, lavis gris. 10,6 x 14,7 cm. Coll. part. |
Stella met ici en relation le corps dans l'abandon de la mort du Christ et celui défaillant de chagrin de sa mère tout en consacrant à chacun une moitié de la largeur de la feuille. Sur la gauche, Jean s'élance du tombeau au pied duquel se trouve une des Marie pour venir soutenir celle que Jésus, sur la croix, a désigné comme sa mère spirituelle, que soutient une troisième femme éplorée, s'essuyant des larmes. Un examen plus géométrique oblige à constater que l'oblique du corps pâmé de la Vierge répond non au corps de son fils mais à la pierre qui va venir fermer le tombeau - mais dont la Résurrection va triompher. Si entre les deux, l'agitation souligne la tragédie du moment, cette mise en correspondance, pour autant qu'elle soit effectivement associée avec un sujet triomphal dans un retable, ouvre une lecture plus confiante, propre à une méditation chrétienne aboutie. En l'absence du dispositif complet, il faut évidemment rester prudent mais il ne serait pas étonnant que Stella ait ainsi délivré semblable message d'espoir par un discours expressif associé à une mise en scène savante des symboles. S.K., Melun, janvier 2024 |
Nativité, trois figures (en nocturne), peinture |
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Huile sur bois. 28 x 33,5 cm. |
Ce panneau, par sa sobriété « à l'antique », son coloris, se place dans les dernières années de l'artiste. L'attitude noble, le canon étiré de la Vierge peut être rapproché du marbre noir de Dieppe. Celle naturelle de Joseph comme le détail vestimentaire trouve des correspondances dans le « dessin de genre » montrant plusieurs hommes accroupis, absorbés dans une occupation qui nous est cachée mais qui doit être ludique (ci-contre).
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Six hommes accroupis. Mine de plomb et lavis gris. 15,8 x 24,3 cm. Ancienne coll. Wolf. |
La Vierge adorant l'Enfant Huile sur marbre noir. 49 x 37,5 cm. Dieppe, château-musée |
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L'adoration des anges, 1635 Toile 142 x 199 cm. Lyon, Musée des Beaux-Arts |
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L'adoration des bergers Plume et encre brune, lavis gris. 10,6 x 14,7 cm. Coll. part. |
La nativité, 1639 Huile sur cuivre. 65,4 x 80,6 cm. Barnard Castle, The Bowes Museum (U.K.) |
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L'adoration des bergers, 1631 Plume et encre brune, lavis brun, rehauts blancs. 28,5 x 18 cm. Louvre |
Dans la composition passée par la collection Bonaparte, l'effet de clair-obscur vient accentuer la diversité des réactions, soulignant ainsi l'expression des Passions, depuis la surprise jusque à l'humble adoration, et la reconnaissance de l'Enfant de la part d'une frange tout aussi humble de la population. Dans notre peinture, la lumière se fait l'intime lien qui réunit la Sainte Famille, laissant percevoir les animaux de la crèche, en particulier le bœuf réchauffant de son souffle l'Enfant dénudé. Simplicité et noblesse, naturalisme et drapé savant se combinent pour une évocation aussi directe que mesurée de l'acceptation de Marie et l'adoration de Joseph devant le geste de bénédiction, signe de la pleine conscience, déjà, de sa mission, quoiqu'il puisse lui en coûter. Une grande puissance se dégage ainsi d'un panneau au format pourtant modeste, propre à une peinture de dévotion, au coloris d'un grand raffinement, en particulier dans l'association des couleurs secondaires pour le père adoptif, violet, vert, et primaire pour la mère, rouge et bleu, symboles des degrés de compréhension subtilement révélés par la lumière, outil primordial du peintre. S.K., Melun, janvier 2024 |
Catalogue Jacques Stella : Ensemble ; Dernières grandes commandes, mosaïque - Table Stella - Table générale |
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